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“Je vis une expérience incroyable avec la flamme olympique sur l’océan”

Le chef du restaurant Le Coquillage à Cancale raconte sa traversée inédite de l’Atlantique avec la flamme olympique attendue samedi en Guadeloupe.

Il sort d’une douche au milieu de l’Atlantique. « Tout frais », glisse-t-il au Figaro, visiblement heureux de vivre une traversée de l’Atlantique en compagnie des marins Armel Le Cléac’h, Sébastien Josse, des stars Marie-José Pérec, Marine Ltemporel, Alexis Michalik et surtout des Flamme olympique. Pendant vingt minutes, le chef doublement étoilé du restaurant Le Coquillage à Cancale raconte cette expérience unique à bord du maxi-trimaran Banque Populaire XI qui emmènera l’équipage en Guadeloupe. Arrivée prévue à Pointe-à-Pitre prévue samedi.

LE FIGARO. – Alors, comment se passe cette traversée ?

Hugo ROELLINGER. – C’est une expérience incroyable. Déjà, nous avons fait une très belle sortie de Brest, accompagnés de nombreux bateaux, avec une belle luminosité avant de passer notre première nuit en mer. Ensuite, nous avons eu quelques jours de vent plus fort. Certains membres de l’équipage étaient un peu fatigués à cause du mauvais temps. Et puis nous avons attrapé quelques rayons de soleil et nous voilà dans les alizés depuis ce matin. Beau temps, belle mer. Il y a 15 nœuds de vent, le bateau avance à 30 nœuds. Ce matin nous avons regardé la cartographie avec Armel (Le Cléac’h) et nous avons vu que nous étions à mi-chemin, en plein milieu de l’Atlantique, à des milliers de kilomètres de la terre. C’est juste incroyable. Cette immensité… On se sent tout petit. Cela signifie aussi vivre en équipage réduit et coupé de notre quotidien. Nous nous réjouissons donc de plein de petits plaisirs. C’est incroyable. Nous avons un rythme totalement en décalage avec un rythme terrestre. Nous travaillons par quarts de 3 heures la nuit, nous dormons quand nous voulons dormir, nous mangeons quand nous voulons manger. Armel et Sébastien (Josse) nous font découvrir ce rythme de marin qu’ils ont en course.

Personnellement, comment vivez-vous cette expérience ?

J’ai ma caméra interne allumée et je prends autant de souvenirs que possible parce que c’est des choses incroyables. Nous avons beaucoup de chance de vivre cela. Et j’ai un attachement particulier à la mer et à l’océan. Je pratique tous mes sports depuis toute petite sur cet élément qui me construit et m’inspire dans ma cuisine quotidienne. Alors vivre réellement le grand large sur un voilier est une expérience qui sera mémorable, c’est certain.

Concrètement, la promiscuité ne vous pèse pas trop ?

Le bateau est grand mais les espaces de vie sont très petits. Je n’ai pas trop de problèmes avec ça. On a un super équipage, on a la chance de s’entendre tous très bien. Nous avons tous des personnalités très différentes mais nous rions beaucoup et nous nous entendons très bien.

Cela veut-il dire que vous n’avez pas encore combattu avec Alexis Michalik ?

(Rires) On se dispute beaucoup mais on ne s’est pas encore battu, non. Nous voilà à mi-parcours, il nous reste donc 3 jours et demi avant de découvrir les côtes guadeloupéennes.

Est-ce que ça va vite ou pas ?

Ce qui est assez surprenant, c’est qu’à certains moments, on est vraiment au bord de l’ennui, car on n’a plus l’habitude d’avoir le temps. Mais ça fait vraiment du bien. Cela laisse place à notre esprit, à notre imagination. Nous n’avons pas l’habitude de faire quoi que ce soit sur terre car nous sommes constamment surmenés par nos métiers respectifs. Et là, on n’est pas constamment en train de chercher le téléphone, le truc, le truc. Alors on prend le temps et on se déconnecte.

Ça fait du bien ?

Ah ben oui. On vit cette aventure, on savoure la liberté de naviguer sur un tel bateau et de traverser un océan.

Vous avez parlé de la mer qui vous inspire pour votre cuisine. Cette traversée et ce temps de pause vous permettent-ils de réfléchir à de nouvelles recettes ou de nouveaux plats ?

J’ai ma propre méthode de création. Je ne suis pas un travailleur acharné pour m’efforcer de réaliser un plat, mais par contre je réfléchis constamment et je m’immerge dans les environnements que je découvre, qu’il s’agisse des odeurs, des rencontres ou de l’esthétique des choses. . Je crée dans ma tête des bibliothèques qui sortiront à un moment ou à un autre. Alors c’est sûr que ces moments se démarqueront. Je ne sais pas de quelle manière dans la cuisine mais cela va certainement l’influencer. Cette expérience n’est pas anodine.

Et à bord, avez-vous le temps de cuisiner quelques repas pour vos amis ?

