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« Front populaire », « arc républicain »… Comment la majorité, la gauche et la droite entendent bloquer le Rassemblement national

Le paysage politique français a connu un séisme d’une ampleur encore inconnue, dimanche 9 juin, avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, immédiatement après l’échec du camp présidentiel aux élections européennes. En accédant à la demande du Rassemblement national, grand vainqueur du scrutin, le chef de l’Etat rebat toutes les cartes parlementaires, tandis que l’extrême droite s’avance comme favorite d’un scrutin organisé dans l’urgence. Face à lui, Renaissance et ses alliés, les partis des ex-Nupes et Les Républicains tenteront d’apparaître comme le meilleur rempart du RN.

Franceinfo fait le point sur les stratégies des différents camps pour contrer la progression annoncée de l’extrême droite lors de ces élections législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet.

La majorité veut élargir sa base étroite face aux extrêmes

Étourdi, “étourdi”, la majorité présidentielle a perdu son contingent de parlementaires avec l’annonce surprise de la dissolution dimanche soir. Les 250 députés de Renaissance, MoDem et Horizons ont dit adieu à leur mandat, pour au moins quatre semaines. Pour le président de la République, l’objectif est de trouver « une majorité claire pour agir dans la sérénité et l’harmonie »a-t-il déclaré dans son discours.

Ce choix apparaît comme un pari audacieux : celui de gagner des députés, ou du moins de n’en perdre aucun, alors que la majorité a subi un cinglant revers aux élections européennes. Pour l’emporter, Renaissance et ses alliés misent sur un réflexe républicain chez les électeurs hostiles au Rassemblement national, qui pourraient voter pour des candidats du bloc central face à l’extrême droite. “Maintenant, ce n’est plus le même vote qu’aux élections européennes” prévient un stratège de la majorité.

“Nous allons dire aux Français : ‘Vous voulez le programme RN ou le nôtre ? Vous êtes avec nous ou contre nous ?'”

Un cadre de la majorité

sur franceinfo

Avant de s’adresser aux Français, les partisans du chef de l’Etat veulent convaincre certains de leurs adversaires de former une alliance avant dimanche, date limite de dépôt des candidatures. Au soir de l’annonce de la dissolution, le patron de Renaissance, Stéphane Séjourné, a déclaré à l’AFP que le camp Macron “va donner(il) l’inauguration” aux députés sortants des autres partis “une partie du champ républicain” et souhaitant « s’impliquer dans un projet clair » autour de la majorité présidentielle.

Le message a été entendu et répété par les troupes macronistes. “J’appelle à un arc républicain local pour battre le RN”, a par exemple tweeté lundi matin Brigitte Liso, députée sortante Renaissance du Nord. Cette attitude pose question, alors que le front républicain a déjà montré des signes de faiblesse par le passé. «En 2022, l’égalité des voix s’est effondrée lorsque nous avons eu des duels au deuxième tour. Est-ce que ce sera toujours le cas ?s’interroge Mathieu Gallard, directeur de recherche de l’institut de sondage Ipsos France.

La gauche, très tentée par l’union, est divisée sur ses conditions

C’est le mot le plus partagé à gauche depuis l’annonce d’Emmanuel Macron : union. Les partis qui formaient le Nupes dès la campagne des législatives de 2022, avant de repartir dispersés pour les élections européennes, songent à s’unir à nouveau pour tenter de contrer l’extrême droite, qui compte actuellement 88 députés à la chambre basse.

Dès dimanche soir, le député sortant La France insoumise François Ruffin, champion du syndicat depuis plusieurs années, a appelé plusieurs de ses interlocuteurs à gauche à former un “front populaire” face au Rassemblement national et à ses éventuels alliés. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a soutenu lundi matin cette initiative afin d’évacuer les “risque” voir le Rassemblement national composer le prochain gouvernement.

D’autres voix de gauche ont également appelé à des négociations pour parvenir à un accord sur les candidats à présenter aux élections législatives. “Notre responsabilité, de gauche et d’écologistes, c’est de se rassembler, et d’être prêts pour le 30 juin”a confié la tête de liste écologiste aux européennes, Marie Toussaint, à franceinfo, dimanche soir.

“Je refuse la guerre de la gauche, il faut trouver un moyen de se reconstruire.”

