DISPARITION – Les tubes mélancoliques de la chanteuse et son look rétro en ont fait une icône dans les années 60. Vers la fin de sa vie, la chanteuse temps d’amour s’était tourné vers l’astrologie et l’écriture.
Depuis trop de mois déjà, on ne parlait d’elle que pour sa maladie et son désir, publiquement exprimé, d’y mettre un terme. Françoise Hardy est décédée le 11 juin, à l’âge de 80 ans, a annoncé son fils Thomas Dutronc sur ses réseaux sociaux.
Icône des années yé-yé, elle a conquis l’Europe dans les années 1960 avant de se consacrer à l’astrologie, puis à l’écriture. Françoise Hardy est née à Paris le 17 janvier 1944. Elle grandit au 9e quartier de Paris. Sa mère, Madeleine, est comptable. Son père, marié à une autre femme, est très souvent absent. Il ne reconnaîtra sa fille qu’après son succès. Jeune fille fragile et timide, Françoise envisage d’abord une vie de bonne sœur avant de découvrir le rock’n’roll d’Elvis Presley. “Je faisais des chansons sur trois accords et mon fantasme était juste d’enregistrer un disque, ce qui semblait impossible”elle a déclaré à Figaro à propos de cette période il y a quelques années.
Lire aussiFrançoise Hardy et Jacques Dutronc, un couple atypique
Idole de la jeunesse
A 17 ans, elle rejoint Johnny Hallyday sur le label Vogue. Son premier 45 tours sort en avril 1962. Il comprend trois compositions et une reprise d’une chanson américaine, sur laquelle la maison de disques mise gros. C’est pourtant son titre. Tous les garçons et les filles ce qui la propulsera au premier plan. Elle l’a interprété lors d’un intermède musical télévisé lors des résultats du référendum sur l’élection directe du Président de la République le 28 octobre. En un clin d’œil, la chanson devient un hit. Le jeune chanteur, une idole.
Lire aussiJohnny Hallyday : trois ans après la mort du rockeur, paix armée entre les héritiers
Elle défend les couleurs de la principauté de Monaco au concours de l’Eurovision en 1963 avec L’amour s’envole. La jeune femme brille sur les télévisions de tout le continent – elle terminera cinquième – lors d’une prestation douce, sobre et mélancolique. Sa maison de disques lui demande d’adapter ses tubes afin de toucher un public international. L’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni découvrent le candide « yé-yé » à travers les chansons de Françoise Hardy. L’amour va (« L’amour s’en va ») et Quelle est ma mia («Tous les garçons et les filles») traversent la frontière transalpine, Frag’ den Abendwind Le Rhin. Peu importe combien (« Et même ») et Dans le monde entier (« Partout dans le monde ») traverse la Manche pour flirter avec les titres des Beatles à vendre des « Fab Four » au sommet des charts britanniques.
Lire aussiEmmanuel Berl et Françoise Hardy, l’amitié improbable
A à peine vingt ans, Françoise Hardy est une icône pour des millions de jeunes femmes, en France et ailleurs. Son look « rétro » inspire. En minijupe et bottes blanches, elle se cache pudiquement derrière sa frange sur les couvertures des magazines qui lui consacrent de plus en plus d’articles. Talent, notoriété et look : elle a les trois. De quoi s’attirer la sympathie des grands créateurs de mode. Yves Saint-Laurent lui a confectionné un smoking. Paco Rabanne opte pour une combinaison métallisée, puis une mini-robe composée de plaques d’or et incrustée de diamants.
Parallèlement, la chanteuse fait ses premiers pas au cinéma. L’interprète de Oh oh chérie joue principalement des seconds rôles. D’abord chez Roger Vadim en Château en Suède (1963). Alors Une balle dans le coeur (1965) de Jean-Daniel Pollet et Grand Prix (1966) de John Frankenheimer. Elle apparaît brièvement dans Quoi de neuf, Pussycat ? (Cliver Donner, 1965), Homme Femme! (Jean-Luc Godard, 1966) ainsi que quelques comédies musicales italiennes. Elle mettra un terme à sa carrière de comédienne après un passage auprès de Claude Lelouch dans si il fallait le refaire (1976).
