Huit heures. Le bateau qui relie Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) à Jersey vient d’accoster. La rue piétonne de Saint-Hélier, la capitale des îles anglo-normandes, regorge de passants occupés. Salariés et clients se ruent vers les banques qui font la richesse de ce territoire de 116 kilomètres carrés, à deux pas des côtes normandes. Une matinée comme les autres sur l’île connue pour ses conditions fiscales avantageuses.
Enfin presque. Depuis plusieurs semaines, toutes les conversations tournent autour du projet de tunnel sous-marin destiné à relier Guernesey à Jersey, puis à la France d’ici 2040. Début mars, les chambres de commerce des deux îles ont organisé une rencontre avec des ingénieurs scandinaves.
A l’initiative de cette rencontre, Martyn Dorey, directeur d’une société financière à Guernesey et président de l’association Connect 3 Million, qui milite pour un tunnel entre Granville (Manche) et Saint-Pierre-Port (Guernesey). “Quand j’étais président de la Chambre de Commerce de Guernesey, on me demandait ce que je faisais pour favoriser les liens entre les îles Anglo-Normandes et la France”, il se souvient.
Trois cent soixante mille passagers par an
Les difficultés d’accès, les problèmes d’approvisionnement, le vieillissement de la population et le besoin croissant de main d’œuvre l’ont poussé à se pencher sur la question en 2019. « J’ai rassemblé mon équipe et leur ai demandé les idées les plus folles pour résoudre ces défis. Parmi eux figurait la construction d’un tunnel. »
Ce n’est pas la première fois que les îles Anglo-Normandes y réfléchissent, chaque année environ trois cent soixante mille passagers voyagent entre les îles et le continent. « Je me souviens que, dans les années 2000, un député de Jersey avait présenté l’idée d’un pont vers la France. À l’époque, personne ne s’en souciait, raconte le géographe Christian Fleury, de l’Université de Caen-Normandie. Mais ce dernier projet semble cette fois bien plus sérieux. »
Car entre-temps, le Brexit a eu lieu. Premièrement, cela a laissé un mauvais souvenir aux habitants, à qui il a été interdit de participer au référendum. Si proches de la France, les trois îles anglo-normandes (avec la petite Sercq) ont un statut bien distinct : si elles ne font pas strictement partie du Royaume-Uni, elles dépendent néanmoins de la couronne britannique. Et bien qu’ils n’aient jamais fait partie de l’Union européenne, les relations avec le continent sont devenues considérablement compliquées depuis le Brexit.
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Huit heures. Le bateau qui relie Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) à Jersey vient d’accoster. La rue piétonne de Saint-Hélier, la capitale des îles anglo-normandes, regorge de passants occupés. Salariés et clients se ruent vers les banques qui font la richesse de ce territoire de 116 kilomètres carrés, à deux pas des côtes normandes. Une matinée comme les autres sur l’île connue pour ses conditions fiscales avantageuses.
Enfin presque. Depuis plusieurs semaines, toutes les conversations tournent autour du projet de tunnel sous-marin destiné à relier Guernesey à Jersey, puis à la France d’ici 2040. Début mars, les chambres de commerce des deux îles ont organisé une rencontre avec des ingénieurs scandinaves.
A l’initiative de cette rencontre, Martyn Dorey, directeur d’une société financière à Guernesey et président de l’association Connect 3 Million, qui milite pour un tunnel entre Granville (Manche) et Saint-Pierre-Port (Guernesey). “Quand j’étais président de la Chambre de Commerce de Guernesey, on me demandait ce que je faisais pour favoriser les liens entre les îles Anglo-Normandes et la France”, il se souvient.
Trois cent soixante mille passagers par an
Les difficultés d’accès, les problèmes d’approvisionnement, le vieillissement de la population et le besoin croissant de main d’œuvre l’ont poussé à se pencher sur la question en 2019. « J’ai rassemblé mon équipe et leur ai demandé les idées les plus folles pour résoudre ces défis. Parmi eux figurait la construction d’un tunnel. »
Ce n’est pas la première fois que les îles Anglo-Normandes y réfléchissent, chaque année environ trois cent soixante mille passagers voyagent entre les îles et le continent. « Je me souviens que, dans les années 2000, un député de Jersey avait présenté l’idée d’un pont vers la France. À l’époque, personne ne s’en souciait, raconte le géographe Christian Fleury, de l’Université de Caen-Normandie. Mais ce dernier projet semble cette fois bien plus sérieux. »
Car entre-temps, le Brexit a eu lieu. Premièrement, cela a laissé un mauvais souvenir aux habitants, à qui il a été interdit de participer au référendum. Si proches de la France, les trois îles anglo-normandes (avec la petite Sercq) ont un statut bien distinct : si elles ne font pas strictement partie du Royaume-Uni, elles dépendent néanmoins de la couronne britannique. Et bien qu’ils n’aient jamais fait partie de l’Union européenne, les relations avec le continent sont devenues considérablement compliquées depuis le Brexit.
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