Le 30 avril, le président de la République, Emmanuel Macron, a reçu le rapport de la commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans. Lorsque les recommandations aux parents ont été annoncées – pas d’écran avant 3 ans, pas de smartphone avant 13 ans, pas de réseaux sociaux avant 15 ans – on n’a pas pu s’empêcher de se demander comment ça se passait dans les familles de ces experts.
Par exemple chez Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’enfant et de l’adolescent, et directeur du LaPsyDé, le Laboratoire de psychologie du développement de l’enfant et de psychopédagogie (Université Paris Cité, CNRS). Le chercheur de 47 ans est également père de deux enfants, un garçon de 18 ans et une fille de 15 ans, qui vivent avec lui une semaine sur deux.
A la maternité, la première fois que j’ai tenu mon fils dans mes bras. C’était un petit garçon qui avait du mal à dormir et qu’on faisait systématiquement dormir sur nous les premières semaines. Ce fut un vrai moment de création du lien d’attachement et, avec ça, j’ai vite pris conscience de mon rôle de père.
Ils m’en ont encore reparlé récemment ! C’était il y a plusieurs années, lors d’une partie de Code Names (un jeu de plateau). Je suis un mauvais joueur et j’ai dû dire des choses désagréables à mon fils sur sa capacité à jouer. Je dis assez qu’il faut respecter les enfants, leur parler avec le même respect qu’aux adultes… Et là, j’en étais très loin !
Depuis, mes enfants disent : « J’espère que ça ne sera pas comme Code Names. » » C’est resté un marqueur familial !
C’était à une époque où je n’étais pas très présent. Je travaillais beaucoup, ça n’allait pas très bien à la maison et j’étais relativement absent. Ils m’ont dit quelque chose comme « la prochaine fois qu’on te verra, on ne sait pas si on pourra te reconnaître ». Cela m’a fait mal et m’a touché. Ils avaient raison de me le dire. C’était plutôt bénéfique.
Pouvoir s’adonner totalement à une activité – au mieux, lire un livre, au pire, mon téléphone – au point de ne pas entendre leurs demandes. J’y suis sensible parce que mon père était comme ça et j’avais tellement de mal à devoir dire “papa” vingt fois pour attirer son attention…
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