Le temps de l’amour
Le prix de ce succès est « tournées d’essais » qui l’emmènent jour après jour d’un pays à l’autre, loin de ses proches. Fatiguée, Françoise Hardy cesse de se produire sur scène en 1968. L’année suivante, elle perd son procès contre Vogue, qu’elle décide de quitter après avoir fondé Asparagus, sa propre maison de production. Son ancien label est reconnu comme propriétaire des chansons produites entre novembre 1962 et novembre 1967 : un beau catalogue comprenant une ribambelle de tubes comme Le temps de l’amour, Mon amie la Rose, La maison où j’ai grandi Ou il n’y a pas d’amour heureux.
Lire aussiFrançoise Hardy raconte à Jacques Dutronc dans un documentaire : “Il reste l’homme de ma vie”
Malheureuse ou pas, Françoise Hardy a retrouvé l’amour quelques années plus tôt. Lors d’un séjour en Corse à « Summer of Love », elle rencontre Jacques Dutronc. Le guitariste des Fantômes a composé Ne prends pas de tambour pour le chanteur. Elle a repris la mélodie de la chanson Fort Chabrol de son groupe pour chanter The Time of Love. De cette relation passionnée, puis platonique, naît leur fils Thomas le 16 juin 1973.
Après le tournant des années 1970, les albums de Françoise Hardy, distribués par le label Sonopresse, ne rencontrent pas le succès escompté. C’est Michel Berger qui lui ouvre une nouvelle fois les portes de la gloire. L’auteur-compositeur a écrit deux morceaux de Message personnel (1973). L’album atteint le sommet des charts. Les années suivantes furent celles de l’expérimentation pour la star yé-yé. Dans l’album concept Entractes (1974), il raconte l’histoire d’une femme abandonnée ayant une aventure d’un soir avec un autre homme. Ensuite, elle essaie le disco J’écoute de la musique ivre (1978). Le 30 mars 1981, elle épouse Jacques Dutronc à Monticello – le couple se sépare six ans plus tard, sans jamais divorcer.
Astrologie et écriture
Après la sortie de l’album Compensations (1988), la chanteuse estime qu’il est temps de faire une première pause dans sa carrière. Françoise Hardy écrit pour d’autres musiciens et écrit des ouvrages sur l’astrologie, discipline qui la passionne depuis sa rencontre avec André Barbault en 1962. Son retour musical a lieu en 1996 avec le très remarqué Le danger, album rock (Virgin-EMI). Le retour en forme est confirmé par Clair-obscur, quatre ans plus tard. L’album de reprises et de duos, dans lequel elle est accompagnée de son fils à la guitare, lui vaut le Grand Prix de la Sacem ainsi qu’une nomination aux Victoires de la Musique. Consécration, elle remporte le titre d’interprète féminine de l’année lors de la cérémonie en 2005 grâce à Tant de belles chosespuis reçoit la grande médaille de la chanson française, prix décerné par la prestigieuse Académie française l’année suivante.
Lire aussiFrançoise Hardy : “J’étais en train de mourir et je suis revenue à la vie”
Durant cette période de renaissance artistique, on lui diagnostique un lymphome, cancer du système lymphatique. La chanteuse continue de sortir des disques et prend la plume pour écrire ses mémoires, Le désespoir des singes… et autres bagatelles (Editions Robert Laffont). Elle aborde sans filtre des sujets forts, sa relation platonique avec Jacques Dutronc ou encore l’euthanasie de sa mère.
Sa maladie s’est aggravée début 2015. Hospitalisée, elle a été plongée dans un coma artificiel et a frôlé la mort. Une expérience traumatisante qu’elle met sur papier dans le livre cathartique Un cadeau du ciel, publié aux Éditions des Équateurs. La chanteuse, qui avait envisagé d’arrêter définitivement sa carrière musicale, a encore défrayé la chronique en mars 2018 avec Personne d’autre, un album sombre et lumineux à la fois. Mais la maladie la rattrape.
En août 2022 lors d’une tournée père-fils, Thomas Dutronc confirmait que l’état de santé de sa mère était très préoccupant. Le fils et ex-amant lui consacrent une tournée de concerts, qu’elle ne pourra jamais venir voir, trop affaiblie. Quelques mois plus tôt, le chanteur se confiait au micro de RTL «Depuis mes 45 radiothérapies, l’absence permanente de salive et le manque d’irrigation du crâne et de toute la zone ORL ont fait de ma vie un cauchemar“. En avril 2024, elle a été mise à l’honneur lors de l’Hyper Weekend de Radio France et au Printemps de Bourges par de nombreux artistes dont Clara Luciani et Zaho de Sagazan. Très fatiguée, Françoise Hardy, qui a fêté ses 80 ans en janvier, n’était pas présente. Durant les derniers mois de sa vie, elle a ardemment défendu le droit de « mourir dignement ».
