Dans la deuxième ville d’Ukraine, les bombardements russes se poursuivent sans relâche. À Saltivka, le quartier le plus visé de Kharkiv, ceux qui y sont restés luttent pour échapper à l’horreur.
Publié
Temps de lecture : 2 minutes
En Ukraine, Kharkiv reste particulièrement ciblée par les bombardements russes. Au point que son maire, Ihor Terekhov, estime que la ville pourrait devenir une “deuxième Alep”, en référence aux destructions subies par la ville syrienne lors de la guerre contreEÉtat islamique. Depuis un mois, Moscou a décidé de cibler systématiquement les infrastructures civiles et énergétiques ukrainiennes, pour asphyxier à petit feu le pays. Dans les quartiers les plus détruits de la deuxième ville d’Ukraine, y rester ce printemps devient un défi quotidien. Franceinfo s’est rendu à Saltivka, un quartier martyr de Kharkiv.
L’écart est saisissant entre le petit barbecue qu’Oleh prépare au bord de l’étang et, derrière lui, l’immeuble de huit étages complètement détruit, touché par un missile russe il y a trois mois. La façade s’est effondrée : au premier étage on peut voir les restes d’une cuisine, et au deuxième les livres encore stockés dans la bibliothèque. Oleh habite juste de l’autre côté de la rue. Il a 21 ans et a l’air infiniment triste : “J’ai vécu dans ce quartier toute ma vie. Et maintenant que tout a disparu, cela me donne le sentiment d’un grand vide. Certains de mes amis sont au front, d’autres sont partis vivre ailleurs et d’autres encore sont morts.”
“Tout est vide”
Ce soir, Oleh rassemble ceux qui restent pour une petite fête, sans vraiment y croire : “Chaque nuit, ici, on vous rappelle que l’agresseur est à 30 kilomètres de chez vous, et qu’il veut vous tuer. Alors au quotidien, la mort vous poursuit. Vous essayez de vous débarrasser de lui ! Mais vous n’y parvenez pas. ‘je ne peux pas le faire.’
Saltivka est le quartier résidentiel de Kharkiv le plus proche de la Russie, et aussi le plus ciblé. Il y en avait 400 000 habitants avant la guerre mais aujourd’hui nous les recherchons. Sergueï aussi, avec sa fille de 6 ans, seul dans le bac à sable : “Tous les jours, il y a des bombardements. Il n’y a pas d’enfants ici… Vous voyez, tout est vide ! C’est difficile quand on se réveille le matin et qu’on voit tous ces bâtiments détruits autour de soi. C’est vraiment lourd.”
Ceux qui restent n’ont souvent pas le choix. Alina et Volodymyr ont acheté au 16ème et dernier étage, dans un autre immeuble. Leur petit garçon Vitaly, bien blond, n’a pas encore 3 ans. “Il n’y a pas d’électricité donc pas d’ascenseur. Le petit monte tout seul les escaliers jusqu’au 10ème étage… C’est trop difficile à porter.” Etre responsable d’un enfant, dans ces conditions, “c’est la partie la plus difficile”, ajoutent les deux parents. Mais Alina ne veut pas se soumettre : “On a déjà assez enduré des choses comme ça ici, pour renoncer à nos envies ! Alors… On vit notre vie.” Et si un deuxième enfant arrive, “c’est comme ça”sourit Alina.
Le reportage à Kharkiv d’Agathe Mahuet, Jérémy Tuil et Yashar Fazylov
Dans la deuxième ville d’Ukraine, les bombardements russes se poursuivent sans relâche. À Saltivka, le quartier le plus visé de Kharkiv, ceux qui y sont restés luttent pour échapper à l’horreur.
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En Ukraine, Kharkiv reste particulièrement ciblée par les bombardements russes. Au point que son maire, Ihor Terekhov, estime que la ville pourrait devenir une “deuxième Alep”, en référence aux destructions subies par la ville syrienne lors de la guerre contreEÉtat islamique. Depuis un mois, Moscou a décidé de cibler systématiquement les infrastructures civiles et énergétiques ukrainiennes, pour asphyxier à petit feu le pays. Dans les quartiers les plus détruits de la deuxième ville d’Ukraine, y rester ce printemps devient un défi quotidien. Franceinfo s’est rendu à Saltivka, un quartier martyr de Kharkiv.
L’écart est saisissant entre le petit barbecue qu’Oleh prépare au bord de l’étang et, derrière lui, l’immeuble de huit étages complètement détruit, touché par un missile russe il y a trois mois. La façade s’est effondrée : au premier étage on peut voir les restes d’une cuisine, et au deuxième les livres encore stockés dans la bibliothèque. Oleh habite juste de l’autre côté de la rue. Il a 21 ans et a l’air infiniment triste : “J’ai vécu dans ce quartier toute ma vie. Et maintenant que tout a disparu, cela me donne le sentiment d’un grand vide. Certains de mes amis sont au front, d’autres sont partis vivre ailleurs et d’autres encore sont morts.”
“Tout est vide”
Ce soir, Oleh rassemble ceux qui restent pour une petite fête, sans vraiment y croire : “Chaque nuit, ici, on vous rappelle que l’agresseur est à 30 kilomètres de chez vous, et qu’il veut vous tuer. Alors au quotidien, la mort vous poursuit. Vous essayez de vous débarrasser de lui ! Mais vous n’y parvenez pas. ‘je ne peux pas le faire.’
Saltivka est le quartier résidentiel de Kharkiv le plus proche de la Russie, et aussi le plus ciblé. Il y en avait 400 000 habitants avant la guerre mais aujourd’hui nous les recherchons. Sergueï aussi, avec sa fille de 6 ans, seul dans le bac à sable : “Tous les jours, il y a des bombardements. Il n’y a pas d’enfants ici… Vous voyez, tout est vide ! C’est difficile quand on se réveille le matin et qu’on voit tous ces bâtiments détruits autour de soi. C’est vraiment lourd.”
Ceux qui restent n’ont souvent pas le choix. Alina et Volodymyr ont acheté au 16ème et dernier étage, dans un autre immeuble. Leur petit garçon Vitaly, bien blond, n’a pas encore 3 ans. “Il n’y a pas d’électricité donc pas d’ascenseur. Le petit monte tout seul les escaliers jusqu’au 10ème étage… C’est trop difficile à porter.” Etre responsable d’un enfant, dans ces conditions, “c’est la partie la plus difficile”, ajoutent les deux parents. Mais Alina ne veut pas se soumettre : “On a déjà assez enduré des choses comme ça ici, pour renoncer à nos envies ! Alors… On vit notre vie.” Et si un deuxième enfant arrive, “c’est comme ça”sourit Alina.
Le reportage à Kharkiv d’Agathe Mahuet, Jérémy Tuil et Yashar Fazylov