Le 14 avril, l’Iran a lancé ses missiles et ses drones lors d’une attaque sans précédent contre le territoire israélien. Une attaque facilement stoppée par l’État hébreu et ses alliés mais qui a rapidement fait craindre un conflagration régionale. La réponse graduelle d’Israël aura temporairement apaisé les craintes d’un nouveau front, mais “le spectre de la guerre n’a pas complètement disparu”, en écrivant L’Orient-Le Jour. Pour le quotidien libanais, « Une autre erreur de calcul ou une nouvelle provocation pourrait allumer la mèche de la prochaine escalade. »
Mais les Israéliens en ont assez des guerres sans fin, explique Dahlia Scheindlin dans un article publié par Le gardien juste avant la réponse contre l’Iran. “Cette réalité où la guerre est partout cache un atroce paradoxe, à savoir que ce sont les politiques de Netanyahu qui ont gravement compromis les objectifs qu’il prétendait vouloir atteindre”, dénonce le chercheur en sciences politiques.
Toutefois, l’aveuglement du Premier ministre israélien ne suffit pas à expliquer tous les bouleversements en cours dans son pays. C’est ce qu’explique Mairav Zonszein dans une tribune sans concession publiée dans Police étrangère. Pour elle, Netanyahu est un bouc émissaire commode :
“Cette focalisation sur (le Premier ministre) nous fait commodément oublier que la guerre à Gaza n’est pas (la sienne) mais celle d’Israël, et que le problème ne vient pas seulement de Netanyahu mais de l’électorat israélien.”
C’est un fait : une majorité d’Israéliens soutiennent aujourd’hui la machine de guerre, déplore ce journaliste israélo-américain.
Comment est-ce qu’on est arrivés ici ? C’est ce que nous avons voulu tenter de comprendre en construisant ce fichier. Que se passe-t-il aujourd’hui dans la société israélienne, un peu plus de six mois après les attentats sans précédent perpétrés par le Hamas le 7 octobre ? Pendant longtemps, il n’a pas été facile de rassembler des articles qui nous semblaient refléter suffisamment cette réalité complexe. Mais à l’approche du 7 avril, la presse étrangère commence à dresser le portrait d’une société profondément traumatisée et en même temps radicalisée. Les articles que nous avons traduits pour ce dossier le démontrent chacun à leur manière.
Il y a d’abord l’enquête très documentée et nuancée publiée dans Le Moniteur de la Science Chrétienne. L’auteur, Howard LaFranchi, a interrogé de nombreux témoins, chercheurs, penseurs, et on comprend mieux à sa lecture les lignes de fracture, les fragilités et les peurs qui traversent aujourd’hui le pays. « Six mois peuvent sembler une éternité, mais pas dans ce cas. Le processus de guérison n’a pas encore commencé. » dit le philosophe David Enoch.
Dans une société clairement orientée à droite, l’auteur identifie plusieurs changements majeurs depuis le 7 octobre : d’abord, le traumatisme ne disparaît pas ; ensuite, les Israéliens ressentent un profond sentiment d’abandon ; enfin, de nombreux Israéliens souhaitent aujourd’hui faire cavalier seul, au risque de s’isoler un peu plus du reste du monde.
Les seules raisons pour “réjouissance” pour le Moniteur de la Science Chrétienne, qui cite la politologue palestinienne Rula Hardal : « La question palestinienne est à nouveau à l’ordre du jour mondial. » Il ne faut cependant pas s’y tromper : l’opposition israélienne à un État palestinien est plus forte qu’avant le 7 octobre. « La montée du militarisme a sapé les efforts visant à parvenir à une coexistence pacifique avec les Palestiniens. Les soldats sont les héros romantiques du moment : sur les applications de rencontres, les jeunes femmes recherchent des réservistes qui ont posté des photos d’elles à Gaza.»
Fétichisation du militaire, éloge d’une masculinité retrouvée… : le tableau que dresse le quotidien à ce sujet Ha’Aretz dans un étonnant reportage sur le boom des uniformes sur les applications de rencontres raconte la même histoire. Celle d’une société plus dure, qui a constamment besoin d’être rassurée.
Dans ces changements dramatiques, le Moniteur de la Science Chrétienne note néanmoins une note d’espoir : celle d’un sursaut de la société civile qui a su mobiliser et réinvestir le champ politique : « De nombreux Israéliens ressentaient viscéralement ce que signifiait ne pas avoir d’État, Einat Wilf, ancienne députée travailliste à la Knesset, explique au magazine : et maintenant nous constatons un réel besoin de revenir à l’essentiel pour voir comment nous pouvons reconstruire notre société.
