En conflit avec les cliniques de fertilité qui rejettent le tarif prévu par le programme public de procréation assistée, le Québec accorde un permis à un nouvel établissement privé. Le ministre Lionel Carmant envisage même d’ouvrir d’autres centres de fertilité dans les hôpitaux.
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Située à Montréal, la clinique privée OriginElle pourra désormais offrir un traitement de FIV gratuit aux couples infertiles.
« Il y a (aussi) la possibilité d’ouvrir une clinique (de fertilité) au CHU de Québec, une au CHU de Sherbrooke, et si on voit que certaines cliniques privées ne participent pas, on va aller de l’avant avec ces projets là aussi. Pour moi, il est important que toutes les femmes reçoivent le service le plus rapidement possible et gratuitement », a déclaré la ministre déléguée aux Services sociaux, en entrevue. Actuellement, le CUSM et l’Hôpital Sainte-Justine offrent des traitements, mais les listes d’attente sont longs.
C’est parce que le nouveau programme de procréation assistée du gouvernement Legault a du plomb dans l’aile. Près de deux mois après son entrée en vigueur, les rendez-vous de nombreuses femmes sont toujours suspendus aux cliniques Ovo et Fertilys en raison d’un différend financier avec Québec.
Le gouvernement accorde une subvention de 3 900 $ aux médecins qui pratiquent la FIV, qui comprend la stimulation ovarienne, le prélèvement d’ovules et le transfert d’embryons congelés. Les fertologues du secteur privé demandent 7 600 $. Un écart abyssal.
Durabilité du programme
Le ministre Carmant est prêt à arroser son vin, mais il n’acceptera jamais de prolonger 7 600 $ par FIV. « C’est au-delà de notre capacité (de payer) », dit-il. La pérennité du programme public de procréation assistée est en jeu.
«Quand on m’a demandé d’ouvrir le programme, ce qui était important, c’est qu’il soit permanent, qu’il ne dure pas cinq ans comme l’ancien. Au tarif qu’ils nous demandent, nous fermerons avant cinq ans ! «
Et les discussions ne commenceront que lorsque les cliniques privées récalcitrantes accepteront de reprendre le traitement des patients, du moins pour ceux qui avaient déjà un cycle, et ouvriront enfin leurs livres.
« Je ne peux pas discuter avec ces gens qui instrumentalisent les patients. (…) Montrez-nous pourquoi vous avez besoin de tant d’argent », ajoute-t-il.
Lionel Carmant soutient que la question de la tarification n’a pas été soulevée par les fertologues avant l’entrée en vigueur du nouveau programme.
« Le ministère a repris les sommes qui étaient versées par l’ancien programme et nous convenons qu’il n’y avait personne dans l’ancien programme à se plaindre à ce rythme. La majorité des médecins de la fertilité ont gagné plus d’un million de dollars », explique le neurologue de formation.
« Je suis désolé »
Le ministre rejette également la comparaison avec l’Ontario, qui rembourse 7 600 $ aux cliniques privées pour la FIV. Il précise que chez nos voisins, le nombre de patients par an ayant accès au programme gratuit est limité. « Eux, à partir de 5000 patients, ils ne paient plus les cycles ».
« Je suis désolé pour cette situation, ce n’est vraiment pas ce que je voulais, c’est un programme qu’on voulait public pour tout le monde », conclut Lionel Carmant.
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