Hugo Dhalenne, né pour le grand large

Envoyé spécial à Royan

Originaire de Saint-Malo, Hugo Dhalenne (YCSL-Primatice-SLB Pharma) a toujours vécu avec l’eau de mer comme fluide vital. Son père, Arnaud, tragiquement disparu en 2019 lors d’une tempête à 700 milles des îles Malouines, était bien connu dans le monde de la course au large. Participant à des transatlantiques comme la Route du Rhum ou Québec Saint-Malo et à deux reprises à la Solitaire du Figaro en 1985 et 1986. Hugo marche donc sur ses traces. Enfant, il passait ses week-ends autour des îles anglo-normandes sur Pen Duick VI, accompagnant son père avec des clients en croisière. Adolescent, lors de ses vacances d’été, ce même bateau emblématique l’emmenait en Islande, au Groenland, aux Antilles et même en traversée du Pacifique. « Des souvenirs extraordinaires. À 14 ans, se retrouver sur le pont d’un bateau, tout seul à la barre en pleine nuit pour aller au Groenland, c’est énorme. Depuis, je me sens à l’aise sur l’eau. » explique celui qui fêtera ses 34 ans à la fin du mois.

Les études sont sérieuses. Après une licence professionnelle en systèmes électroniques marins embarqués à Brest, Hugo Dhalenne s’est retrouvé à faire un stage auprès de Benoît Charon sur le Tour de France Voile en M 34, gérant l’électronique et les performances du bateau en navigation. C’est ensuite devenu son métier, il est à son compte depuis 2013 : « J’ai fait du Mini, du Class40, du Multi 50 et j’ai suivi deux Imoca sur le Vendée Globe 2020. Désormais, je continue à faire du Class40 en dehors de la saison Figaro. Un cet hiver et le suivant à l’automne. Quand le multicoque de Thibaut Vauchel-Camus était en construction à Dubaï en 2017, j’ai craqué. Je me suis dit qu’il était temps pour moi de faire de la compétition. Entre deux voyages aux Emirats, je me suis arrêté au Salon Nautique de Paris pour commander un Maxi 6.50 au chantier IDB Marine, le premier scow de série. Commencent alors mes trois années sur le circuit Mini en 2019. »

J’ai presque tout gagné en 2021. Une belle saison où tout s’est parfaitement enchaîné. Jusqu’à une victoire sur la Mini Transat

Hugo Dhalenne

Les résultats sont là. Après la période Covid, il remporte le PLM de Lorient en double avec Thibaut Vauchel-Camus : « Ça a déclenché quelque chose en moi. J’ai quasiment tout gagné en 2021. Une belle saison où tout s’est parfaitement enchaîné. Jusqu’à une victoire sur la Mini Transat. C’est à ce moment-là que le Yacht Club de Saint-Lunaire a commencé à m’aider à trouver des partenaires. Le retour à la réalité est dur et je me retrouve à tirer des câbles au fond des bateaux. Mais l’envie de repartir en solitaire est toujours là. L’envie de faire du Figaro est très très forte. »

L’année 2023 et le début de la nouvelle aventure d’Hugo Dhalenne : « J’ai trouvé un bateau pas trop cher pour la saison. J’ai fait la Transat Paprec avec Chloé Le Bars (Endobreizh). En m’entraînant en parallèle à Port-la-Forêt avec elle et avec Bertrand Pacé en solitaire à Lorient. J’ai énormément progressé. J’ai appris beaucoup de choses car les gens ont partagé. Sur la Solitaire, j’ai fait une super 2e étape, 30 heures en tête, mais un DST nous a séparés des leaders et j’ai passé une nuit libre devant Roscoff à attendre le vent. J’ai terminé avec 15 heures de retard. C’était rédhibitoire et j’ai du mal à le digérer. Mais il fallait vite rebondir pour la saison suivante. »

Pour trouver des partenaires, il ne suffit pas d’être un bon marin. Il faut des réseaux. Je travaille à m’améliorer pour me vendre.

Hugo Dhalenne

Avec un budget plus réduit cette année, il revient, toujours le mors aux dents : « Je reviens avec le bateau qui appartient à Franck Cammas. Un bateau en manque d’amour depuis deux ans sur un parking. Il y a eu un échange en début d’année. Une mise à disposition du Figaro Beneteau 3 en échange de sa restauration. Avec une location pour la Solitaire. Un coup de pouce qui fait du bien. Pour trouver des partenaires, bien naviguer ne suffit pas. Il faut des réseaux. Je travaille à m’améliorer pour me vendre. Vendre quelque chose est plus facile que se vendre soi-même. Même avec les mécènes et sponsors qui me suivent, je suis à 20-30% du budget de certains. Malgré tout, je suis reparti avec des voiles neuves grâce à SLB Pharma. L’année dernière c’était avec des voiles d’occasion, je sens la différence. »

Dans cette 55ème édition de la Solitaire du Figaro, Hugo Dhalenne a fait mieux que se défendre en se classant 4ème à 1 heure et 1 minute du leader Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan). Obtention du prix Suzuki de la combativité sur la 2ème étape. « L’objectif était de faire un Top 10, pour l’instant j’y suis. Cette saison, sans me battre pour le classement des rookies, je navigue plus librement, je tente des choses quand j’en ai envie. C’est beaucoup plus agréable sans regarder dans le rétroviseur où sont mes copains. On s’amuse à prendre des risques. » conclut le père de deux filles de 4 et 2 ans.