Formation accélérée en construction : Québec ignore un avis de la CCQ

Le gouvernement fait fi d’un avis de la Commission de la construction du Québec (CCQ) en incluant la profession d’ingénieur en réfrigération dans des formations raccourcies et rémunérées pour attirer de nouveaux travailleurs dans l’industrie.
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Pour pallier la pénurie de main-d’œuvre sur les chantiers de construction, François Legault a récemment annoncé des cours accélérés payant 750 $ par semaine pour cinq métiers de la construction. Québec souhaite recruter jusqu’à 5 000 nouveaux travailleurs d’ici l’été.
Mais si la CCQ a donné son aval à une formation rapide temporaire de quatre à six mois pour les menuisiers, les opérateurs d’engins de chantier et les ferblantiers, ce n’est pas le cas pour le cours de réfrigération.
Après analyse, l’organisme qui encadre le secteur de la construction a refusé de soutenir le gouvernement pour la création d’un cursus abrégé pour les travailleurs qui sont notamment chargés de l’installation et de l’entretien des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation dans les bâtiments, ainsi que des équipements de réfrigération et de congélation dans les bâtiments. épiceries.
Actuellement, la formation menant au diplôme d’études professionnelles (DEP) en réfrigération s’étend sur une période allant de 18 mois à deux ans.
« Le conseil d’administration de la CCQ a résolu de permettre, pour une période temporaire, une nouvelle voie d’accès pour délivrer un certificat de compétence aux personnes ayant complété un certificat d’études professionnelles (AEP) menant aux professions suivantes : charpentier, ferblantier, ferblantier, opérateur d’équipement et opérateur d’excavatrice. De son côté, le gouvernement a choisi d’ajouter la profession d’ingénieur frigoriste », se limite à commenter l’organisme de surveillance du BTP.
Rappelons que patrons et syndicats sont représentés au conseil d’administration de la CCQ, tout comme la nouvelle présidente, Audrey Murray, ancienne candidate de la CAQ et ancienne sous-ministre du gouvernement Legault.
Risques d’électrocution
Le Conseil provincial des métiers de la construction (International) s’inquiète des risques que pourraient courir les futurs travailleurs en réfrigération mal formés et de la qualité du travail qui sera effectué.
«Frigoriiste, soyons honnêtes, c’est un métier assez complexe, ça ressemble beaucoup aux métiers de la mécanique comme le tuyauteur ou l’électricien», souligne le directeur général de la centrale syndicale, Patrick Bérubé.
Selon lui, quatre à six mois de formation pour un métier où les risques d’électrocution sont très présents et qui repose sur des normes strictes de réfrigération alimentaire, « il est certain que cela ne suffira pas ».
M. Bérubé n’arrive tout simplement pas à croire que le gouvernement aille de l’avant malgré l’opposition de l’industrie.
Des besoins « pressants »
Au cabinet du ministre du Travail, la réponse est que le gouvernement a adopté une « approche pragmatique » pour trouver des solutions concrètes à la pénurie de main-d’œuvre dans la construction.
« Il appartient au conseil d’administration de la CCQ d’expliquer ses décisions. Il n’en demeure pas moins que la pénurie de frigoristes dans l’industrie se fait pressante et que 55 % d’entre eux arrivent sur les chantiers sans formation, un taux qui augmente de plus en plus. Notre gouvernement agit pour contrer cette situation », a-t-on soutenu.
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