La police kosovare a dispersé vendredi à coup de gaz lacrymogène des Serbes qui protestaient contre la prise de fonction du maire albanais dans le nord du Kosovo, région de cette ancienne province de Serbie où ils sont majoritaires. En réponse, le président serbe Aleksandar Vucic a ordonné à l’armée d’être en « alerte maximale ».
Le président serbe Aleksandar Vucic a ordonné vendredi 26 mai à l’armée d’être placée en « alerte maximale », comme cela s’est produit à de nombreuses reprises ces dernières années, en raison des tensions avec le Kosovo. Plus tôt dans la journée, des affrontements ont éclaté entre la police et des manifestants serbes dans une ville à majorité serbe du nord du Kosovo. Ces derniers protestaient contre l’entrée en fonction des maires albanais dans cette région frontalière.
Ces conseillers municipaux ont été nommés à la suite des élections locales organisées par les autorités kosovares le 23 avril dans quatre municipalités majoritairement peuplées de Serbes qui ont très largement boycotté ce scrutin : seuls quelque 1 500 électeurs, sur environ 45 000 électeurs inscrits, y ont participé.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a « fermement condamné » la décision des autorités kosovares de nommer ces responsables de la ville malgré les avertissements de l’Union européenne et des Etats-Unis. « Ces mesures ont exacerbé les tensions, sapant nos efforts pour normaliser les relations entre le Kosovo et la Serbie et auront des conséquences sur nos relations bilatérales avec le Kosovo », a déclaré Antony Blinken dans un communiqué.
Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne ont également appelé le Kosovo « à revenir immédiatement sur sa décision » et « à calmer la situation ».
Dans un communiqué commun, ces Etats se sont dits « préoccupés par la décision de la Serbie de relever le niveau de préparation de ses forces armées à la frontière avec le Kosovo ». Ils ont appelé « toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue, en évitant les discours incendiaires ».
Plusieurs blessés
Selon un journaliste de l’AFP, des échauffourées entre manifestants serbes et forces de l’ordre ont d’abord eu lieu devant la mairie de Zvecan. Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants, tandis que des explosions ont été provoquées par des grenades assourdissantes.
Dans les vidéos postées sur les réseaux sociaux, on entend aussi des coups de feu.
Une dizaine de personnes ont été légèrement blessées et ont reçu des soins médicaux dans un hôpital du nord de la ville divisée de Mitrovica, a indiqué la directrice adjointe de cet établissement, Danica Radomirovic, citée par des médias kosovars. Au moins une voiture de police a été endommagée, selon les mêmes sources.
Les forces de sécurité ont également utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants dans deux autres municipalités, Leposavic et Zubin Potok, a rapporté la télévision nationale serbe (RTS). Les Serbes ont érigé des barricades près de Leposavic, a ajouté RTS.
Une « association des municipalités serbes »
A Belgrade, le président serbe Aleksandar Vucic a ordonné à l’armée d’être en « alerte maximale » et aussi de « se déplacer » en direction de la frontière avec cette ancienne province serbe, a annoncé la RTS.
La police du Kosovo n’a fait aucun commentaire sur les derniers incidents, confirmant seulement dans un communiqué qu’elle avait aidé les nouveaux maires à prendre leurs fonctions dans trois des quatre municipalités concernées.
Les poussées de fièvre sont fréquentes dans le nord du Kosovo, une ancienne province serbe qui a déclaré son indépendance en 2008, jamais reconnue par la Serbie.
Les Serbes sont encouragés par Belgrade à défier les autorités kosovares qui cherchent à asseoir leur souveraineté sur l’ensemble du territoire.
Les élections municipales ont eu lieu un peu plus d’un mois après que l’Union européenne a annoncé un accord sur la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina lors d’une réunion à Ohrid, en Macédoine du Nord, mais que les deux parties n’ont pas signé.
Pour avancer dans ce dialogue, Belgrade réclame la constitution d’une « association des municipalités serbes », qui jouirait d’une sorte d’autonomie et regrouperait quelque 120 000 Serbes du Kosovo, pays de 1,8 million d’habitants. habitants, majoritairement albanais.
Avec l’AFP
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