Jean-Michel Jacques, un marin à la tête de la commission de défense de l’Assemblée nationale

Au Palais Bourbon, on dit que c’est le plus beau bureau de l’Assemblée nationale. Au mur, une immense toile représentant une bataille navale et sur une console, un béret vert de commando Marine, matricule 7480, Jean-Michel Jacques nous y accueille.

« Quand on arrive ici, c’est vraiment impressionnant, parce qu’on a un bureau avec des meubles anciens et aussi des moulures anciennes et c’est l’un des plus beaux de l’Assemblée nationale. À un moment, l’administration a été tentée, pour gagner de la place, de le couper en deux, mais le service historique en a décidé autrement. Ils ont fait ce qu’il fallait, ce qui lui a permis de conserver toute sa splendeur. Et sur une commode, j’ai posé mon béret de commando de Marine. Ce béret qui ne m’a jamais quitté depuis que je l’ai reçu d’un de mes aînés et qui me suivra partout. Donc, il m’a suivi jusqu’à mon bureau de maire. Il m’a suivi jusqu’à mon bureau de député. Pour moi, c’est beaucoup de choses et si je me perds ou s’il y a quoi que ce soit, il suffit de regarder et tout rentre dans l’ordre. »

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La Flamme de la Résistance

Rien ne le prédestinait à entrer au Palais Bourbon, Jean-Michel Jacques, 56 ans, est né en Moselle, dans la vallée de la Fensch. C’est une vallée de l’acier et des mines et en fait, j’avais un grand-père qui était italien, qui était venu travailler dans les mines de charbon très jeune, et puis un autre grand-père qui travaillait dans les usines sidérurgiques, un grand-père qui avait été résistant et déporté au camp de concentration du Struthof et au camp de concentration de Dachau. Ce grand-père qui avait été résistant et déporté, lors des repas de famille, racontait ce qu’il avait vécu. Très jeune, j’ai pris conscience de ce que l’homme peut être, du meilleur et du pire. Et très vite, j’ai eu ce besoin de m’engager pour mon pays pour éviter, peut-être, que notre pays soit à nouveau maltraité comme je l’avais entendu à travers les récits de mon grand-père. Et donc cela m’a conduit à 18 ans, sans le dire à mes parents, à franchir les portes du bureau de recrutement de la caserne Ney à Metz, pour m’engager. »

Pour pimenter sa vie, sourit-il, ce sera la Marine : “Et c’était la Marine parce qu’à l’époque, j’avais suivi une formation de charpentier et je me suis dit, je vais être charpentier de la Marine pour aller en mer, pour voyager ! Très vite, on m’a dit, charpentier de la Marine, ce n’est pas possible, il faut choisir autre chose. Donc, j’ai choisi d’être commando de la Marine parce que tout simplement, quand je suis entré dans ce bureau de recrutement j’avais vu une affiche avec un homme qui se jetait d’un hélicoptère au-dessus du désert. J’ai trouvé ça extraordinaire et donc je me suis dit : je vais faire ça et donc je me suis engagé comme ça ! Et je suis parti faire une formation de fusilier commando de la Marine, et je suis allé rejoindre les commandos de la Marine à Lorient.”

L’expérience afghane

Fusilier au Commando Jaubert, puis au Groupement d’Intervention de Combat Fermé, il rejoint finalement le commando Trépel, fort de l’expérience de la guerre en Afghanistan : “C’était effectivement un terrain difficile où la mort était continuellement et potentiellement présente. En tout cas, c’est une séquence de ma vie que je n’oublierai jamais. Des moments de camaraderie, mais aussi des moments de tristesse quand on a le triste honneur, comme moi, de porter le cercueil de son frère d’armes dans la Cour des Invalides. »

Une seule boussole

Après 24 ans dans la Marine, Jean-Michel Jacques poursuit cette fois son engagement politique : d’abord comme maire de Brandérion, petite commune proche de Lorient, puis comme député du Morbihan, élu trois fois sous les couleurs de la majorité présidentielle. A la tête de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées, il plaide pour l’instauration à l’Assemblée nationale de l’esprit d’équipage acquis au cours de ses années dans la Marine, « L’ambition est déjà de faire en sorte que la loi de programmation militaire soit réalisée dans son intégralité et telle qu’elle a été votée. Et donc cela nécessitera de veiller à ce que le budget alloué à nos armées soit préservé, ce n’est pas un luxe. Nous avons la guerre aux portes de l’Europe, nous avons le droit international qui est bafoué. Nous le voyons à travers l’agression russe en Ukraine. Nous ne devons garder qu’une seule boussole, c’est l’intérêt supérieur de la nation. Et l’intérêt supérieur de la nation passera par une défense solide. Et là, je ne doute pas que mes collègues députés de tous bords auront toujours cela à l’esprit et veilleront à ce que, malgré des débats peut-être houleux au sein de la commission de la défense, nous conservions cet esprit d’équipe dans l’intérêt de notre pays et de nos militaires. »

Cette méthode revendiquée : la consultation et le sens de la communauté seront précieux dans un hémicycle particulièrement fragmenté.