Kamala Harris et Donald Trump se sont affrontés mardi 10 septembre lors d’un débat télévisé très offensif, s’accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l’Amérique à moins de deux mois d’une élection présidentielle historique.
Le vice-président démocrate et le candidat républicain, qui ne s’étaient jamais rencontrés, ont discuté pendant plus d’une heure et demie de nombreux sujets de campagne.
La question de l’avortement a fait l’objet d’un échange de mots marqué entre les deux candidats. « J’avais prévenu que nous allions entendre un tissu de mensonges et ce n’est en fait pas une surprise. Il faut comprendre ce que nous avons ici : Donald Trump a personnellement choisi trois membres de la Cour suprême en sachant qu’ils mettraient fin à la protection (du droit à l’avortement partout aux États-Unis) et ils ont fait exactement ce qu’ils attendaient », a déclaré le candidat démocrate.
Kamala Harris a également déclaré que la candidate démocrate était « insultante envers les femmes » en affirmant que les démocrates souhaitent que les femmes puissent avoir des enfants vers la fin de leur grossesse.
« Nulle part en Amérique une femme ne va jusqu’au terme de sa grossesse et ne demande un avortement. Cela n’arrive jamais. C’est une insulte pour les femmes américaines », a-t-elle insisté.
Alors que le débat s’est tourné vers l’immigration, enjeu central de la campagne, Donald Trump a réitéré la fausse accusation de son camp selon laquelle les migrants mangent « des chats et des chiens » dans une ville de l’Ohio.
“A Springfield, ils mangent les chiens, les gens qui viennent (les migrants, ndlr), ils mangent les chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C’est ce qui se passe dans notre pays”, a déclaré le candidat républicain et ancien président des Etats-Unis, en référence à une théorie colportée depuis lundi par des dirigeants républicains et démentie par les autorités concernant les migrants haïtiens.
Kamala Harris a écouté son adversaire dérouler cette fausse information avec un visage abattu, avant de l’accuser d’avoir bloqué un projet de réforme de l’immigration en préparation au Congrès.
Donald Trump, candidat républicain à la présidentielle de 2020, refuse de reconnaître sa défaite. « Il y a tellement de preuves qu’il suffit de les examiner », a-t-il déclaré, répétant ses allégations non fondées de fraude. « J’ai obtenu plus de 75 millions de voix, plus que n’importe quel président en exercice. On m’a dit que lorsque vous obtenez 63 millions de voix, comme c’était le cas en 2016, vous êtes imbattable », a déclaré M. Trump.
Kamala Harris l’a accusé d’avoir encouragé les émeutiers qui ont envahi le Capitole le 6 janvier 2021, tout en rappelant les nombreuses procédures de destitution de Donald Trump. “Il n’y aura plus de garde-fous s’il revient à la Maison Blanche, il n’y aura plus personne pour l’arrêter : c’est au peuple américain de l’arrêter”, a-t-elle prévenu.
« Chacune de ces affaires a été portée par eux (les démocrates) contre leur adversaire politique », a rejeté Donald Trump.
Interrogée sur la guerre à Gaza, Kamala Harris a commencé par réaffirmer qu'”Israël a le droit de se défendre”. “Mais la manière dont il le fait importe”, a-t-elle insisté, rappelant que “trop de Palestiniens innocents ont été assassinés”. La candidate démocrate continue de plaider pour un “cessez-le-feu” dans l’enclave.
Donald Trump a de son côté accusé Kamala Harris de « haïr Israël ». « Israël disparaîtrait » sous une présidence Harris, selon la républicaine. A l’inverse, Donald Trump a affirmé que les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine n’auraient pas éclaté sous sa présidence.
Avec Trump, “Poutine serait assis à Kiev en ce moment, les yeux rivés sur le reste de l’Europe, à commencer par la Pologne”, a réagi Harris, accusant son adversaire de vouloir “abandonner l’Ukraine”. L’attaquant sur sa stature internationale, elle a déclaré que Donald Trump était “la risée” des dirigeants mondiaux et risquait d’être “manipulé” par des “dictateurs”.
Donald Trump a répondu en affirmant avoir le soutien du Premier ministre hongrois Viktor Orban, « l’un des hommes les plus respectés. Il est considéré comme un homme fort. C’est un homme fort, le Premier ministre intelligent de la Hongrie. »
Le débat s’est ouvert sur les questions économiques. Prenant la parole en premier, Kamala Harris s’est positionnée comme candidate de la classe moyenne, qu’elle souhaite « relever ». Elle a également défendu les petites entreprises, en proposant des mesures de crédit d’impôt pour elles.
En face, Donald Trump accuse Kamala Harris d’être une « marxiste » et avoir “détruit notre pays”, déplorant les choix économiques de l’administration Biden depuis 2021. Le républicain veut protéger l’économie américaine et réclame, comme lors de son premier mandat, une augmentation des droits de douane. “Nous aidons le monde entier depuis 70 ans, il est temps que nous obtenions quelque chose en retour”, a-t-il exigé.
Kamala Harris a accusé son rival Donald Trump de vouloir « diviser » le pays sur les questions raciales, alors qu’elle « ambitionne d’être la présidente de tous les Américains ». « Je pense que c’est une tragédie d’avoir quelqu’un qui veut être président et qui a constamment, tout au long de sa carrière, essayé d’utiliser les questions raciales pour diviser les Américains », a-t-elle déclaré.
L’ancien président a répondu à une question sur ses précédents commentaires dans lesquels il accusait Kamala Harris d’être devenue noire pour des raisons électorales, en plaisantant : « J’ai lu quelque part qu’elle n’était pas noire et puis j’ai lu qu’elle était noire. »
Les deux candidats ont critiqué leurs adversaires, chacun s’attaquant aux points sensibles de l’autre. Kamala Harris, par exemple, s’en est prise aux meetings de Donald Trump. « Les gens commencent à quitter ses meetings plus tôt que prévu, par épuisement et par ennui », a déclaré la candidate démocrate, sachant que Donald Trump accorde beaucoup d’importance aux foules qui assistent à ses événements de campagne.
De son côté, Donald Trump a multiplié les attaques personnelles. Il a qualifié Kamala Harris de « marxiste » en faisant référence à son père, professeur d’économie lui aussi accusé de « marxisme ». L’ancien président républicain s’en est également pris à Joe Biden, « faible et pathétique ». « Il est important de rappeler à l’ancien président : vous ne vous présentez pas contre Joe Biden, vous vous présentez contre moi », a rétorqué Kamala Harris.
Le débat s’est déroulé selon des règles strictes établies par un accord entre les deux équipes de campagne. Le micro étant coupé pour le candidat qui ne prenait pas la parole, les échanges ont été clairs, bien que parfois tendus, entre les deux candidats.
“C’est mon tour de parler”, a lancé Donald Trump à son rival démocrate lors de la première partie du débat. “C’est mon tour de parler si tu veux”, a-t-il dit, ajoutant : “Cela ne te rappelle rien ?”, en référence à la façon dont Kamala Harris avait répondu en 2020 lors d’un débat avec Mike Pence, l’ancien vice-président de Donald Trump.
Le débat s’est déroulé au National Constitution Center, un musée de Philadelphie, en Pennsylvanie, sans public. Les discussions ont duré plus d’une heure et 45 minutes, entrecoupées de deux pauses.
Article original publié sur BFMTV.com
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