Aorsque le Moyen-Orient se trouve, selon le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, « au bord du précipice », Joe Biden se trouve face à un dilemme : d’un côté, le président américain promet un soutien « sans faille » à Israël, mais de l’autre , il veut tout faire pour éviter une guerre avec l’Iran, après l’attaque sans précédent de Téhéran contre l’Etat hébreu.
« Le président a été clair : nous ne voulons pas d’escalade. Nous ne voulons pas d’une guerre prolongée avec l’Iran », a déclaré dimanche à la télévision américaine le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.
LIRE AUSSI EXCLUSIF. « L’attaque iranienne contre Israël a bouleversé l’équation militaire au Moyen-Orient »Les Etats-Unis n’ont pas non plus l’intention de participer à d’éventuelles représailles israéliennes, assure un haut responsable américain s’adressant aux journalistes sous couvert d’anonymat. Et selon lui, Israël « ne cherche pas une escalade significative avec l’Iran » même si cette attaque visait à « détruire et tuer ».
« Pesez bien les risques »
Le président Biden “a clairement dit au Premier ministre (israélien) que nous devions peser soigneusement et stratégiquement les risques d’escalade” afin d’éviter une guerre régionale plus large, selon le haut responsable américain.
Le calcul de Washington semble être que Téhéran a obtenu ce qu’il voulait en faisant une démonstration de force en représailles à la frappe attribuée à Israël, qui a tué des officiers supérieurs iraniens. Et, pour les Américains, Israël a démontré de manière spectaculaire sa puissance défensive, avec 99 % des projectiles iraniens interceptés.
L’Iran, de son côté, semble avoir voulu éviter une escalade, a souligné Nick Heras, analyste au groupe de recherche américain New Lines Institute for Strategy and Policy. Cette attaque “avait pour but d’être visible dans le monde entier, mais pas de dégénérer la situation en une guerre régionale totale”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité dimanche soir à l’ONU, l’ambassadeur israélien Gilad Erdan a appelé à « imposer toutes les sanctions possibles contre l’Iran avant qu’il ne soit trop tard ». Il a insisté : « Israël se réserve le droit de riposter ». Dimanche soir, la nature exacte de cette réponse restait incertaine, en l’absence de communiqué à l’issue d’une réunion du cabinet de guerre.
Les élections américaines en ligne de mire
Pour Joe Biden, l’équation entre les intérêts d’Israël, ceux des Etats-Unis et les siens est complexe, à sept mois d’une revanche contre Donald Trump, qui l’accuse d’être “faible” sur l’Iran. “Si Joe Biden encourage les Israéliens à ne pas riposter, alors ce serait une honte pour les Etats-Unis”, a dénoncé sur CNN le faucon John Bolton, ancien conseiller de Donald Trump, appelant au contraire Israël à “détruire le programme nucléaire iranien”. .
LIRE AUSSI Élection présidentielle américaine : la guerre à Gaza peut-elle faire tomber Joe Biden ?Dans le même temps, le président démocrate perd du terrain auprès des minorités, notamment musulmanes, tandis que le conflit à Gaza s’éternise. Et alors que le baril de pétrole s’élève jusqu’à 100 dollars, une aggravation du conflit pourrait faire monter en flèche le prix à la pompe. Et de rendre sa réélection encore plus compliquée.