DDans les tranchées ukrainiennes, sous le feu nourri des canons russes, les soldats ont des préoccupations plus immédiates que les négociations en cours à Washington. Mais ce qui s’est passé au Congrès américain samedi 20 avril ne les a pas laissés indifférents. Après six mois d’obstruction républicaine, la Chambre des représentants a adopté un plan de soutien à l’Ukraine de 61 milliards de dollars (57 milliards d’euros). Il lui permettra de renouveler son équipement militaire et d’acheter les munitions qui lui manquent cruellement face à la supériorité de la puissance de feu russe.
Ce qui avait été évoqué deux jours plus tôt, en marge de la réunion de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international les 17 et 18 avril, les inquiète tout autant : l’utilisation de 300 milliards de dollars de la Banque de Russie, gelés de le début de la guerre, en février 2022. Ce scénario a gagné en crédibilité, et le plan voté au Capitole autorise les États-Unis à vendre des actifs russes pour financer la reconstruction de l’Ukraine. Le « paquet » de 61 milliards pourrait rendre moins urgente la ponction des fonds russes, mais il n’exclut pas de toucher Moscou au portefeuille.
« Faites payer la Russie ! » » Face aux souffrances et aux besoins des Ukrainiens, les Occidentaux en ont fait un mantra politique… mais ils ont avancé lentement. Si la pénurie de munitions peut s’expliquer par l’insuffisance de leurs capacités industrielles, le manque d’argent pour réarmer Kiev était dû à un manque de volonté politique. Jusqu’à ce que la situation change début 2024 : face au risque d’une défaite ukrainienne et de paralysie du Congrès, les Européens sont saisis d’un sentiment d’urgence.
Réponse graduée
L’utilisation des actifs souverains de la Russie – les actifs des oligarques ont été exclus – est d’autant plus justifiée, selon ses partisans, qu’elle a relancé une campagne de destruction massive d’infrastructures aussi cruciales que les centrales électriques et les réseaux électriques afin de mettre à mal l’économie. Malgré le courage et l’ingéniosité des Ukrainiens, le produit intérieur brut (PIB) est inférieur de 25 % à ce qu’il était avant la guerre. La réponse financière des Occidentaux est néanmoins progressive, les Européens se montrant plus prudents que les Anglo-Saxons.
Les premiers sont les plus exposés. Après l’annexion de la Crimée en 2014, Moscou aurait transféré une grande partie de ses liquidités vers Euroclear, estimant qu’elles seraient plus en sécurité à Bruxelles qu’à New York. La société financière belge a ainsi souffert de la gestion périlleuse de 200 milliards de dollars. Les Vingt-Sept sont sortis fin mars de leur attentisme pour s’entendre sur l’utilisation des intérêts sur les capitaux investis (environ 3 milliards de dollars par an).
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