L14 août 2017, commune de Sept-Sorts. Une voiture s’écrase sur la terrasse d’une pizzeria. Des dizaines de personnes sont blessées, une petite fille décède. Au volant, un homme, sans mobile terroriste. « Au fond de lui, à cet instant précis, que se passe-t-il ? » « C’est le vertige », s’interroge le journaliste Justin Morin, qui couvre l’affaire. Ce vertige ne le pousse pas vers l’information, mais vers la littérature. Avec vérité et dignité, Justin Morin, qui a fait le master d’écriture créative à l’université Paris-8, dresse le portrait d’Angèle, de sa mère, Betty, de son père, Sacha, gravement blessé, et de ses frères, Nikola et Dimitri, 4 ans, qui passeront des mois à l’hôpital. Il décrit la foi des parents qui s’évapore puis revient par petits élans, à mesure qu’ils réapprennent à respirer. La solidarité qui pèse parfois des tonnes, la famille qui se porte sur quatre dos. “cent kilos de chagrin”. Le statut compliqué de victime. Le procès, les excuses dérisoires d’un coupable impassible. C’était déjà beaucoup de sonder, avec autant de précision, la violence arbitraire qui nous terrifie.
Justin Morin consacre la dernière partie du livre, romancée, à la sœur du tueur. À travers cette femme fictive, brisée par le geste d’un frère qu’elle ne peut renier, Justin Morin élève ce très beau document au rang d’une somme philosophique et littéraire englobant le deuil, la reconstruction et l’exercice de la justice face à une monstruosité sans raison ni pourquoi.
EXTRAIT « Betty et (…) Lire la suite