euthanasie, suicide assisté, sédation… quelles différences ?

Un texte qui pourrait marquer une date historique dans l’évolution du droit français. Depuis lundi 13 mai, le projet de loi sur la fin de vie porté par le gouvernement de Gabriel Attal est examiné en commission à l’Assemblée nationale. Pendant deux semaines, les députés examineront les différentes dispositions, avant le passage du texte en séance publique à partir du 27 mai.

Parmi les mesures phares du texte, la plus sensible est peut-être, selon BFM TV, celle qui « instaure la possibilité pour certains patients de demander à un médecin d’être aidé à se suicider, via une substance mortelle qu’ils s’administreraient eux-mêmes », ou qu’un tiers pourrait leur administrer s’ils ne peuvent pas le faire. « Avec ce texte, nous regardons la mort en face », annonçait Emmanuel Macron dans un entretien à La Croix et Libération en mars.

Les conditions de recours aux procédures de fin de vie seront strictes : être majeur, français ou résident français, être atteint d’une maladie grave et incurable de pronostic vital engagé, présenter « des souffrances physiques ou psychiques réfractaires ou insupportables liées à cette maladie ». » et, enfin, « pouvoir exprimer sa volonté de manière libre et informée » (ce qui exclut les patients atteints d’Alzheimer par exemple).

Mais que prévoit la loi pour « aider » le patient à mourir ? Quelles sont les différences entre l’euthanasie et le suicide assisté ?

Le texte est très précis sur sa définition de « l’aide à mourir » – c’est le terme choisi par Emmanuel Macron, qui refuse de parler d’« euthanasie » ou de « suicide assisté ». Il s’agirait de « l’administration d’une substance mortelle, effectuée par la personne elle-même ou, lorsque la personne n’en est pas physiquement capable, par un médecin, un infirmier ou un bénévole. qu’il désigne”.

Autrement dit, même si le mot n’est pas prononcé : suicide assisté, dans des conditions encadrées. Après avoir consulté d’autres soignants, un médecin décidera dans un délai de deux semaines si une « aide à mourir » sera accordée ou non au patient. La démarche sera prise en charge par l’Assurance Maladie.

Pour s’y retrouver, il faut différencier les deux processus.

  • Euthanasie est « l’acte visant à mettre délibérément fin à la vie d’une personne atteinte d’une maladie grave et incurable, à sa demande, afin de mettre fin à une situation qu’elle estime insupportable », selon la définition du CCNE (Comité National Consultatif d’Éthique). Il se caractérise donc par l’intervention d’un tiers, souvent du personnel médical qui administre une substance mortelle par voie orale ou intraveineuse.

“En moins d’une minute, le patient s’endort sans aucune souffrance, et la mort survient deux à trois minutes plus tard”, explique le médecin bruxellois Yves De Locht au Parisien. Avec les Pays-Bas, la Belgique a été le premier pays à autoriser l’euthanasie en 2002. Depuis, ils ont été rejoints par la Colombie, le Luxembourg, le Canada, l’Australie, l’Espagne et le Portugal. Pour le moment, l’euthanasie est interdit En France.

  • À le suicide assisté, la principale différence réside dans la personne qui administre la substance mortelle : c’est le patient malade, qui se transmet lui-même la dose par voie orale ou intraveineuse, et non plus un médecin. Le médecin prescrit la substance à l’avance. Lors de l’intervention, des soignants doivent être présents pour intervenir en cas de difficulté.

“Quand le patient choisit la voie orale, il peut y avoir des complications, des régurgitations ou autres, cela passe par le tube digestif et dure 4 ou 5 minutes”, explique Yves De Locht. « C’est plus rare, on pratique beaucoup plus les perfusions IV en Belgique.

La Belgique autorise donc également le suicide assisté, comme plusieurs Etats américains, certains pays d’Amérique latine comme l’Equateur et plusieurs pays européens, notamment la Suisse et l’Italie (qui a connu son premier cas il y a quatre mois) sous certaines conditions. En revanche, le suicide assisté est interdit En France.

Il n’existe qu’une seule pratique autorisée en France depuis 2016 grâce à la loi « Claeys-Leonetti ». Il s’agit d’une « sédation profonde et continue » du patient, jusqu’à sa mort, lorsque la maladie est incurable et que le pronostic vital est à court terme.

Après une demande du patient ou une proposition médicale collégiale, et pour éviter un effort thérapeutique acharné, la personne est endormie définitivement par l’injection de midazolam. Les traitements sont arrêtés mais le lavage du patient se poursuit jusqu’à sa mort.

“C’est une euthanasie qui ne veut pas dire son nom. On ne se nourrit plus, on ne s’hydrate plus, on arrête le traitement. Cela peut durer plusieurs jours”, explique le médecin belge Yves de Locht au Parisien.

« Le problème est que nous ne savons rien de la sédation profonde. Nous n’avons pas de statistiques», regrette le Dr Jean Daquin, de l’association pour le Droit de mourir dans la dignité.

Ce lundi, les débats ont été ouverts par la ministre de la Santé Catherine Vautrin. Les auditions se poursuivront dans les prochains jours avec des associations, des psychologues, des philosophes, des sociologues, d’anciens ministres et parlementaires, comme Alain Claeys et Jean Leonetti, auteurs de la loi de 2016. A partir du 13 mai, la commission étudiera le texte et soumettra les amendements.

Anna

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