Le « nationalisme chrétien » semble soudain omniprésent. Dans la presse, les articles se multiplient sur un groupe de réflexion conservateur en plein essor, le Center for Renewing America, fondé par l’ancien directeur du budget de Trump, et s’inquiètent de ses liens avec le mouvement nationaliste chrétien. Le documentaire Dieu et pays (sorti sur les écrans américains en 2024) se demande si une nouvelle vague de croyants n’emportera pas avec elle la démocratie aux Etats-Unis. Et Donald Trump, le candidat républicain à la présidentielle, affirme de plus en plus souvent qu’il a été choisi par Dieu et que lui seul peut sauver l’Amérique de Satan.
En février, trois convois qui se présentaient comme “l’armée de Dieu” ont convergé vers la frontière entre les États-Unis et le Mexique pour dénoncer le risque d’inondations que, selon eux, les migrants font peser sur le pays. Sur des scènes mobiles décorées de drapeaux et banderoles pro-Trump, les membres du convoi ont prié et fait du prosélytisme. Dans les parkings, au milieu des véhicules et caravanes, ils improvisaient des baptêmes dans des baignoires en acier ressemblant à des abreuvoirs pour le bétail.
« Personne ne touchera à la croix du Christ »
Trump, de son côté, renforce son imagerie spirituelle. Fin février, il a déclaré lors d’un congrès de télévangélistes qu’il “a pris des balles” pour les chrétiens. “Ils veulent démonter les croix autant que possible, dit-il à propos de ses adversaires. Mais personne ne touchera à la croix du Christ avec Trump au pouvoir, je le jure. »
Le concept de nationalisme chrétien – la conviction qu’un gouvernement laïc devrait favoriser, voire être remplacé par le christianisme – existait bien avant l’arrivée au pouvoir de Trump. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que l’ancien président se réclame de ce mouvement et recourt de plus en plus à un discours nationaliste chrétien.
La ferveur pour l’idéologie nationaliste chrétienne a donné naissance à un véritable mouvement politique, analysent les spécialistes de la religion et de l’extrémisme. Si les idées du nationalisme chrétien les ont longtemps inquiétés, ils comparent désormais ce mouvement à une armée dont Trump serait le général. Et ils craignent les actions que pourraient être poussés à prendre les partisans les plus fondamentalistes de ce mouvement si Donald Trump gagnait – ou perdait – l’élection présidentielle du 5 novembre.
Du folklore à la menace
La violente insurrection du Capitole du 6 janvier 2021 a été, selon ces spécialistes, saturée de discours et de symboles du nationalisme chrétien. Et contrairement à certains groupuscules, comme les Oath Keepers ou les Proud Boys, qui ont joué un rôle central dans cette insurrection et dont les dirigeants ont été condamnés par la justice, cette frange intégriste n’a fait que grossir ces trois dernières années.
“On ne peut plus se contenter d’en rire ou de les considérer comme une forme de folklore”, souligne Bradley Onishi, spécialiste des religions au Skidmore College, dans l’État de New York.
« Je pense que nous devrions être très inquiets. L’histoire nous a montré que ces gens sont prêts à agir.
Le nationalisme chrétien fait partie depuis longtemps du corps politique des États-Unis, rappelle Andrew Whitehead, professeur de sociologie à l’université d’Indiana. Les partisans de cette idéologie croient, dans l’ensemble, aux préceptes orthodoxes et théologiques du christianisme, poursuit-il. Beaucoup sont favorables à un brouillage des frontières entre l’Église et l’État, qui peuvent aller de l’idée selon laquelle la religion devrait jouer un rôle plus important dans le gouvernement à la conviction que le président est littéralement un messie envoyé par Dieu.
Concrètement, et notamment dans sa forme la plus moderne, le nationalisme chrétien est associé à d’autres croyances et valeurs, précise Andrew Whitehead : généralement, il s’accompagne d’une vision d’une Amérique chrétienne, blanche, hétérosexuelle et cisgenre.
