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Les géants de l’eau minérale pensaient que leurs petits secrets étaient bien gardés… Mais fin 2020, un employé de Saint-Yorre, en Auvergne, a jeté une pierre dans la mare, éclaboussant toute la filière. Cet extrait de « l’Envoyé spécial » remonte à la source d’un scandale qui ne cesse de faire grand bruit.
Pour que l’eau soit classée comme eau minérale, elle doit avoir une composition chimique constante, ne pas être trop filtrée, traitée ou désinfectée, et elle doit être mise en bouteille pure. Plusieurs géants de l’eau ont cependant dévié de ces principes très stricts, estimant que leurs petits secrets étaient bien gardés… Cela signifiait compter sans lanceur d’alerte dont le témoignage est reproduit dans cet extrait de “Envoyé spécial”.
Ce technicien du centre de filtration de Saint-Yorre, en Auvergne, dit avoir constaté des pratiques douteuses, dès son arrivée, en 2015, jusqu’en 2020. Peu de personnes en étaient informées, selon lui : “Le sujet était très tabou dans l’entreprise.”
“Nous avons injecté du sulfate de fer. Il y avait aussi des filtres à charbon pour éliminer tout résidu d’hydrocarbure et purifier l’eau de manière illégale. C’était une chose bien cachée et top secrète.”
Un technicien du centre de filtration de Saint-Yorre,cité dans « Envoyé spécial »
Il affirme avoir été témoin, depuis cinq ans, d’un système qui, selon lui, s’apparente à une tromperie organisée. Les injections de sulfate de fer n’auraient cessé, dit-il, que s’il y avait eu un contrôle de l’Agence régionale de santé (ARS). Il aurait alors, toujours selon ses dires, reçu un appel (voix, précise-t-il, pas de mail dont on aurait pu tracer) et on lui aurait dit “Débranchez le tuyau, nous allons être contrôlés.”
“Tout est tromperie, de A à Z. Ils trompent jusqu’au bout. De toute façon, leur slogan était ‘L’argent, l’argent, l’argent’. Ce que je veux vraiment, c’est qu’ils soient jugés et condamnés pour leurs pratiques, qu’ils répondent devant les tribunaux.”
Le groupe Alma, propriétaire de la marque Saint-Yorre, affirme de son côté qu’aucune des eaux embouteillées par Source Alma n’est concernée par des problèmes de contamination bactériologique.
Les révélations de ce technicien déclenchent une vaste enquête de la Répression des Fraudes dans toutes les entreprises du secteur. En juillet 2022, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) est publié. remis dans le plus grand secret au gouvernement. Mais l’affaire a été révélée sur le site d’enquête Médiacités en novembre de la même année. C’est une bombe… On découvre qu’au moins 30 % des marques d’eau font l’objet de traitements non conformes à la réglementation – un chiffre probablement sous-estimé, précise le rapport.
Un groupe est particulièrement pointé du doigt : Nestlé Waters. Le leader mondial de l’eau en bouteille a utilisé “des traitements non conformes. Une utilisation de charbon actif et d’ultraviolets qui est absolument interdite, et ne laisse place à aucune interprétation”, selon les termes du rapport. Décidément, certains fabricants ont fait croire que leur eau était naturellement pure, alors même qu’elle était traitée pour être désinfectée…
Extrait de « L’eau minérale en eaux troubles », une enquête à voirans « Envoyé spécial » le 26 septembre 2024.
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