En 2023, 243.600 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées en France, soit 8.600 de plus qu’en 2022. Elles ont concerné principalement des femmes de 20 à 34 ans, selon une étude de la Drees publiée ce mercredi. La grande majorité des interruptions volontaires de grossesse ont été réalisées à l’aide de médicaments (79%). Le taux de recours à l’IVG a augmenté de 0,6 point par rapport à 2022, atteignant 16,8 IVG pour 1.000 femmes de 15 à 49 ans. Cette hausse ne s’explique pas seulement par l’allongement, en mai 2022, du délai légal de recours (porté à 14 semaines de grossesse, contre 12 auparavant), souligne la Drees.
L’étude montre surtout une augmentation du nombre d’IVG réalisées en dehors des établissements de santé. En 2023, 100 500 IVG – incluant les IVG par téléconsultation et les IVG instrumentales en centre de santé – ont été réalisées dans ce cadre, soit 41 % des IVG. Avec 143 091 réalisées en 2023, les IVG en établissement de santé restent majoritaires, mais l’écart se réduit. La Drees n’apporte pas d’explications à ce phénomène, n’ayant notamment pas pu mesurer l’impact de l’allongement du délai de sept à neuf semaines de grossesse – mis en place en mars 2020 et pérennisé en 2022 – pour les IVG réalisées en ville.
Un acte principalement réalisé par les sages-femmes
En 2023, la majorité des IVG réalisées hors établissement de santé ont eu lieu en cabinet libéral (89 044), et moins fréquemment en centre de santé ou en centre de santé sexuelle (11 488). En dehors d’un établissement de santé, les IVG peuvent être réalisées par un médecin généraliste, un gynécologue-obstétricien médical ou une sage-femme. Les sages-femmes ne peuvent réaliser des IVG médicales que depuis 2016, et depuis décembre 2023 pour les IVG instrumentales. Cependant, elles ont réalisé 47 % des IVG réalisées en ville en 2023, tandis que 26 % des IVG ont été réalisées par des médecins généralistes et 27 % par des gynécologues.
Dans un contexte d’élargissement de leurs compétences – depuis avril 2024, elles peuvent réaliser des IVG instrumentales sans la supervision d’un médecin – le nombre de sages-femmes ayant réalisé au moins une IVG chaque année a plus que doublé entre 2020 et 2023. Dans le même temps, le nombre de médecins généralistes réalisant au moins une IVG chaque année a augmenté de 24%, tandis que celui des gynécologues/gynécologues-obstétriciens est resté stable.
Inégalités territoriales
La Drees observe cependant une inégalité territoriale dans la pratique des IVG hors établissements de santé. Dans un quart des départements, cette pratique concerne une IVG sur cinq ou moins. C’est notamment le cas en Haute-Vienne (3,7%), dans la Sarthe (5%) et dans le Bas-Rhin (12,6%).
A l’inverse, les IVG hors établissement de santé représentent plus d’une IVG sur deux dans une vingtaine de départements. C’est le cas en Haute-Vienne (71,4%), dans les Alpes-Maritimes (64,8%) mais aussi en Haute-Garonne (63,8%).
Avec 52,4 % d’IVG réalisées hors établissement de santé, la Savoie est « le département où le ratio entre le nombre de professionnels concernés et les femmes en âge de procréer est le plus élevé (54 pour 100 000) », observe la Drees. En revanche, dans la Sarthe, aucun médecin ou sage-femme n’a réalisé d’IVG dans son cabinet en 2023, et ce taux est également proche de zéro dans le Cher (1,9 %), le Maine-et-Loire (1,7 %) ou la Haute-Vienne (1,4 %).