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Jean-Luc Mélenchon fait condamner le réalisateur Olivier Marchal pour injure


Là 17 anset La chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, spécialisée dans les délits de presse, a condamné, jeudi 19 septembre, Olivier Marchal à 1 000 euros d’amende avec sursis pour « injure publique à personne ». L’« individu », dans ce cas, se nommait Jean-Luc Mélenchon. Par une plainte déposée le 19 juillet 2022, le fondateur de La France insoumise a poursuivi le cinéaste pour ses propos tenus le 4 mai 2022 sur le plateau de l’émission Chez Jordansur Canal+.

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Le directeur de 36 Quai des Orfèvresun ancien policier, avait fustigé le « leader maximo » de la gauche française, le traitant de « salaud » et d’« aboyeur », après l’avoir vu s’en prendre à un responsable de la BAC (brigade anticriminalité) le 27 janvier 2022, dans une autre émission de télévision, Face à Babaprésenté sur C8 par Cyril Hanouna. En campagne pour l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon s’en était violemment pris ce jour-là à son interlocuteur, l’accusant de violences policières et menaçant de le “virer” de l’administration s’il accédait à l’Élysée.

“Ce que ce type dit à propos des flics n’est tout simplement pas possible…”

Devant sa télévision, Olivier Marchal avait vu rouge. A son tour sur l’écran, quelques semaines plus tard, cet ancien inspecteur de la brigade criminelle avait matraqué le candidat à l’Élysée : « Ce que ce type raconte sur les flics, c’est juste pas possible… Je ne peux pas », s’était-il étranglé en parlant de Jean-Luc Mélenchon. « Connard », « tribun dangereux raclant le fond du baril », « crétin », « moche de l’intérieur », « aboyeur » et « usurpateur »… Olivier Marchal avait couvert sa bête noire politique d’une tonne d’insultes. Seule la première description a été retenue par le tribunal, pour le condamner.

À LIRE AUSSI Les vieux démons de Jean-Luc MélenchonDans sa colère, le réalisateur aurait-il dû subir les foudres de la justice pénale suite à ces propos ? Ses injures constituent-elles juridiquement des injures telles que définies et punies par la loi de 1881 sur la liberté de la presse (« toute expression outrageante, un terme de mépris ou une invective » qui, contrairement à la diffamation, « ne contient l’imputation d’aucun fait ») ? Les circonstances dans lesquelles elles ont été proférées auraient-elles au contraire dû lui permettre d’échapper à une condamnation, au nom de la liberté d’expression et dans un contexte de polémique politique ?

Telles sont les questions qui ont été posées aux juges de la 17e Cour dans ce procès.et chambre. Qui a donc opté pour un jugement en demi-mesure. « Des propos incisifs, certes, mais à replacer dans un débat d’intérêt général (l’action de la police et le comportement de ses agents), avait soutenu à l’audience, en juin dernier, M.et Pascal-Pierre Garbarini, en défense d’Olivier Marchal. “Je sais qu’avec Jean-Luc Mélenchon tous les coups sont permis, mais il y a des limites. Dans ce cas, la ligne rouge a été franchie. “Connard” est une insulte, certainement pas une opinion”, avait dénoncé M avant luiet Mathieu Davy, pour le leader de LFI. « Les propos de mon client répondent aux attaques virulentes et insultantes de M. Mélenchon envers une institution à laquelle l’ancien policier que je défends reste profondément attaché. Il ne pouvait s’attendre à rien d’autre qu’une réaction forte, lui qui, à des fins électoralistes, brutalise et tente sans cesse de discréditer la police », a rétorqué Me Davy.et Garbarini. « De par son statut d’homme politique, Jean-Luc Mélenchon bénéficie d’une liberté d’expression renforcée, dont il n’hésite pas à user et abuser à grand renfort de formules clivantes et choquantes, pour gagner des soutiens, élevant la voix dans ses discours pour marteler son propos ou l’imposer par la force. Il s’expose, en retour, à des critiques sans concession », avait tenté de convaincre le défenseur d’Olivier Marchal. À LIRE AUSSI Erreurs de communication – Le cas de Jean-Luc Mélenchon

Distinguer les propos blessants, dégradants et violents punis par la loi des appréciations péjoratives ou dérogatoires permises au nom de la liberté d’expression, en les replaçant dans leur contexte : tel est le travail des juges dans ce type de dossiers.

Où tracer la ligne ?

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) admet que des déclarations faites dans la presse – ou à la télévision – peuvent contenir « une dose d’exagération et de provocation ». La question est de savoir où placer la limite, étant précisé que l’exception de vérité – la possibilité d’apporter la preuve de ce que l’on prétend – n’est pas possible en cas d’injure, alors qu’elle est permise en cas de diffamation. « La polémique s’arrête là où commencent les attaques personnelles », a pu trancher la Cour de cassation dans l’affaire du « crématorium Durafour », qui a conduit à la condamnation de Jean-Marie Le Pen. Le contexte politique, s’il autorise certains excès, « n’est pas de nature à effacer le caractère méprisant et outrageant de (certains) propos », a rappelé la chambre criminelle de la haute juridiction dans cet arrêt du 30 octobre 2012. Avant d’assouplir sa position deux ans plus tard : la liberté d’expression, s’agissant des propos injurieux tenus dans le cadre d’un débat politique, « ne peut être entravée ou restreinte (…) que pour des raisons impérieuses », a-t-elle estimé.

Tout est donc une question d’appréciation. Les juges, rappelle Christophe Bigot dans son Pratique du droit de la presse (Dalloz), prennent en compte le contexte polémique pour passer sous silence l’emploi de certains termes qui, hors de ce cadre, auraient été qualifiés d’injures, afin de « préserver la libre opinion sur les actions et les positions de chacun ». L’expression « guimauve molle et collante » a ainsi été autorisée, à l’égard d’un élu dont l’inaction a été critiquée par l’un de ses adversaires politiques. En revanche, dans l’affaire dite du « mur des cons », le tribunal correctionnel de Paris a condamné le président du syndicat de la magistrature, considérant que les inscriptions visées par le réquisitoire ne relevaient « d’aucun débat d’idées lisible, d’aucune controverse syndicale ou même politique qui aurait permis d’apprécier les limites les plus larges possibles des limites admissibles de la liberté d’expression ». De même, en 2019, la justice a condamné le publicitaire Jacques Séguéla, qui avait qualifié Jean-Marie Le Pen de « nazi », la cour estimant que le propos « ne pouvait s’analyser comme une simple opinion sur le positionnement idéologique d’une personnalité publique, notamment en raison de l’excès de (ce) terme particulièrement outrancier ». « Déterminer une norme d’expression au-delà de laquelle la liberté d’expression est outrepassée est un exercice très périlleux », observe Met Bigot.

Dans l’affaire Mélenchon-Marchal, la cour a tranché, faisant pencher la balance, pour une seule affirmation – “connard” – dans le sens du droit à la dignité, affecté par un excès de langage, plutôt que dans le sens de la liberté d’expression, reconnue pour les autres déclarations d’Olivier Marchal, dans son emportement.

Interrogé après le prononcé du verdict, M.et Pascal Garbarini a indiqué qu’il “réfléchissait” à un éventuel appel. “M. Marchal a été acquitté de cinq déclarations et condamné seulement d’une, donc c’est une bonne décision”, a-t-il ajouté.


Anna

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