Huit d’entre eux se réunissent pour redonner vie à ce château en voie de disparition.

L’ancien château de Saint-Marcellin, en Isère (38), va changer de mains et devenir une demeure partagée par huit personnes. Il appartient au patrimoine privé de la commune de Saint-Marcellin depuis 2005 et des travaux ont été menés pour conserver le château mais il est aujourd’hui en mauvais état, un incendie ayant endommagé la propriété il y a plusieurs années. La Ville n’a pas les moyens de rénover en profondeur le bien et a donc décidé de le vendre. Ce n’est pas une cession classique qui est ici conclue mais un bail emphytéotique de 99 ans qui doit être signé entre la Ville et ces huit repreneurs, réunis au sein d’une foncière, SCI, pour un montant de 81 337 euros, payés en une seule fois. . La SCI souhaite installer des logements partagés dans une partie du château mais également développer une activité culturelle et artistique dans le reste du bâtiment.

Ce collectif est composé de huit personnes âgées de 29 à 39 ans qui exercent des métiers variés : vétérinaire, enseignant, documentaristes, musicien, travailleur social, animateur environnemental et chef de projet. En complément de leurs métiers, ils ont créé une association culturelle, le Château l’Arpiste, qui organise des événements au sein de leur ancien lieu, un château médiéval à Vertrieu. Le SCI prévoit également d’organiser des événements associatifs et culturels dans l’ancienne salle de gymnastique située dans le bâtiment principal.

Mais pourquoi ne pas recourir à un transfert classique mais à un emphytéose ? “Ce château est emblématique de la ville. Il se trouve à proximité du clocher de l’église qui est notamment classé. Nous n’étions pas prêts à le vendre. Il fallait trouver une solution car il y avait un danger dans la maison pour pouvoir la restaurer tout en restant propriétaire.», explique Nicole Nava, adjointe à la politique culturelle, touristique et patrimoniale, à Figaro. “Même si nous avions voulu le vendre pour en faire des appartements, cela aurait été compliqué car les pièces ont de gros volumes qui ne conviennent pas très bien aux appartements.», explique Christian Dreyer, adjoint à la politique du développement durable, de l’urbanisme, des travaux et de la gestion des risques. De même, la Ville souhaite utiliser la salle de danse de plus de 200 m² pendant 5 ans, le temps de construire une nouvelle salle et les terrasses six fois par an, pour des événements, ce qui aurait rendu le transfert complexe.

Plus d’un million d’euros de travaux

L’objectif d’un tel bail est de permettre à terme à la communauté de bénéficier des travaux d’amélioration réalisés par la SCI. Mais pour la SCI, quel est l’intérêt de recourir à ce type de bail ? “Ce bail protège la SCI pendant 99 ans. Elle a le temps d’y faire sa vie si elle y reste. Elle est quasi-propriétaire sans avoir à payer la totalité du bien, l’avantage d’être propriétaire sans les inconvénients», souligne Jérôme Perrot, chef de projet de l’Opération de Revitalisation Territoriale.

La proposition d’emphytéose a été présentée au conseil municipal le 12 avril. Elle n’a pas fait l’unanimité : un élu d’opposition regrettant qu’il n’y ait pas d’appel à projets pour que les habitants puissent manifester leur intérêt et un autre élu se plaignant d’avoir tardé dans le projet. . Pour Christian Dreyer, adjoint à l’urbanisme : «Entretenir le château sans avoir un plan n’aurait pas été intelligent. C’était difficile de le vendre», affirme-t-il Dauphiné Libéré . Le conseil municipal a néanmoins autorisé la mairie à signer ce bail emphytéotique avec la SCI. Il devrait être signé dans les prochaines semaines pour que le collectif puisse prendre possession des lieux d’ici cet été. Pour le restaurer, le SCI prévoit de dépenser plus d’un million d’euros.

La bâtisse a une histoire qui mérite d’être racontée : le terrain date sûrement du 14ème siècle et la bâtisse elle-même du 16ème ou 17ème siècle. La propriété devient école religieuse au XIXème siècle après avoir connu plusieurs propriétaires. Elle fut ensuite léguée à la Ville mais l’héritage fut dénoncé quinze ans plus tard, la Ville n’ayant pas respecté son engagement de maintenir l’école privée en ces lieux mais l’ayant transformée en école publique. Il a été racheté par une SCI qui l’a revendu à son avocat et est retombé dans les mains de la Ville en 2005, pour un euro symbolique. Des associations l’utilisèrent mais l’état du château se dégrada ce qui entraîna sa fermeture au public. De lourds travaux sont nécessaires pour le restaurer : réparation des planchers, des installations électriques et réhabilitation d’une aile détruite suite à un incendie. Un coût qui ne sera donc pas supporté par la mairie.

Elise

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