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« Je calcule tout. Absolument tout », confie Laura, une mère soutenue par le Secours populaire.

« Il y a eu des moments où on ne mangeait pas pour pouvoir nourrir les enfants. C’est là que je me suis dit que je n’en pouvais plus, qu’il fallait que j’aille au Secours populaire », confie Laura Duchaussoy. La jeune femme de 34 ans, mère de trois enfants de 3, 10 et 14 ans, a décidé de s’inscrire au Secours populaire en mai 2023. Dans son baromètre annuel dévoilé ce jeudi, l’association explique que 62 % des personnes interrogées souffrent ou s’attendent à souffrir d’une situation de pauvreté.

Laura et son mari, Montasar, en font partie. Les habitants de Beaumont-du-Gâtinais, en Seine-et-Marne (77) « ne s’en sortaient plus », confie-t-elle. Laura a quitté son emploi de préparatrice de commandes à Nemours après son congé parental. « On avait regardé pour prendre une nounou mais financièrement, on n’en avait pas les moyens. Entre la nounou et le loyer, c’est tout un salaire qui s’envole », s’exclame la jeune femme qui a donc préféré quitter son emploi où elle gagnait environ 1 700 euros par mois, primes comprises, et ce, « malgré cinq ans d’ancienneté ».

Revenu de 500 euros par mois

Son mari Montasar, de nationalité tunisienne, a eu du mal à obtenir un permis de séjour, sésame qui ouvre de nombreuses portes professionnelles. Depuis son obtention, Montasar a rapidement trouvé un emploi temporaire de technicien de magasin, mais ses revenus, en moyenne 1 600 euros par mois, sont irréguliers. Cette situation instable, couplée au traumatisme d’une époque où la famille subsistait avec seulement 500 euros par mois, pousse la mère à être très attentive aux comptes.

« Nous étions cinq avec seulement 500 euros de revenus, les dettes ont commencé à s’accumuler », se souvient la jeune femme, heureuse d’avoir encore la chance d’être proche de sa famille, qui l’a aidée à payer son crédit immobilier. Même si aujourd’hui, entre le Secours populaire, le travail de son mari et sa rupture conventionnelle – qui lui permet de toucher des allocations chômage – la famille « sort enfin la tête de l’eau », Laura n’a pas oublié sa calculette.

« J’ai emmené la moitié de la maison » en vacances

« Je calcule tout. Absolument tout », confie Laura, qui donne l’exemple des gâteaux industriels qu’elle n’achète plus. « Cela nous coûtait 100 euros par mois. Un paquet coûte au moins deux euros, alors qu’avec cette somme, on peut avoir deux baguettes et un peu de chocolat ! », illustre la mère de famille. Aujourd’hui, Laura préfère faire « elle-même » les gâteaux de ses enfants et espère pouvoir bientôt devenir professionnelle et vendre ses pâtisseries. Cette année, la famille a pu partir en vacances, après avoir économisé, mais Laura a fait attention au budget, comme toujours. « J’ai emporté la moitié de la maison avec moi pour éviter de dépenser de l’argent sur place », explique-t-elle. « J’ai même acheté une friteuse bon marché pour pouvoir faire des frites pour les enfants et éviter d’en acheter au snack, on n’a pas les moyens. »

Laura, son mari Montasar et leurs trois enfants, Loucka, 14 ans, Dereck, 10 ans et Aliya, 3 ans, pendant leurs vacances cet été.– Laura Duchaussoy

L’inflation a étranglé de nombreux ménages français. Mais l’électricité devrait baisser en février 2025 et les prix de l’essence sont déjà en baisse. Pour le plus grand bonheur de Laura. « Dix centimes de moins par litre, ça fait très vite des économies pour une famille », constate-t-elle, alors qu’elle doit régulièrement emmener ses enfants à Nemours pour leurs rendez-vous. Laura a aussi bénéficié deux années de suite d’un chèque énergie de 277 euros, une bouffée d’air frais pour son budget très serré.

Bidons de carburant de « 20 litres ici, 30 litres là »

Un coup de pouce indispensable, puisque la famille dispose d’un réservoir de carburant. « C’est près de 2 000 euros par an et comme il faut commander au moins 500 litres pour se faire livrer, c’est une somme énorme à débourser en une seule fois », confie-t-elle. « Et on ne pouvait pas se permettre de payer mensuellement car pour cela, il faut être sûr d’avoir les 120 euros par mois. » Durant les mois les plus difficiles, Laura et Montasar se rendaient à Montargis dans une station-service où il est possible d’acheter du carburant en petite quantité. « On remplissait des bidons de 20 litres ici, 30 litres là pour pouvoir se chauffer », se souvient Laura. Aujourd’hui, la maman est heureuse de pouvoir, grâce au Secours populaire, offrir des cadeaux à ses enfants en donnant une seconde vie à des jouets qui ont été donnés à l’association.

« Les choses vont beaucoup mieux mais il nous a quand même fallu cinq ans pour nous en sortir », soupire Laura. « On a toujours peur de se retrouver le mois suivant avec un nouvel imprévu, il faut toujours avoir un peu d’argent de côté, on ne sait jamais. » La mère de famille regrette que « beaucoup de gens ne s’en sortent même pas avec un salaire » et estime que le SMIC est insuffisant. Aujourd’hui à un peu moins de 1 400 euros net par mois, « il faudrait au moins 2 000 euros », estime-t-elle.

Anna

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