C’est une nomination préfectorale qui pourrait faire grincer des dents certains. Le 31 août dernier, Gérald Darmanin avait choisi Clément Méric, son directeur de cabinet, pour devenir le directeur de cabinet de Bertrand Gaume, qui est à la fois préfet du Nord, de la région Hauts-de-France et de la « zone de défense et de sécurité Nord ». Ce poste stratégique consiste à superviser la sécurité civile et publique, la représentation de l’État et la communication de la préfecture dans le premier département et la cinquième région la plus peuplée de France.
La « réaffectation » de ce proche conseiller du ministre de l’Intérieur démissionnaire intervient à un moment où les affaires courantes sont gérées, alors que les nominations les plus politiques sont censées être suspendues depuis la démission du gouvernement Attal, le 16 juillet. Surtout, l’attribution de ce poste de sous-préfet a nécessité quelques contorsions juridiques.
Depuis la réforme de la haute fonction publique et la suppression du corps préfectoral, un décret réservait ce poste aux fonctionnaires de catégorie A ou contractuels ayant occupé un poste de responsabilité équivalente pendant au moins huit ans. Des conditions que Clément Méric ne remplissait visiblement pas : ce diplômé de Sciences Po 2016, non-fonctionnaire, a d’abord été chargé de mission au service d’information du gouvernement (SIG) à partir de 2018, avant de rejoindre le cabinet de Gérald Darmanin en 2019, au ministère de l’Action et des Comptes publics. Il a ensuite suivi le ministre place Beauvau en 2020, d’abord comme conseiller presse et déplacements, puis comme directeur de cabinet à partir de 2022.
Un ordre de déclassement de la position à la fin du mois d’août
Pour contourner cette difficulté statutaire, Gérald Darmanin a pris un décret pour modifier la catégorisation du poste le 29 août, deux jours avant la nomination de Clément Méric. D’un trait de plume, le Nord quitte la liste des vingt grandes préfectures où le poste de chef d’état-major est réservé au « groupe III », pour rejoindre la soixantaine de préfectures plus petites, regroupées dans le « groupe IV », ouvertes à des profils plus divers, avec des exigences plus souples en termes d’expérience, mais une rémunération plus faible.
« Cette catégorisation est définie arbitrairement par le ministère de l’Intérieur, mais elle est censée refléter l’importance du poste »explique Antony Taillefait, professeur de droit public à l’université d’Angers. Mais le Nord est incontestablement une préfecture importante. « Bien que parfaitement légale, cette procédure semble appropriée et peut légitimement susciter des interrogations »notes Gildas Tanguy, maître de conférences en science politique à Sciences Po Toulouse.
Il vous reste 41.22% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.