« François Hollande, qui n’a jamais pleuré l’Elysée, entend prendre toute sa part dans la recomposition à venir de la gauche »

CONTREC’est une photo qu’un ami de François Hollande vient de recevoir sur son téléphone portable : l’affiche électorale de Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste (PS) pour les élections européennes du 9 juin, a été recouverte de tracts annonçant le rendez-vous à auquel doit participer l’ancien président de la République, jeudi 6 juin à Limoges, à l’invitation de la fédération socialiste de Haute-Vienne. Derrière un candidat, un autre ?

Sept ans après avoir renoncé à se présenter, en 2017, François Hollande, qui n’a jamais pleuré la perte de l’Elysée, a laissé fleurir les spéculations sur un éventuel retour. Ce n’est pas la première fois (il avait caressé l’idée d’être candidat en 2022), et ce n’est sans doute pas la dernière. Mais cette fois, la petite musique jouée mezzo vocce rue de Rivoli, où il s’est installé après l’Elysée, sonne différemment, alors que se prépare l’ère post-Macron, avec une extrême droite aux portes du pouvoir.

A bientôt 70 ans, l’ancien président de la République jouit d’une popularité retrouvée indéniable. Dans le tableau de bord de personnalité Paris-Match-Sud Radio-IFOP-Fiducial du mois de mars, il est la deuxième personnalité politique préférée des Français, derrière Edouard Philippe (il est tombé à 5^e place en mai), et il est reçu comme une rock star sur le terrain où il se multiplie, notamment dans les universités – il a effectué soixante-cinq déplacements depuis le début de l’année.

Pour cet homme moqué, vilipendé, qui a connu des profondeurs d’impopularité lorsqu’il était à l’Elysée, il s’agit sans doute d’une première revanche. De même que l’évolution de certains dossiers lui donne raison a posteriori : son refus de livrer les navires de guerre Mistral à Poutine, en 2015, a été légitimé par la guerre en Ukraine ; tout comme la chute vertigineuse des finances publiques au cours des sept dernières années a fait passer pour un bon gestionnaire celui qui a réduit le déficit public à 2,6% du PIB…

La troisième salve arrive : même si l’ancien président de la République n’y est pour rien, le score annoncé de Raphaël Glucksmann, qui pourrait arriver premier à gauche le 9 juin, renforcerait sa ligne anti-Nupes et l’idée que la social-démocratie, non entachée de radicalisme, a encore un avenir en France.

“Le poids de l’expérience”

Avec cette triple revanche, François Hollande entend participer à la recomposition à venir : “Je dois faire ma part”, a-t-il déclaré le 4 avril sur France Inter. Il s’exprimera au lendemain du scrutin pour décrire durement une situation politique bloquée. Il reproche à Macron, qu’il considère comme un chef d’Etat sans passé ni vision, enfermé dans la gestion du présent, d’avoir noué un tête-à-tête meurtrier avec l’extrême droite, dont cette dernière profite. Il plaidera également pour que le PS réaffirme son identité de parti de gouvernement, loin des bruits et des fureurs de Jean-Luc Mélenchon, et prépare 2027 en tenant compte de cette première place retrouvée à gauche.

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