Marie Toussaint, tête de liste Les Ecologistes-EELV

sur franceinfo

Entre les vœux d’union et sa concrétisation concrète pour le premier tour, l’enjeu est pourtant de taille pour la gauche, qui doit trancher la question des candidatures dans les 577 circonscriptions et du programme à défendre. La tâche s’est encore compliquée avec la prise de parole de certains socialistes, réticents voire hostiles à l’ancien Nupes. « La partition de Raphaël Glucksmann éclaire le chemin qu’il faut emprunter et que je défends depuis longtemps », a tweeté Carole Delga, présidente de la région Occitanie. La ligne portée par la tête de liste PS-Place publique aux élections européennes « doit être celui qui permet à la gauche et aux écologistes de se retrouver »a déclaré Valérie Rabault, cadre PS, sur X. Guillaume Garot, député socialiste sortant de Mayenne, s’est même expliqué lundi Bleu de France qu’il a refusé de travailler avec La France insoumise, qu’il accuse de « excès ».

« Ce rassemblement ne peut avoir lieu que dans la clarté et la cohérence qui font tant défaut depuis 2022. Il doit également fermer la page des dénégations des mesures du programme de gouvernement partagé du Nupes », a de son côté prévenu La France insoumise dans un communiqué, tard dans la nuit de dimanche à lundi. Le parti dénonce “l’ambiguïté de certains éléments sur les sujets majeurs de la campagne électorale européenne”. « Entre les insoumis et le Parti socialiste, il y a un peu une relation d’ex-relation. Mais pour la garde des enfants, en cas de divorce, il faut être majeur. »espère Sandra Regol, députée écologiste sortante et défenseure du Nupes.

Les responsables de La France insoumise ont envoyé un « proposition de réunion » Lundi “après-midi” aux autres “formations politiques des Nupes” (le PS, le Parti communiste, les Écologistes-EELV et Générations), pour « Travailler vers l’unité et la clarté ». Une réunion était en cours au siège des écologistes lundi en fin d’après-midi, a constaté un journaliste de franceinfo sur place. Au même moment, François Ruffin annonçait sur lance un appel à signatures pour soutenir son projet “front populaire”. Parmi les premiers signataires, des élus de tous les partis Nupes sauf le PS.

La droite exclut une alliance avec le camp présidentiel

Du côté des Républicains (LR), pas question de s’allier avec la majorité pour les législatives. «Le macronisme signifie toujours plus d’impôts, d’immigration et d’insécurité. Fidèles à nos valeurs, nous mènerons cette campagne autour des valeurs de droite !a fustigé le président du parti, Eric Ciotti, sur le réseau social à partir de dimanche soir. Certains députés LR ont déjà annoncé qu’ils feraient cavalier seul. “Je ferai campagne en fidélité à mes valeurs de droite pour m’opposer au déclin de la France dans lequel nous a plongé le macronisme !par exemple déclaré sur Christelle D’intorni, députée sortante des Alpes-Maritimes.

Le camp majoritaire défend sa proposition de coalition comme un moyen de bloquer l’extrême droite. “Quand il y a un risque d’élection d’un député du Rassemblement national, qui est notre premier adversaire politique, mais aussi de La France insoumise, il est préférable de voter pour une autre personne, d’une autre formation politique”a justifié Clément Beaune sur franceinfo. Alors renoncer à cette alliance, c’est refuser de bloquer le RN ? “Le risque, ce n’est pas nous qui le faisons prendre au payss’insurge le LR Patrick Hetzel, également député sortant. C’est le président qui l’a pris avec la politique qu’il mène depuis sept ans. Il ne faut pas inverser les rôles.”

Qu’en est-il de la main tendue par l’extrême droite aux Républicains ? Marion Maréchal, tête de liste Reconquête aux élections européennes, a déclaré :prêts à rencontrer dans les prochains jours Marine Le Pen et Jordan Bardella, Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan pour travailler ensemble sur l’alternative qu’exige notre pays”. Lundi, en fin d’après-midi, c’est Jordan Bardella, vainqueur des européennes et patron du RN, qui a déclaré qu’il “il a tendu la main” aux républicains, affirmant avoir eu “discussions” avec certains de leurs dirigeants. Une affirmation qui n’avait été corroborée par aucun dirigeant du parti de droite lundi soir. L’L’option d’une alliance avec l’extrême droite est rejetée d’emblée par certains élus républicains. “Ni ni. Ni Macron. Ni Le Pen, défendu sur le député sortant de l’Aisne Julien Dive. La reconstruction responsable du pays prendra du temps, mais elle nécessite des valeurs, le compromis n’en fait pas partie.»

Celine

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