Donc la cuisine est très basique, c’est à dire qu’il y a un poêle qui est sous le cockpit du bateau, donc il faut déjà descendre avec une lampe frontale, et il y a une casserole. Nous mangeons donc des plats en conserve que nous réchauffons. J’ai quand même apporté quelques épices, des piments, des poivrons, pour apporter du twist à ces plats.

Est-ce qu’ils ont l’air d’aimer ça ?

Ils sont heureux, oui. Et le soir, je leur apporte des tisanes et Alexis nous raconte des énigmes. Nous rions beaucoup. Et on n’oublie pas d’entretenir la flamme, c’est pour cela que nous faisons la traversée.

Justement, est-il toujours vivant, allumé ?

Il est allumé en permanence, oui. Il doit être rempli de paraffine toutes les 8 heures environ. Cela crée une belle ambiance chaleureuse le soir lorsque toutes les lumières sont éteintes. Nous le voyons tout le temps. Là, je te parle, je la vois, elle est juste à côté.

Vous l’avez porté à Saint-Malo, quelles émotions avez-vous ressenti ce jour-là ?

C’était très fort. J’y suis arrivé à 6h00 pour me présenter et rencontrer les autres porteurs de flammes. Je n’avais pas forcément beaucoup d’attentes. Et puis il y a eu les témoignages très touchants de toutes ces personnes du monde sportif, en faveur des personnes en situation de handicap. Et puis c’était plein de bienveillance, de légèreté, de bonheur d’être ensemble. Avec beaucoup de sourires et de joie de vivre partagées le temps d’un moment autour du sport et autour de la flamme. C’était donc un très beau moment. Et beaucoup d’émotions.

Quelle est votre relation avec les Jeux Olympiques ?

Au début, je n’avais pas vraiment conscience de l’impact des Jeux Olympiques avant qu’on me propose de participer à cette transatlantique et que je m’y intéresse. Et maintenant, je me rends compte de l’enthousiasme qu’il y a autour de cet événement et de toute la symbolique des Jeux Olympiques. C’est super fort. Je me lance dans le jeu. Je suis très heureux d’avoir fait partie de cette aventure. Et puis je vais suivre certains événements qui me passionnent, notamment en voile, surf et skateboard.

Quels sports pratiquez-vous sur l’eau ?

J’ai commencé au tout début du kitesurf en France, et après 20-25 ans de kite, aujourd’hui je fais beaucoup de surf-foiling et de wind-foiling, entre Cancales et Saint-Malo.

Et quelle est votre relation avec les Antilles, qui vous attendent avec impatience ?

Les Antilles, comme Malouin, c’est l’histoire de l’aventure maritime et de tous ces corsaires et flibustiers qui partaient naviguer dans ces mers. Et dans ma cuisine, j’essaye de réchauffer le goût de la mer avec des épices, avec des poivrons, car c’est l’histoire de l’aventure maritime de Saint-Malo et de Cancale. Nous avons notamment des producteurs de curcuma en Guadeloupe et plus largement aux Antilles, des producteurs de clous de girofle et de muscade sur l’île de Grenade. De plus, quand j’étais petite, j’allais aussi souvent aux Antilles pour des balades en bateau. Pour moi, c’est vraiment le pays qui nourrit notre imaginaire de pirates quand on est petit. Traverser l’Atlantique en bateau et voir ces îles apparaître en quelques jours est un rêve d’enfant devenu réalité.

Lors de votre traversée, avez-vous constaté une réelle pollution des océans ? Et avez-vous un message à faire passer sur le sujet ?

Pour moi, cet élément qui m’est cher, il est essentiel de le préserver. Parce que la santé de l’humanité dépend de la santé des océans. La mer est le poumon et le garde-manger de l’humanité. Ces skippers ne se contentent pas de concourir, ils mettent en valeur la beauté des océans pour nous apprendre à les aimer et ainsi les protéger. Depuis le début, nous n’avons pas vraiment constaté de pollution. Nous avons vu des dauphins et des baleines mais… (on entend des cris derrière) J’ai mon équipage qui me transporte à mes côtés. On dit qu’on n’a pas vu les baleines d’assez près pour dire qu’on les a vues et que je fais mon Marseillais (rires)…

Ce genre de voyage pourrait-il vous donner envie de faire de la course au large ?

Non, non, c’est du beau métier, mais les marins sont quand même courageux. Ce n’est pas si facile. C’est fatiguant en fait. Quand on fait des manœuvres pour faire un empannage ou un virement de bord, c’est 1 heure pour plusieurs personnes. Alors quand ils sont seuls, l’effort est énorme. Et puis nous avons la chance d’avoir une météo plutôt clémente. J’imagine ce que ça doit être sur un Vendée Globe, quand ils s’élancent sur des monocoques Imoca qui sont des bateaux encore plus physiques. J’ai beaucoup de respect pour les hommes qui courent au large, il faut en être capable…

Fleur

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