On aura connu des enquêteurs plus lents. Le 8 septembre, à Paris, El Yess Zarelli, alias Elias d’Imzalène, avait appelé lors d’une manifestation à « mener une intifada à Paris ». Le lendemain, le ministère de l’Intérieur annonçait son intention de signaler au parquet de Paris ces propos qui pourraient être considérés comme un appel à la rébellion ou à l’insurrection.
Le militant, animateur du site Islam & Info et de l’association islamiste Perspectives musulmanes, a été convoqué ce mardi à la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) de la préfecture de police de Paris, seulement 16 jours après les faits. Il a été placé en garde à vue, a indiqué une source policière. Cette garde à vue a été prolongée, ce qui a été confirmé par Indiquer le parquet de Paris.
L’enquête a été ouverte pour “provocation publique à la haine ou à la violence contre une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine, de leur nation, de leur race ou de leur religion déterminée”, provocation “à commettre des atteintes volontaires à la vie ou à l’intégrité physique de la personne aggravées par l’origine ou la religion” et enfin provocation “à commettre des crimes ou délits portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation”, précise le parquet de Paris.
Les précédents Omar Alsoumi et Assa Traoré
Le troisième et dernier motif d’enquête est le plus grave. Si l’on considère qu’appeler à l’intifada revient à encourager un mouvement insurrectionnel, défini comme « toute violence collective de nature à mettre en danger les institutions de la République ou à porter atteinte à l’intégrité du territoire national », l’article 412-3 du code pénal prévoit quinze ans de détention criminelle et jusqu’à 225 000 euros d’amende… Contacté, l’avocat Rafik Chekkat, proche d’Elias d’Imzalène, qui a confirmé sur les réseaux sociaux la convocation de l’islamiste, n’a pas fait de commentaire.
Dans la pratique, l’appel à importer l’intifada fait partie des clichés du mouvement islamiste. En mai 2024, Omar Alsoumi, autre figure du collectif Urgence Palestine, avait déjà tenu des propos identiques à ceux d’Elias d’Imzalène lors d’une manifestation à Paris, sans être poursuivi. « Nous allons exporter la résistance et l’esprit de l’intifada partout dans nos quartiers, dans nos universités et dans nos usines », avait-il déclaré. À ses côtés, Elias d’Imzalène faisait le « V » de la victoire.
Dans un autre registre, Assa Traoré, du comité Vérité pour Adama, avait lancé le 26 mai 2018, lors d’une manifestation à Paris, mégaphone en mai : « En Afrique, ils vont renverser le président, ils renversent le palais, ils entrent dans le palais. Est-ce que ça se passe comme ça en Afrique ? Pourquoi ça ne se passerait pas comme ça en France ? On est nombreux, on est forts, on est plus forts. » Elle n’a pas été poursuivie.