Forte hausse des cas en 2023, climat très « inquiétant » selon les associations

Embuscades, attaques en ligne, montée de la transphobie : la hausse de 13 % des infractions anti-LGBT+ enregistrées par la police et la gendarmerie en 2023 confirme, aux yeux des associations, un climat « extrêmement préoccupant » en France.

L’année dernière, 2.870 crimes ou délits (agressions, menaces, harcèlement…) contre les lesbiennes, gays, personnes bi et trans ont été recensés, soit un bond de 19% par rapport à 2022, année déjà marquée par une hausse de 13%, selon à une étude du service statistique du ministère de l’Intérieur publiée jeudi, à la veille de la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.

À cela s’ajoutent 1 690 amendes, dont 94 % sont des insultes. Ces amendes, qui avaient diminué de 9 % en 2022, ont augmenté de 4 %.

« On a l’impression que les braises de la LGBTIphobie sont allumées et que le feu est prêt à prendre. 2024 est une année qui nous concerne particulièrement », soulignait déjà mercredi la présidente de SOS Homophobie, Julia Torlet, en présentant le rapport annuel. long.

« Nous risquons de nous retrouver dans une situation de violence comme celle de 2012-2013 » si « le gouvernement ne réagit pas », a-t-elle prévenu, faisant référence à la période très tendue qui entoure l’adoption du « mariage pour tous ».

Depuis 2016, les agressions anti-LGBT+ ont sensiblement augmenté : +17 % en moyenne par an pour les crimes et délits et +10 % pour les amendes, selon les statistiques du ministère.

– Discours de haine –

Mais ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité. En effet, si l’étude du ministère fait état d’une « libération de la parole et (une) amélioration des conditions d’accueil » des victimes par la police et la gendarmerie, elle précise que seulement 20% des victimes LGBT+ portent plainte en cas de menaces ou de violences. , et 5% en cas d’insulte (enquête réalisée sur 2012-2018).

Les injures et diffamations représentent un tiers des crimes et délits anti-LGBT+ recensés en 2023. Les agressions contre les personnes 19%, tout comme les menaces (19%). Le harcèlement (5 %) est plus rare ; les agressions à caractère sexuel également, même si elles se multiplient (8 % du total, contre 2 % en 2022).

Plus de 70 % des victimes sont des hommes, selon le ministère, un fait également souligné par SOS Homophobie, qui dénonce notamment le phénomène croissant d’embuscades menées, notamment via des applications de rencontres.

Selon le ministère, les personnes impliquées dans ces crimes et délits sont à 82% des hommes. Près de la moitié (49 %) ont moins de 30 ans ; 31% ont même moins de 19 ans.

« Nous avons dépassé le stade de l’inquiétude », a déclaré à l’AFP Maxime Haes, porte-parole d’une autre association, Stop Homophobie.

Son analyse s’appuie notamment sur le rapport de l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) publié mardi : en France, 60 % des Français évitent de tenir la main de leur partenaire du même sexe de peur d’être agressés, contre 53 % en France. moyenne dans l’UE.

– « Le silence du gouvernement » –

Les actes anti-LGBT+ ont lieu, estime M. Haes, dans un contexte de « augmentation drastique des discours LGBTphobes, notamment transphobes », qui sont « à corréler avec la montée de l’extrême droite et de l’extrémisme religieux ».

Le discours transphobe a encore été exacerbé par la sortie très médiatisée en avril du livre « Transmania », qui se présente comme une « enquête sur les abus de l’identité transgenre » mais qui, selon M. Haes, « stéréotype » les personnes transgenres et intersexuées. des personnes avec « les clichés les plus infâmes : pédophilie, pédocriminalité, déviance mentale ».

De manière générale, la haine en ligne « s’accroît », avec « des groupes menant une offensive », souligne Julia Torlet.

« Vivre des violences, des discriminations, des discours de haine entraînent de la peur, un sentiment de culpabilité, une détresse mentale » et peuvent conduire à la dépression et à des tentatives de suicide, rappelle Ugo Ziccarelli, également membre de SOS Homophobie.

Face aux attentats, l’association dénonce un « silence gouvernemental épouvantable », la nomination comme Premier ministre de Gabriel Attal, ouvertement gay, n’étant, selon elle, accompagnée d’« aucune politique ambitieuse » sur la question LGBT+.

« Les discours de haine ne sont pas du tout combattus par les dirigeants politiques », critique également M. Haes.

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