Le 14 avril, l’Iran a lancé ses missiles et ses drones lors d’une attaque sans précédent contre le territoire israélien. Une attaque facilement stoppée par l’État hébreu et ses alliés mais qui a rapidement fait craindre un conflagration régionale. La réponse graduelle d’Israël aura temporairement apaisé les craintes d’un nouveau front, mais “le spectre de la guerre n’a pas complètement disparu”, en écrivant L’Orient-Le Jour. Pour le quotidien libanais, « Une autre erreur de calcul ou une nouvelle provocation pourrait allumer la mèche de la prochaine escalade. »
Mais les Israéliens en ont assez des guerres sans fin, explique Dahlia Scheindlin dans un article publié par Le gardien juste avant la réponse contre l’Iran. “Cette réalité où la guerre est partout cache un atroce paradoxe, à savoir que ce sont les politiques de Netanyahu qui ont gravement compromis les objectifs qu’il prétendait vouloir atteindre”, dénonce le chercheur en sciences politiques.
Toutefois, l’aveuglement du Premier ministre israélien ne suffit pas à expliquer tous les bouleversements en cours dans son pays. C’est ce qu’explique Mairav Zonszein dans une tribune sans concession publiée dans Police étrangère. Pour elle, Netanyahu est un bouc émissaire commode :
“Cette focalisation sur (le Premier ministre) nous fait commodément oublier que la guerre à Gaza n’est pas (la sienne) mais celle d’Israël, et que le problème ne vient pas seulement de Netanyahu mais de l’électorat israélien.”
C’est un fait : une majorité d’Israéliens soutiennent aujourd’hui la machine de guerre, déplore ce journaliste israélo-américain.
Comment est-ce qu’on est arrivés ici ? C’est ce que nous avons voulu tenter de comprendre en construisant ce fichier. Que se passe-t-il aujourd’hui dans la société israélienne, un peu plus de six mois après les attentats sans précédent perpétrés par le Hamas le 7 octobre ? Pendant longtemps, il n’a pas été facile de rassembler des articles qui nous semblaient refléter suffisamment cette réalité complexe. Mais à l’approche du 7 avril, la presse étrangère commence à dresser le portrait d’une société profondément traumatisée et en même temps radicalisée. Les articles que nous avons traduits pour ce dossier le démontrent chacun à leur manière.
Il y a d’abord l’enquête très documentée et nuancée publiée dans Le Moniteur de la Science Chrétienne. L’auteur, Howard LaFranchi, a interrogé de nombreux témoins, chercheurs, penseurs, et on comprend mieux à sa lecture les lignes de fracture, les fragilités et les peurs qui traversent aujourd’hui le pays. « Six mois peuvent sembler une éternité, mais pas dans ce cas. Le processus de guérison n’a pas encore commencé. » dit le philosophe David Enoch.
Dans une société clairement orientée à droite, l’auteur identifie plusieurs changements majeurs depuis le 7 octobre : d’abord, le traumatisme ne disparaît pas ; ensuite, les Israéliens ressentent un profond sentiment d’abandon ; enfin, de nombreux Israéliens souhaitent aujourd’hui faire cavalier seul, au risque de s’isoler un peu plus du reste du monde.
Les seules raisons pour “réjouissance” pour le Moniteur de la Science Chrétienne, qui cite la politologue palestinienne Rula Hardal : « La question palestinienne est à nouveau à l’ordre du jour mondial. » Il ne faut cependant pas s’y tromper : l’opposition israélienne à un État palestinien est plus forte qu’avant le 7 octobre. « La montée du militarisme a sapé les efforts visant à parvenir à une coexistence pacifique avec les Palestiniens. Les soldats sont les héros romantiques du moment : sur les applications de rencontres, les jeunes femmes recherchent des réservistes qui ont posté des photos d’elles à Gaza.»
Fétichisation du militaire, éloge d’une masculinité retrouvée… : le tableau que dresse le quotidien à ce sujet Ha’Aretz dans un étonnant reportage sur le boom des uniformes sur les applications de rencontres raconte la même histoire. Celle d’une société plus dure, qui a constamment besoin d’être rassurée.
Dans ces changements dramatiques, le Moniteur de la Science Chrétienne note néanmoins une note d’espoir : celle d’un sursaut de la société civile qui a su mobiliser et réinvestir le champ politique : « De nombreux Israéliens ressentaient viscéralement ce que signifiait ne pas avoir d’État, Einat Wilf, ancienne députée travailliste à la Knesset, explique au magazine : et maintenant nous constatons un réel besoin de revenir à l’essentiel pour voir comment nous pouvons reconstruire notre société.