Par
Éloïse Aubé
Publié le
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Neuf accusés, une soixantaine environ prêtres victimes… Le procès s’annonce déjà long. Ce jeudi 5 septembre 2024, une vaste affaire de fraude est jugé au Tribunal de Grande Instance du Havre.
Plus connue sous le nom d’« affaire des faux policiers », l’affaire se déroule entre 2020 et 2024, dans toute la France, et le montant des dégâts estimé à environ 430 000 euros.
C’est en mars 2024 qu’une vingtaine d’individus ont été interpellés dans le cadre de ce réseau. Le cerveau présumé de cette escroquerie est un Havrais de 35 ans qui aurait agi depuis sa cellule de prison.
Faux policiers
Le procédé était simple : le principal accusé contactait des hommes d’Église en se faisant passer pour un policier. Il demandait au(x) prêtre(s) de l’aider à démasquer un escroc qui visait… les prêtres.
Très souvent, il parvenait à voler des coordonnées bancaires ou à obtenir de l’argent via des coupons CPS (un moyen de paiement intraçable qui peut être effectué dans un bureau de tabac, NDLR).
Plusieurs mois après les faits, le père Pascal Burnel (qui officie dans la Manche) est présent ce jeudi au tribunal du Havre.
Ce jour-là (9 février 2024) le téléphone sonne avec un policier à l’autre bout du fil qui me dit “vous voulez nous aider à démasquer un escroc qui escroque les prêtres ?” Il me dit que quelqu’un de La Banque Postale va m’appeler dans cinq minutes et que je dois faire ce qu’il me dit.
Et c’est ce que fait l’homme d’Église.
Un policier qu’il ne reconnaît pas
Il va ainsi retirer une première fois, chez le buraliste, 1 000 euros de coupons CPS et, après un nouvel appel du « gendarme », il retire cette fois environ 400 euros. Mais cette demande éveille ses soupçons. Quelque chose ne va pas.
« J’ai alors demandé au policier à l’autre bout du fil s’il connaissait un certain Fabrice, qui travaillait aussi au commissariat. Mais quand il m’a mis en contact, la personne avait un accent du sud », se souvient-il.
Ce n’est certainement pas le célèbre Fabrice. Pour être sûr, il décide d’aller physiquement au commissariat. Et on lui dit : « Fabrice est en vacances. Et un policier ne te demandera jamais d’aller retirer de l’argent. »
Sans plus attendre, il porte plainte et s’apercevra quelques semaines plus tard que d’autres hommes d’Église ont payé le prix de cette personne.
« J’ai été manipulé, murmure l’homme d’Eglise, comment peut-on faire ça ? » Et il ajoute que s’il est venu aujourd’hui, c’est justement « pour défendre tous ces gens qui se font arnaquer ».
Le principal accusé est soupçonné d’avoir agi avec huit autres personnes. L’audience doit débuter ce jeudi après-midi.
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