DISPARITION – Les tubes mélancoliques de la chanteuse et son look rétro en ont fait une icône dans les années 60. Vers la fin de sa vie, la chanteuse temps d’amour s’était tourné vers l’astrologie et l’écriture.
Depuis trop de mois déjà, on ne parlait d’elle que pour sa maladie et son désir, publiquement exprimé, d’y mettre un terme. Françoise Hardy est décédée le 11 juin, à l’âge de 80 ans, a annoncé son fils Thomas Dutronc sur ses réseaux sociaux.
Icône des années yé-yé, elle a conquis l’Europe dans les années 1960 avant de se consacrer à l’astrologie, puis à l’écriture. Françoise Hardy est née à Paris le 17 janvier 1944. Elle grandit au 9e quartier de Paris. Sa mère, Madeleine, est comptable. Son père, marié à une autre femme, est très souvent absent. Il ne reconnaîtra sa fille qu’après son succès. Jeune fille fragile et timide, Françoise envisage d’abord une vie de bonne sœur avant de découvrir le rock’n’roll d’Elvis Presley. “Je faisais des chansons sur trois accords et mon fantasme était juste d’enregistrer un disque, ce qui semblait impossible”elle a déclaré à Figaro à propos de cette période il y a quelques années.
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Idole de la jeunesse
A 17 ans, elle rejoint Johnny Hallyday sur le label Vogue. Son premier 45 tours sort en avril 1962. Il comprend trois compositions et une reprise d’une chanson américaine, sur laquelle la maison de disques mise gros. C’est pourtant son titre. Tous les garçons et les filles ce qui la propulsera au premier plan. Elle l’a interprété lors d’un intermède musical télévisé lors des résultats du référendum sur l’élection directe du Président de la République le 28 octobre. En un clin d’œil, la chanson devient un hit. Le jeune chanteur, une idole.
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Elle défend les couleurs de la principauté de Monaco au concours de l’Eurovision en 1963 avec L’amour s’envole. La jeune femme brille sur les télévisions de tout le continent – elle terminera cinquième – lors d’une prestation douce, sobre et mélancolique. Sa maison de disques lui demande d’adapter ses tubes afin de toucher un public international. L’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni découvrent le candide « yé-yé » à travers les chansons de Françoise Hardy. L’amour va (« L’amour s’en va ») et Quelle est ma mia («Tous les garçons et les filles») traversent la frontière transalpine, Frag’ den Abendwind Le Rhin. Peu importe combien (« Et même ») et Dans le monde entier (« Partout dans le monde ») traverse la Manche pour flirter avec les titres des Beatles à vendre des « Fab Four » au sommet des charts britanniques.
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A à peine vingt ans, Françoise Hardy est une icône pour des millions de jeunes femmes, en France et ailleurs. Son look « rétro » inspire. En minijupe et bottes blanches, elle se cache pudiquement derrière sa frange sur les couvertures des magazines qui lui consacrent de plus en plus d’articles. Talent, notoriété et look : elle a les trois. De quoi s’attirer la sympathie des grands créateurs de mode. Yves Saint-Laurent lui a confectionné un smoking. Paco Rabanne opte pour une combinaison métallisée, puis une mini-robe composée de plaques d’or et incrustée de diamants.
Parallèlement, la chanteuse fait ses premiers pas au cinéma. L’interprète de Oh oh chérie joue principalement des seconds rôles. D’abord chez Roger Vadim en Château en Suède (1963). Alors Une balle dans le coeur (1965) de Jean-Daniel Pollet et Grand Prix (1966) de John Frankenheimer. Elle apparaît brièvement dans Quoi de neuf, Pussycat ? (Cliver Donner, 1965), Homme Femme! (Jean-Luc Godard, 1966) ainsi que quelques comédies musicales italiennes. Elle mettra un terme à sa carrière de comédienne après un passage auprès de Claude Lelouch dans si il fallait le refaire (1976).
Le temps de l’amour
Le prix de ce succès est « tournées d’essais » qui l’emmènent jour après jour d’un pays à l’autre, loin de ses proches. Fatiguée, Françoise Hardy cesse de se produire sur scène en 1968. L’année suivante, elle perd son procès contre Vogue, qu’elle décide de quitter après avoir fondé Asparagus, sa propre maison de production. Son ancien label est reconnu comme propriétaire des chansons produites entre novembre 1962 et novembre 1967 : un beau catalogue comprenant une ribambelle de tubes comme Le temps de l’amour, Mon amie la Rose, La maison où j’ai grandi Ou il n’y a pas d’amour heureux.
