Roger et Suzanne Gille ont un fils, Jack, né peu après le débarquement de Normandie, le 25 juin 1944, à l’hôpital de campagne américain de Carquebut (Manche). Leur témoignage.
Par
Frédéric Patard
Publié le
Jack Gille est né le 25 juin 1944 dans un hôpital de campagne Américain installé à Carquebut. Roger et Suzanne, son parents rappelle-nous les circonstances deaccouchement.
Et Jack nous raconte comment il a trouvé son parrain L’Américain Peter. Voici leur témoignageà travers une histoire de famille à trois voix.
« Avec ma femme Suzanne, nous vivions Cherbourg pendant l’Occupation. J’allais avoir 20 ans en juillet 1944 : cela signifiait donc que j’allais être réquisitionné par le STO ».
Nous avons été définitivement libérés par les Américains le 13 juin.
« Je me suis donc réfugié à la campagne, à Vindefontaine, Sainte-Mère-Eglise, Auvers et enfin Appeville, à la ferme Lenetz. C’est là que l’arrivée du paragraphes de la 101ème aéroportée dans la nuit du 17 au 6 juin. Nous sommes définitivement libéré par les Américains le 13 juin.
«Ma femme était enceinte, et le matin du 24 juin, elle a commencé à avoir mal. Nous avons fait appel à Mme Culeron, qui a agi comme sage-femme pour le village. Mais ça avait l’air mauvais.
“Alors un ami est allé chercher de l’aide au manoirOzévilleoù se trouvait un poste de secours de la 90e division d’infanterie Américain etait installé. Une Jeep et une ambulance arrivent bientôt, et le les Américains propose d’emmener ma femme à l’hospice Sainte-Mère-Egliseque les Américains ont transformé en hôpital.
« Finalement, sans savoir pourquoi, nous nous dirigeons vers Carquebutau sud de Sainte-Mère-Eglise, où un hôpital de campagne est en cours d’installation. L’équipe médicale a immédiatement pris mon femmes en charge. Nous étions leurs premiers patients.
« Et à une heure du matin, le 25 juin, mon fils a été né. J’ai tout de suite su que c’était un garçonparce que même si je ne parlais pas anglais, je les entendais quand même prononcer le mot «garçon» et j’ai tout de suite compris de quoi ils parlaient.
«Pendant le transfert vers ambulance jusqu’à Sainte-Mère-Eglise, le passage du pont à bateaux que le les Américains s’était arrangé pour Beuzeville-la-Bastille, c’était douloureux. Mais sinon, leaccouchement s’est bien passé “.
“Nous avons décidé de l’appeler Jack, en hommage aux Américains”
« Les Américains ont pris une boîte à savon en bois dans lequel ils ont mis deux couvertures de l’armée, pour faire un lit pour le bébé. Mon mari et moi avons décidé de l’appeler Jack, en hommage aux Américains. »
« Et nous avons demandé à l’infirmière interprète : Pierre Lunettequi nous a accompagné depuis Appeville, pour devenir le parrain de notre fils. Il a accepté et plusieurs fois après notre sortie de l’hôpital, il est venu à nous rendre visite pour voir si tout allait bien.
«Mais il a suivi le front, et vite, nous l’avons perdu de vue. Mais après le guerrenous avons continué à correspondre régulièrement, jusque dans les années 1960, lorsque Peter cesse de donner de ses nouvelles.
“C’est une histoire qui me colle définitivement au coeuret donc je suis allé chercher mon parrain. Mais à l’époque, Internet n’existait pas et pour trouver quelqu’un ÉTATS-UNISc’était compliqué.
« Nous avons contacté les associations de anciens combattants : Rien. En 1994, à l’occasion du cinquantième anniversaire de Atterrissagenous avons cherché dans l’émission Vue perdue : Rien “.
« La dernière adresse que nous avions (et qui datait de 1962 !), était située à San Pedro, dans Californie : nous y envoyons une lettre qui nous est retournée avec la mention d’adresse incomplète ».
«J’ai alors contacté le Consulat de France à San Francisco qui m’a dit que Bezel était un nom très rare à ÉTATS-UNIS. Je reprends mes recherches, cette fois avec l’aide del’Internetet j’ai finalement appris qu’il y avait 11 Bezels aux États-Unis, dont trois vivent à Californie “.
« Je les contacte tous : pas de réponse, et quand je les appelle au téléphone, ils me disent qu’ils ne connaissent pas Peter Bezel. j’en ai assez découragémais en même temps, je sens que je ne suis pas loin du vérité “.
« Un moment d’émotion intense »
« Alors je prends tout le correspondance échangé entre Peter, sa famille et mes parents. Et là, je suis tombé sur une carte postale envoyée de Croatie (d’où vient Peter) avec la signature Bezeljavec un J à la fin.
“Je retente ma chance l’Internet : Il n’y a que quatre Bezelj vivant aux États-Unis : un dans l’Oregon, trois en Californie. Celui duOregon est le seul à avoir une adresse e-mail : je lui envoie alors un message à quoi il répond immédiatement.
«Le Peter Bezelj que je recherche est le sien oncle ! Et il me donne ses coordonnées. Je l’appelle immédiatement, je me présente, il me répond en anglais d’abord, puis en français. C’est la première fois que j’entends le son de sa voix, et c’est un moment deémotion intense pour nous deux “.
« En 2005, nous nous sommes rencontrés pour première fois à San Pierre. Nous avons ensuite échangé un correspondance diligent. Je l’ai vu pour la dernière fois en juin 2013 et nous avons fêté mon 69ème anniversaire. Peter est décédé le 9 octobre 2013.
Propos recueillis par Frédéric PATARD
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