en Ukraine, après plus de deux ans de guerre, les alertes aériennes font partie du quotidien

Après plus de deux ans de guerre, les Ukrainiens ont appris à vivre au rythme des alertes aériennes. Au point, parfois, de ne plus fréquenter les refuges.

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Des habitants de Kiev se réfugient dans les couloirs du métro lors d'une alerte aérienne, le 25 mars 2024. (SERGEI SUPINSKY / AFP)

Dans le nord de l’Ukraine, les troupes russes revendiquent la prise de nouvelles localités dans la région de Kharkiv. A la frontière, les bombardements sont incessants. L’Ukraine a annoncé le retrait de ses forces dans certaines zones tandis qu’à Kiev, la capitale, la vie continue comme elle le fait, mais toujours au rythme des alertes aériennes. Des alertes qui font désormais tellement partie du quotidien que les citadins ne se rendent pas toujours dans les refuges.

En plein centre de Kiev, la station de métro Arsenalna est parmi les plus profondes du monde, à 105 mètres sous terre. A 13h05, la sirène retentit. En Gilets jaunes, une dizaine d’enfants d’une école située à cinq minutes de là sont assis sur des nattes avec Anastasia, leur guide. « Lorsque nous courons vers le refuge, chaque enfant peut nous demander ce qui nous attend ou si nous y parviendrons assez vite.confie-t-elle. Cela reste donc difficile, mais nous sommes forts. Et nos enfants doivent aussi tenir le coup. Il n’y a pas d’autre solution. »

Anna, debout dans un coin avec sa fille de 10 ans, est originaire de la région de Khmelnytskyi, plus à l’ouest. Elle vit à côté d’un aérodrome militaire visé par les drones Shahed et les missiles Kindjal. Elle y est habituée, dit-elle : « Quand nous venions ici, je me suis dit : en cas d’alarme, nous irons directement au métro. C’est une grande ville, il peut y avoir des chutes de débris. A Kiev, cela reste beaucoup plus risqué que chez nous. » Mais chez elle, la nuit, elle ne prend plus la peine de descendre au refuge. « Comme beaucoup d’Ukrainiens, nous n’allons plus nulle part, dit-elle. Et elle ajoute : « Nos hommes de la défense aérienne nous protègent. Nous les aimons et leur faisons confiance. »

Anna et sa fille, dans le métro de Kiev (Ukraine), mai 2024. (VIRGINIE PIRONON / RADIO FRANCE)

Crâne rasé, Roman, 26 ans, est militaire dans la Garde nationale. S’il attend patiemment dans le métro, ce n’est pas qu’il ait voulu se mettre à l’abri, c’est que la circulation sur sa ligne, en partie aérienne, est suspendue pendant toute la durée de l’alerte. : « On ne descend plus dans les refuges, même quand on entend des explosions et des tirs de roquettes, car le refuge le plus proche de chez moi est assez loin, il explique. A bien y réfléchir, il est plus dangereux d’y aller que de rester chez soi. Alors je m’assois à l’intérieur, et s’il le faut, on se réfugie dans le couloir.

13h45, fin de l’alerte. Cela n’a duré qu’une quarantaine de minutes. En un instant, tout le monde disparaît, impatient de reprendre sa journée.

Les Ukrainiens presque habitués aux alertes aériennes : reportage de Virginie Pironon