« Equinor a détrôné Gazprom et s’est imposé comme le fournisseur stratégique du Vieux Continent »

toiUn géant norvégien a discrètement remplacé un colosse russe sur le marché gazier européen. Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, Equinor détrône Gazprom et s’impose comme le fournisseur stratégique du Vieux Continent. Sa sécurité énergétique est ainsi moins menacée par les aléas géopolitiques. Il reste toutefois dépendant de l’entreprise de Stavanger et d’autres producteurs locaux pour 30 % de ses besoins, soit un peu moins que les 35 % du groupe public russe. Cela montre leur importance, notamment pour l’Allemagne qui a remercié Oslo de s’être mobilisée pour remplacer Gazprom en quelques mois.

Le ministre norvégien de l’Energie, Terje Aasland, répète que son pays sera « un fournisseur stable et pérenne » pour les décennies à venir. Il n’y a aucune raison d’en douter. Et le risque que la Norvège envahisse son voisin suédois n’est pas grand. Mais une fuite dans l’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) d’Equinor, à Hammerfest, le 23 avril, a suffi pour que sa fermeture provoque une flambée des prix spot.

Un phénomène déjà observé un an plus tôt, lors de longues opérations de maintenance, dans la plus grande usine de GNL européenne, située au-dessus du cercle polaire. Si un acteur dominant est en difficulté, les marchés ont la fâcheuse tendance à réagir de manière excessive.

Les recettes gazières du pays ont atteint 120 milliards d’euros en 2022 et 55 milliards en 2023, alimentant le très riche fonds souverain destiné aux générations futures, déjà rempli de pétrodollars. Cela lui vaut l’accusation de « profiter de la guerre » et de prendre des libertés avec ses engagements environnementaux, en augmentant sa production d’énergie fossile.

L’aventurisme de Poutine

La Norvège a bénéficié d’une situation d’urgence, de sa proximité avec les Vingt-Sept et de sa position antérieure de deuxième fournisseur de l’Union européenne. Le ballet des dirigeants allemands et de la Commission, qui à Oslo, qui à Stavanger, qui sur le gisement géant de Troll, atteste du rôle crucial du petit royaume scandinave.

Cela ne durera sans doute pas, même si cette source d’approvisionnement reste importante. La production de nouveaux trains de liquéfaction de gaz, aux Etats-Unis et au Qatar notamment, arrivera sur le marché d’ici deux ans et devrait donner aux Européens une plus grande marge de manœuvre pour négocier de meilleurs prix. En attendant, Equinor met tout en œuvre pour continuer à jouer un rôle clé de fournisseur fiable. Précisément celui endossé par Gazprom, depuis les années 1970 jusqu’au conflit russo-ukrainien.

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