Entretien avec Dominique Ollivier | « Je n’ai pas volé, je n’ai pas fraudé »

« La chose dont je suis le plus fier dans ma vie, c’est mon passage à l’OCPM. » Au centre d’une polémique entourant ses dépenses à l’époque où elle dirigeait l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), Dominique Ollivier soutient qu’elle a toujours agi dans « le meilleur intérêt de Montréal » et déplore que sa version de les événements ont été ignorés.
«Quelqu’un m’aurait dit qu’un jour on remettrait en question (mon passage à l’OCPM), j’aurais dit non, ce n’est pas possible», a immédiatement déclaré Dominique Ollivier en entrevue dimanche. avec La presse.
Elle persiste et signe : « Je n’ai pas volé, je n’ai pas fraudé, je n’ai pas détourné d’argent. J’ai travaillé dans le cadre et respecté les normes. »
Dominique Ollivier a été vivement critiquée ces dernières semaines pour sa gestion financière lorsqu’elle était présidente de l’OCPM. Ses frais de déplacement et de restauration, dont un dîner d’huîtres de 347 $ pour deux personnes dans un restaurant parisien, ont été révélés par le média Québecor.
Elle déplore que « personne ne lui ait jamais demandé » sa version des faits. «J’ai été jugé. Juste ou injuste, ce n’est pas à moi de le dire. Mais je trouve que j’ai été jugée sans me donner la possibilité de présenter ma défense », dit-elle. Elle précise qu’elle a fait une entrevue de 45 minutes avec des journalistes de Quebecor, mais que seulement « trois extraits de quelques secondes » ont été conservés dans le reportage. «Je l’ai trouvé fragmentaire», dit-elle.
Dans une lettre ouverte publiée dimanche dans La presse, elle dénonce que le « tribunal de l’opinion publique » s’est emporté sans avoir vérifié les informations et les sources. « J’espère juste que les gens seront disposés à entendre mon point de vue », a-t-elle déclaré.
Le contexte a changé
Avec le recul, elle ne regrette pas les différents déplacements effectués dans le cadre de son mandat. « Je pense que chaque voyage était nécessaire », dit-elle. Elle avoue cependant qu’elle aurait évité certains restaurants, dont le dîner aux huîtres, qu’elle affirme avoir remboursé mercredi dernier. «Je ne l’aurais certainement pas refait. Je regrette profondément que cela ait choqué les gens, même si je l’ai fait de bonne foi », a-t-elle déclaré.
À la fin de son mandat, la fréquence des sorties au restaurant avait diminué avec l’arrivée de la pandémie, soutient-elle. « Nous avons commencé à travailler de plus en plus à distance. Nous n’avions plus autant besoin de nous voir en personne. Mais on oublie que de 2014 à 2019, ces choses n’existaient pas », dit-elle.
Elle admet toutefois que pour l’avenir, les règles et orientations entourant les dépenses de l’OCPM « doivent être modernisées ».
« Excessivement raciste et méchant »
Dominique Ollivier dénonce également les propos tenus à son sujet par l’ancien maire de Montréal Denis Coderre. « Il a dit : nous allons au Mozambique pour faire des safaris et non pour obtenir des informations sur la consultation publique. Cela, pour moi, est inacceptable. Elle juge le commentaire « excessivement raciste et méchant ».
« Tout d’abord, il ne sait rien de ce qui se passe au Mozambique. Cela veut dire qu’à mon avis, il ne peut pas décréter des choses pareilles. Puis dans un deuxième temps, nous sommes allés au Mozambique pour recevoir la présidence d’une association qu’il avait lui-même sollicitée », raconte-t-elle. Denis Coderre souhaitait que Montréal préside la 17e Conférence de l’Observatoire international de la démocratie participative en 2017. Le voyage au Mozambique a permis à l’OCPM de recevoir, au nom de Denis Coderre, la présidence de cette association internationale qu’il convoitait, explique M.moi Olivier.
L’ex-maire a, pour sa part, déposé une plainte à la Commission municipale du Québec pour enquêter sur la gestion des dépenses de Dominique Ollivier lors de son mandat à l’OCPM, rapportait TVA Nouvelles la semaine dernière.
« J’étais sans voix »
Dominique Ollivier déplore également avoir été jugée par l’actuelle présidente de l’OCPM, Isabelle Beaulieu, sans preuve à l’appui.
« J’étais sans voix. Durant mes sept années là-bas, j’ai dirigé une équipe extrêmement dévouée qui travaillait de jour, de soir et de week-end. Ils étaient toujours prêts à venir s’entraider et à s’entraider. Nous avions mis en place une structure trop soudée. »
Lors d’une comparution municipale vendredi, Isabelle Beaulieu a plutôt affirmé avoir hérité d’une organisation mal gérée, sans cadre clair, sans code d’éthique, où des employés se livraient à du « vol de temps ».
La mairesse Valérie Plante demandera lundi au conseil municipal de mettre l’OCPM sous tutelle et de destituer Isabelle Beaulieu. Le financement de l’organisation sera également gelé jusqu’à nouvel ordre, en raison de la crise de confiance actuelle envers ses dirigeants.
Avec Isabelle Ducas et Philippe Teisceira-Lessard, La presse
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