Six enfants jouent à l’ombre de grands arbres. À quelques mètres de là, Rose et Maurice, leurs parents (les personnes citées ont souhaité garder l’anonymat), s’affairent à des travaux dans leur nouvelle maison. Il y a environ un an, après avoir vécu plusieurs années dans les appartements de la Société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC), le plus grand bailleur social local, la famille a plié bagages et s’est installée dans le squat Caillou bleu, situé à l’entrée de Nouméa. Comme beaucoup, ils n’ont pas eu d’autre choix que de déménager dans l’une des 61 zones d’« habitat précaire sur terrains illégalement occupés ». officiellement recensé dans la zone métropolitaine de Nouméa.
« C’était devenu trop cher. Après avoir payé le loyer, l’eau, l’électricité et la nourriture… il ne nous restait plus rien. »énumère Rose. Pour joindre les deux bouts, le ménage pouvait compter sur le seul salaire de Maurice, qui travaille dans le bâtiment avec un revenu minimum. Un salaire d’environ 1 300 euros, difficilement conciliable avec une vie dont le coût élevé a atteint des sommets parmi les territoires français d’outre-mer. Entre 2011 et 2023, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de près de 25 % en Nouvelle-Calédonie. Selon l’Institut d’émission d’outre-mer, le taux de pauvreté, de 18,3 % en 2019, était de 1,1 % en 2019. « plus de deux fois le taux métropolitain ».
Du logement social au squat. Ce parcours est aussi celui de Tale, 46 ans, expulsé de son logement. Il rembourse aujourd’hui sa dette au propriétaire, petit à petit. Sans emploi, il peut compter sur la solidarité familiale et sur les fruits de son jardin dont il prend particulièrement soin. « Quand on habite dans un logement social, on travaille pour payer les factures et au final… rien du tout. Comment voulez-vous faire, surtout si vous avez des enfants… ? »demande Tale.
Selon Seven, résident du squat de Tina depuis sept ans, voici ce que « inconfort, colère et frustrations »Les plus jeunes, notamment, ont pris la parole le 13 mai, lorsque le soulèvement a éclaté. Avec les quartiers populaires, les squats ont été des foyers importants de la révolte. “Pour moi, le 13 mai (en réaction à l’arrivée devant l’Assemblée nationale de la réforme constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie)“Ce sont les jeunes qui se sont réveillés et qui ont compris que ce mode de vie individualiste les empêche d’exprimer leur culture, d’exister et d’être pris en compte. Les jeunes voient comment vivent leurs parents, ils n’ont aucune perspective”.
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