LLe 7 juillet, les électeurs du Front républicain ont empêché le Rassemblement national (RN) d’accéder au pouvoir. Si l’arrivée redoutée d’un gouvernement d’extrême droite a été temporairement évitée, les enjeux qui ont convaincu des millions de Français de voter RN n’ont pas disparu après le scrutin.
C’est le cas notamment de l’immigration, cheval de bataille historique du RN, qui va continuer d’animer les territoires, de travailler les représentations, de susciter l’indignation après chaque naufrage sur les côtes de la Méditerranée ou de la Manche, comme encore le 3 septembre, d’alimenter l’incompréhension, voire la colère, de ceux qui ne trouvent plus dans l’offre ou l’action politique de solutions adaptées pour gérer un phénomène pourtant millénaire.
Depuis plusieurs années, la question migratoire est traitée uniquement à travers le prisme du pouvoir régalien : c’est-à-dire qu’elle prend la frontière nationale comme base, le ministre de l’Intérieur comme pilote, la délivrance des titres de séjour comme instrument, le contrôle et la violence comme méthode et l’externalisation comme perspective.
Cependant, cette approche régalienne organisée selon une logique de contrôle des espaces et des personnes, voire de contrainte, présente trois limites.
Premièrement, elle parvient rarement à atteindre les résultats annoncés.
Ensuite, elle contribue à construire une image négative de l’étranger. Ce dernier est réduit, notamment dans le récit des formations politiques d’extrême droite, à une « menace à l’ordre public » dont il faut se protéger, et n’est plus considéré dans son humanité.
Elle occulte enfin la réalité et la complexité des migrations qui s’inscrivent dans un parcours, une histoire passée et à venir, plutôt que dans une mission administrative et sociale.
Face à l’adversité
Dans la pratique, les demandeurs d’asile, les réfugiés, les travailleurs et étudiants étrangers, les conjoints et les enfants d’étrangers sont confrontés à des adversités politiques, administratives et sociales que seul un soutien social approprié, organisé par l’État, les communautés et la société civile, peut prévenir.
Aussi, pour apporter des réponses aux questions et aux craintes des citoyens face à la migration, pour changer le regard sur les étrangers, pour répondre aux défis futurs, pour améliorer le sort des femmes, des hommes et des enfants qui s’engagent de gré ou de force dans un processus migratoire, les partis républicains doivent initier une révolution copernicienne.
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