“La balance bénéfice/risque” des projets agricoles “doit être réévaluée” face aux contraintes environnementales, estime Agnès Pannier-Runacher

C’est la réponse du gouvernement à la colère agricole qui a émaillé les mois de janvier et février : un projet de loi agricole destiné à protéger l’agriculture française et à satisfaire les revendications des principaux syndicats du secteur. Présenté mercredi après-midi devant l’Assemblée nationale, le texte vise notamment à soulager les agriculteurs d’un certain nombre de contraintes environnementales et s’articule autour d’une notion répétée à l’envi par les responsables politiques : “la souveraineté mange”. Comme les médicaments après la crise sanitaire, le gouvernement souhaite rapatrier certaines productions liées au secteur agricole sur le territoire national : « Nous avons des maillons faibles dans notre chaîne de production agricole », déplore la ministre déléguée à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, qui affiche l’ambition d’augmenter “nos capacités de production” dans certains secteurs, par exemple “pour produire plus d’engrais en France”.

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Promouvoir l’agriculture en relation avec l’environnement

Pour ce faire, l’article principal du projet de loi prévoit d’ériger l’agriculture et la pêche comme étant d’« intérêt général majeur ». «C’est une demande très forte de la part des agriculteurs», précise Agnès Pannier-Runacher. « Cela permet, en mettant en balance deux sources juridiques, de dire que compte tenu de l’importance de l’agriculture sur notre territoire, la balance bénéfice/risque de certains projets doit être réévaluée », explique le ministre. “Il faut prendre en compte cette nécessité d’avoir une agriculture qui continue à produire sur notre territoire et qui permette de nourrir les Français et les Européens”, explique Agnès Pannier-Runacher. Une mesure suffisamment puissante d’un point de vue juridique pour permettre au juge de résoudre les litiges liés à l’environnement, y compris face aux contraintes liées à la charte de l’environnement. Elus et juristes doutent cependant de la portée du texte, la protection de l’environnement ayant valeur constitutionnelle alors que cet intérêt général majeur est inscrit dans une simple loi. « La charte de l’environnement a un rôle, mais dans les limites de la loi », affirme au contraire le ministre.

Derrière ces assouplissements des contraintes écologiques et environnementales, le gouvernement espère favoriser « le renouvellement des générations » dans le monde agricole, alors que le nombre d’agriculteurs est en baisse depuis plusieurs années : un tiers des quelque 500 000 agriculteurs seront en âge de partir. pour la retraite dans les dix ans. Le texte fixe également un objectif chiffré de « 400 000 exploitations agricoles » d’ici 2035.

Incitation plutôt que contrainte

Parmi les contentieux auxquels sont confrontés certains agriculteurs, le gouvernement choisit également d’assouplir la loi sur la question des haies. « Aujourd’hui la loi prévoit qu’un agriculteur qui arrache une haie » de manière inappropriée « peut être placé en garde à vue et condamné pénalement », rappelle Agnès Pannier-Runacher, pour qui « on ne peut pas traiter un agriculteur comme un forçat. Si le texte réaffirme l’interdiction de destruction d’une haie, il prévoit néanmoins des conditions d’exonération, dont la replantation. « Nous préférons que l’agriculteur soit obligé de replanter deux fois plus de haie qu’il aurait arraché au mauvais moment. Nous voulons la reconnaissance du droit à l’erreur et favorisons la réparation », explique le ministre. “Je vous rappelle que notre objectif est d’avoir 1,5 million de kilomètres de haies d’ici 2050. Si nous ne parvenons pas à avoir des incitations à planter des haies, nous n’y arriverons pas.”

La souveraineté comme argument environnemental

Plusieurs voix s’élèvent face à ces reculs sur les critères environnementaux. La Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire, appelle par exemple les députés à « modifier substantiellement le projet de loi ». « Le texte issu des travaux en commissions reste encore très insuffisant et contient des dispositions dangereuses contraires à la transition agro-environnementale », explique le syndicat dans un communiqué.

De son côté, pour tenter de concilier l’urgence climatique et environnementale avec ce projet de loi, Agnès Pannier-Runacher met en avant la question de la « souveraineté alimentaire ». C’est le cas par exemple sur la question de l’utilisation des produits phytosanitaires : « Si nous voulons produire en France avec des exigences environnementales élevées, il faut trouver des solutions pour nos agriculteurs. Sinon, nous importerons des aliments produits avec beaucoup plus de produits phytosanitaires interdits ici », prévient le ministre, qui maintient toujours l’objectif d’une « réduction des risques et des usages des produits phytosanitaires de 50 % d’ici 2030 ». Un texte sur la question spécifique des produits phytosanitaires sera débattu à l’automne.

Anna

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