Deux ans après la colère des syndicalistes de la construction qui craignaient que le logiciel de gestion d’horaires Mobile-Punch n’empiète sur leur vie privée, on apprend que l’application peut bel et bien être utilisée par les salariés qui l’acceptent.
En mai 2021, l’application s’est retrouvée au centre d’un conflit de travail sans précédent dans le secteur de la construction, au point que son utilisation avait carrément menacé de faire basculer quelque 190 000 syndiqués dans la grève.
Or, dans la décision de 64 pages de l’arbitre Alain Turcotte du Tribunal arbitral rendue mardi dernier, il est confirmé que le logiciel de gestion peut être utilisé avec certaines balises.
« Pour nous, c’est une victoire pour les employeurs qui vont pouvoir mettre en place ces systèmes. On ne peut pas forcer les employés, mais ceux qui l’installent peuvent l’utiliser », a réagi Guillaume Houle, porte-parole de l’Association de la construction du Québec (ACQ).
« Pour les entreprises, cela permet d’économiser des coûts et de l’énergie. Nous pourrons automatiser la collecte d’informations à partir des feuilles de temps », précise-t-il.
Feuille de temps électronique
Fondamentalement, l’application Mobile-Punch aide les employeurs qui ont des « défis avec les feuilles de temps, les horaires, la distribution des projets ».
« Nous prenons la géolocalisation lors du poinçonnage. L’application ne donne pas accès à l’employeur aux photos, courriels et textos de l’employé », rappelait hier Jérôme Guay, président de l’application de pointage Mobile-Punch.
« Vous ne pouvez pas suivre les employés en continu avec ce logiciel », a-t-il ajouté.
Selon un sondage mené par l’entreprise et Léger, plus de 77 % des travailleurs préfèrent les applications Mobile-Punch au papier.
Pour Philippe Ferri, copropriétaire de Fero Rénovation, l’application Mobile-Punch est un atout. Il dit avoir été surpris par le tollé de mai 2021 car ses propres employés l’ont aimé dès le début.
« Les travailleurs peuvent aussi savoir avec l’application, un dimanche soir, quel chantier les attend et avoir un plan sur leur téléphone pour s’y rendre le lendemain. C’est très pratique », dit-il.
Unions prudentes
Demandé par Le journalHier, la FTQ-Construction a été avare de commentaires sur la question qui était au centre des discussions lors de la dernière négociation des conventions collectives.
« Nous étudions actuellement la décision et nous réagirons bientôt », a déclaré le syndicat.
De son côté, le Conseil provincial des métiers de la construction (Inter) du Québec a salué les éléments de la décision arbitrale relatifs à l’importance de préserver la sécurité des données des travailleurs.
« Nous saluons ce qui est dit sur la cybersécurité dans le jugement, mais nous voulons prendre le temps de le lire attentivement avec nos avocats pour en comprendre la portée », a déclaré son directeur général Patrick Bérubé.
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