La CEDH condamne la France pour l’assignation à résidence d’un militant écologiste lors de la COP21

Des policiers se tiennent devant le Grand Palais à Paris, le 4 décembre 2015, où se déroule une exposition « Solutions COP21 ».

La France a été condamnée, jeudi 16 mai, par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour l’assignation à résidence d’un militant écologiste lors de la COP21 à Paris, en 2015, sur le fondement de l’état d’urgence décrété après les attentats du 13 novembre. .

Dans un arrêt, la CEDH a condamné Paris à verser 11 500 euros à Joël Domenjoud à titre d’indemnisation, mais a rejeté un recours similaire déposé par son frère Cédric, également militant écologiste.

Les deux frères, nés respectivement en 1982 et 1985, ont fait l’objet, du 26 novembre au 12 décembre 2015, d’une convocation dans leur commune respective en région parisienne, au moment où se déroulait la COP21 (du 30 novembre au 12 décembre 2015). 12), qui mènerait à l’accord de Paris sur le climat. Les militants devaient se présenter trois fois par jour au commissariat et rester chez eux entre 20 heures et 6 heures du matin, rappelle la CEDH.

Une mesure contre le « mouvement de protestation radical »

Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve, s’appuyait sur l’état d’urgence proclamé le 14 novembre par le président François Hollande à la suite des attentats jihadistes de Paris et de Saint-Denis (130 morts). Le ministère a déclaré craindre des actions violentes lors du sommet et a accusé les deux frères d’être « principaux dirigeants du mouvement de protestation radical » en région parisienne.

Lire aussi (2015) | Les militants de la COP21, cibles de l’état d’urgence

Leurs recours devant la justice française ont été rejetés, ce qui les a amenés à saisir la CEDH. Dans le cas de Joël Domenjoud, les juges européens ont estimé que les mesures prises par Paris avaient violé l’article 2 du protocole numéro 4 de la Convention européenne des droits de l’homme (liberté de circulation). La CEDH considère que les convictions politiques ne justifient pas l’assignation à résidence.

Rien « n’indique pas que le demandeur ait personnellement envisagé de participer à des actions violentes »observe la CEDH. « La Cour considère que la radicalité de ses convictions politiques ne suffit pas, dans cette affaire, à se concrétiser » un risque de débordement. En revanche, concernant son frère Cédric, les juges constatent qu’il « avait déjà été condamné pour des faits de dommages » et qu’il « envisagé d’être embauché par un prestataire pour accéder au site de la conférence sur le climat ».

La mesure a été ordonnée « à une époque où la protection de la population constituait sans aucun doute une urgence et où les grands rassemblements étaient particulièrement exposés à la menace terroriste ». « Dans ces circonstances très particulières »la CEDH considère que la mesure « présentait un lien suffisant avec le cadre de l’état d’urgence ». Mais « l’existence d’un lien familial avec une personne susceptible de commettre des infractions ne suffit pas à justifier une mesure préventive »ont souligné les juges en défense de Joël Domenjoud.

Le Monde avec l’AFP

Réutiliser ce contenu