Gocha Javakhishvili, ambassadeur de Géorgie en France, a annoncé jeudi 9 mai sa démission en raison du retour au Parlement du projet de loi controversé sur «influence étrangère», contre lequel des milliers de Géorgiens manifestent depuis près d’un mois. Il est le premier responsable géorgien d’un tel niveau à quitter ses fonctions en signe de protestation. Dans une interview avec Mondece diplomate de 57 ans qui n’a jamais été impliqué dans un parti politique affirme avoir agi pour défendre son ” honneur “ et appelle son gouvernement à retirer ce projet de loi, calqué sur une loi russe qui vise à faire taire la société civile et les médias indépendants et menace l’intégration européenne de la Géorgie.
C’est une question de principe et d’honneur. Je demande le retrait de ce projet de loi. Je ne veux pas me lancer dans des débats politiques ni gagner des points avec l’opposition – je suis fonctionnaire et je n’ai aucune préférence pour aucun parti politique. Je suis fier du dynamisme de la société civile géorgienne. Étiquetez-le comme « agent étranger » est réducteur car il joue un rôle vital pour la démocratie.
J’avais déjà exprimé mon désaccord lors de la première présentation du texte au Parlement en mars 2023. Face aux protestations de la population, le gouvernement l’a retiré. Avec le retour de l’addition, je me suis retrouvé dans une situation très inconfortable, notamment face à mes interlocuteurs, à l’Elysée et au Quai d’Orsay, à qui j’avais promis qu’elle avait été abandonnée et qu’on n’y retournerait jamais. D’ailleurs, j’aurais du mal à trouver des arguments pour leur expliquer pourquoi il est de retour aujourd’hui. Cette situation ne me permettait plus de porter le message européen de mon pays. J’avais peur d’être hypocrite, donc je ne pouvais pas imaginer continuer mes fonctions.
J’ai écrit une lettre de démission au ministère des Affaires étrangères le 17 avril (lorsque le projet de loi a été adopté en première lecture). Mais comme je suis nommé par la présidente, elle doit le signer. Cela devrait arriver très prochainement. Peut-être que mon départ fera réfléchir ceux qui soutiennent l’adoption de cette loi.
Je n’ai pas parlé avec mes collègues, mais la plupart d’entre eux sont profondément pro-européens. Je n’exclus pas que mon exemple soit suivi, mais tel n’était pas mon objectif. Chacun fera selon sa conscience.
J’ai déjà attendu un moment. Je pensais : « Ils écouteront les recommandations de nos partenaires et changeront d’avis ». Mais quand j’ai accompagné une délégation de sénateurs français en Géorgie et que les dirigeants leur ont dit que c’était une loi “inoffensif” qui protégerait « ingérence étrangère », J’ai senti leur détermination à faire adopter la loi. Je ne suis pas très optimiste, mais je m’accroche à l’espoir qu’ils continueront à le modifier ou à le supprimer.
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