Quatorze salles de HEC Montréal qui portaient les noms de grandes entreprises ou d’organismes donateurs ont été renommées. En effet, les contrats de 20 à 25 ans les liant à l’école de gestion de Montréal viennent d’expirer.
À HEC Montréal, les bâtiments, les salles, mais aussi les casiers, les sièges de classe ou les dalles de béton peuvent être identifiés au nom de donateurs, qu’il s’agisse d’entreprises ou de mécènes.
Étudiants, planifiez la recherche de vos salles de classe ! Les noms de plusieurs entreprises ont été subitement retirés des locaux qui ont perdu leur commanditaire dans les pavillons de HEC Montréal. Ainsi, la salle St-Hubert devient la salle Vilnius, la salle Keurig Canada devient la salle Amsterdam, la salle Sony devient Séoul, la salle Poste canadienne devient Tkaronto (Toronto, en Mohawk), la salle Xerox est renommée Accra, etc. .
Est-ce le signe d’un ralentissement des dons, sur lesquels comptent largement les universités pour se financer ?
Émilie Novales, conseillère en relations médias à HEC Montréal, répond qu’il n’y a pas de perte de vitesse. Pour le moment, au nouvel édifice Hélène-Desmarais par exemple, environ 60 % des chambres portent le nom d’un organisme ou d’un individu, en reconnaissance d’un don.
M.moi Novales souligne également au passage que KPMG possède deux salles à son nom dans l’immeuble situé sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine.
Il est également possible, précise-t-elle, que les salles auxquelles des noms de villes ont été attribués « changent encore de nom à l’avenir en raison de nouveaux accords ».
Bonne levée de fonds dans les universités en 2022
Le rapport annuel 2022 de la Fondation HEC Montréal fait état d’une très bonne récolte de dons ou d’engagements de dons, qui totalisent 21 millions. D’autres grandes universités déclarent également avoir disposé de bonnes collections ces dernières années.
Pour 2021-2022, par exemple, l’Université Laval a reçu 70,7 millions de dons, l’Université du Québec à Montréal, 20 millions, l’Université McGill, 148,8 millions (2022), tandis que l’Université de Montréal (pour l’exercice 2022-2023) a reçu 77,4 millions de dons, et Concordia, 23 millions (exercice 2022).
À l’Université de Sherbrooke, Isabelle Huard, conseillère aux relations avec les médias, souligne que l’établissement ne connaît pas actuellement de ralentissement des dons substantiels. « Cependant, nous prévoyons que l’incertitude économique, voire une récession, pourrait influencer ces grands donateurs, et aura certainement un impact sur nos autres catégories de donateurs, qui sont très nombreuses et importantes pour l’atteinte de nos objectifs. »
L’Université de Sherbrooke espère que les pertes de ces importantes contributions pourront être compensées par des dons testamentaires « des baby-boomers et des personnes âgées ».
Lorsqu’il est question de nommer des salles, l’Université de Sherbrooke affirme qu’il existe peu de bâtiments au nom de donateurs, mais plutôt au nom de bâtisseurs (Marie-Victorin, Georges Cabana, etc.)
« Les chercheurs vont là où il y a des financements »
Madeleine Pastinelli, présidente désignée de la Fédération des professeures et professeurs des universités du Québec (FQPPU), constate que lorsque les universités ont commencé à être largement financées par les entreprises, l’opinion publique, les étudiants et les professeurs ont protesté. .
De nos jours, l’université manque tellement d’argent et les dons des entreprises très publiques font tellement partie du paysage qu’ils attirent rarement l’attention.
Pourtant, dit-elle, le danger est là. « Dans une société capitaliste, ce n’est pas par charité chrétienne qu’une entreprise fait un don. »
Le risque, selon lui, n’est pas tant que les entreprises cherchent à dicter le contenu des cours ou à influencer les conclusions des études, mais plutôt que les entreprises déterminent les sujets de recherche.
De nombreuses chaires sont financées par de grandes entreprises, « et les chercheurs vont là où il y a du financement », argumente M.moi Pastinelli.
M.e Patric Besner, vice-président de l’Institut sur la gouvernance – créé en 2005 par HEC Montréal et l’Université Concordia – voit les choses différemment. Selon lui, la « liberté académique » est une valeur sacrée pour les professeurs et il ne s’inquiète pas de leur indépendance.
« La philanthropie est un principe qui doit être encouragé », estime-t-il, ajoutant qu’il est bon pour les jeunes de voir cet esprit philanthropique à l’œuvre, tel qu’il est présent dans les hôpitaux et les universités ici et là. encore plus aux États-Unis.
Il faut bien sûr définir la pratique de très près, en veillant par exemple par contrat à ce que le nom d’un immeuble ou d’une salle de classe puisse être retiré à un Vincent Lacroix, donne-t-il en exemple.
De son côté, il doute que les donateurs espèrent un retour.
Mais dans ce domaine comme ailleurs, constate-t-il en riant, « parfois, la modération a meilleur goût ! » « .
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