Lire aussiFrançoise Hardy raconte à Jacques Dutronc dans un documentaire : “Il reste l’homme de ma vie”
Malheureuse ou pas, Françoise Hardy a retrouvé l’amour quelques années plus tôt. Lors d’un séjour en Corse à « Summer of Love », elle rencontre Jacques Dutronc. Le guitariste des Fantômes a composé Ne prends pas de tambour pour le chanteur. Elle a repris la mélodie de la chanson Fort Chabrol de son groupe pour chanter The Time of Love. De cette relation passionnée, puis platonique, naît leur fils Thomas le 16 juin 1973.
Après le tournant des années 1970, les albums de Françoise Hardy, distribués par le label Sonopresse, ne rencontrent pas le succès escompté. C’est Michel Berger qui lui ouvre une nouvelle fois les portes de la gloire. L’auteur-compositeur a écrit deux morceaux de Message personnel (1973). L’album atteint le sommet des charts. Les années suivantes furent celles de l’expérimentation pour la star yé-yé. Dans l’album concept Entractes (1974), il raconte l’histoire d’une femme abandonnée ayant une aventure d’un soir avec un autre homme. Ensuite, elle essaie le disco J’écoute de la musique ivre (1978). Le 30 mars 1981, elle épouse Jacques Dutronc à Monticello – le couple se sépare six ans plus tard, sans jamais divorcer.
Astrologie et écriture
Après la sortie de l’album Compensations (1988), la chanteuse estime qu’il est temps de faire une première pause dans sa carrière. Françoise Hardy écrit pour d’autres musiciens et écrit des ouvrages sur l’astrologie, discipline qui la passionne depuis sa rencontre avec André Barbault en 1962. Son retour musical a lieu en 1996 avec le très remarqué Le danger, album rock (Virgin-EMI). Le retour en forme est confirmé par Clair-obscur, quatre ans plus tard. L’album de reprises et de duos, dans lequel elle est accompagnée de son fils à la guitare, lui vaut le Grand Prix de la Sacem ainsi qu’une nomination aux Victoires de la Musique. Consécration, elle remporte le titre d’interprète féminine de l’année lors de la cérémonie en 2005 grâce à Tant de belles chosespuis reçoit la grande médaille de la chanson française, prix décerné par la prestigieuse Académie française l’année suivante.
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Durant cette période de renaissance artistique, on lui diagnostique un lymphome, cancer du système lymphatique. La chanteuse continue de sortir des disques et prend la plume pour écrire ses mémoires, Le désespoir des singes… et autres bagatelles (Editions Robert Laffont). Elle aborde sans filtre des sujets forts, sa relation platonique avec Jacques Dutronc ou encore l’euthanasie de sa mère.
Sa maladie s’est aggravée début 2015. Hospitalisée, elle a été plongée dans un coma artificiel et a frôlé la mort. Une expérience traumatisante qu’elle met sur papier dans le livre cathartique Un cadeau du ciel, publié aux Éditions des Équateurs. La chanteuse, qui avait envisagé d’arrêter définitivement sa carrière musicale, a encore défrayé la chronique en mars 2018 avec Personne d’autre, un album sombre et lumineux à la fois. Mais la maladie la rattrape.
En août 2022 lors d’une tournée père-fils, Thomas Dutronc confirmait que l’état de santé de sa mère était très préoccupant. Le fils et ex-amant lui consacrent une tournée de concerts, qu’elle ne pourra jamais venir voir, trop affaiblie. Quelques mois plus tôt, le chanteur se confiait au micro de RTL «Depuis mes 45 radiothérapies, l’absence permanente de salive et le manque d’irrigation du crâne et de toute la zone ORL ont fait de ma vie un cauchemar“. En avril 2024, elle a été mise à l’honneur lors de l’Hyper Weekend de Radio France et au Printemps de Bourges par de nombreux artistes dont Clara Luciani et Zaho de Sagazan. Très fatiguée, Françoise Hardy, qui a fêté ses 80 ans en janvier, n’était pas présente. Durant les derniers mois de sa vie, elle a ardemment défendu le droit de « mourir dignement ».