« Les adeptes du nationalisme chrétien ont tendance à dire :
Le « nationalisme chrétien » semble soudain omniprésent. Dans la presse, les articles se multiplient sur un groupe de réflexion conservateur en plein essor, le Center for Renewing America, fondé par l’ancien directeur du budget de Trump, et s’inquiètent de ses liens avec le mouvement nationaliste chrétien. Le documentaire Dieu et pays (sorti sur les écrans américains en 2024) se demande si une nouvelle vague de croyants n’emportera pas avec elle la démocratie aux Etats-Unis. Et Donald Trump, le candidat républicain à la présidentielle, affirme de plus en plus souvent qu’il a été choisi par Dieu et que lui seul peut sauver l’Amérique de Satan.
En février, trois convois qui se présentaient comme “l’armée de Dieu” ont convergé vers la frontière entre les États-Unis et le Mexique pour dénoncer le risque d’inondations que, selon eux, les migrants font peser sur le pays. Sur des scènes mobiles décorées de drapeaux et banderoles pro-Trump, les membres du convoi ont prié et fait du prosélytisme. Dans les parkings, au milieu des véhicules et caravanes, ils improvisaient des baptêmes dans des baignoires en acier ressemblant à des abreuvoirs pour le bétail.
« Personne ne touchera à la croix du Christ »
Trump, de son côté, renforce son imagerie spirituelle. Fin février, il a déclaré lors d’un congrès de télévangélistes qu’il “a pris des balles” pour les chrétiens. “Ils veulent démonter les croix autant que possible, dit-il à propos de ses adversaires. Mais personne ne touchera à la croix du Christ avec Trump au pouvoir, je le jure. »
Le concept de nationalisme chrétien – la conviction qu’un gouvernement laïc devrait favoriser, voire être remplacé par le christianisme – existait bien avant l’arrivée au pouvoir de Trump. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que l’ancien président se réclame de ce mouvement et recourt de plus en plus à un discours nationaliste chrétien.
La ferveur pour l’idéologie nationaliste chrétienne a donné naissance à un véritable mouvement politique, analysent les spécialistes de la religion et de l’extrémisme. Si les idées du nationalisme chrétien les ont longtemps inquiétés, ils comparent désormais ce mouvement à une armée dont Trump serait le général. Et ils craignent les actions que pourraient être poussés à prendre les partisans les plus fondamentalistes de ce mouvement si Donald Trump gagnait – ou perdait – l’élection présidentielle du 5 novembre.
Du folklore à la menace
La violente insurrection du Capitole du 6 janvier 2021 a été, selon ces spécialistes, saturée de discours et de symboles du nationalisme chrétien. Et contrairement à certains groupuscules, comme les Oath Keepers ou les Proud Boys, qui ont joué un rôle central dans cette insurrection et dont les dirigeants ont été condamnés par la justice, cette frange intégriste n’a fait que grossir ces trois dernières années.
“On ne peut plus se contenter d’en rire ou de les considérer comme une forme de folklore”, souligne Bradley Onishi, spécialiste des religions au Skidmore College, dans l’État de New York.
« Je pense que nous devrions être très inquiets. L’histoire nous a montré que ces gens sont prêts à agir.
Le nationalisme chrétien fait partie depuis longtemps du corps politique des États-Unis, rappelle Andrew Whitehead, professeur de sociologie à l’université d’Indiana. Les partisans de cette idéologie croient, dans l’ensemble, aux préceptes orthodoxes et théologiques du christianisme, poursuit-il. Beaucoup sont favorables à un brouillage des frontières entre l’Église et l’État, qui peuvent aller de l’idée selon laquelle la religion devrait jouer un rôle plus important dans le gouvernement à la conviction que le président est littéralement un messie envoyé par Dieu.
Concrètement, et notamment dans sa forme la plus moderne, le nationalisme chrétien est associé à d’autres croyances et valeurs, précise Andrew Whitehead : généralement, il s’accompagne d’une vision d’une Amérique chrétienne, blanche, hétérosexuelle et cisgenre.
« Les adeptes du nationalisme chrétien ont tendance à dire :