La croissance française, meilleure que prévu, reste menacée

L’Insee tablait sur 0,1% ce trimestre, la croissance entre avril et juin atteint finalement 0,3%. Malgré tout, les signaux d’alerte s’accumulent.

Sans être dans une forme olympique, l’économie française est actuellement sur une trajectoire positive. Le PIB français a progressé de 0,3% au deuxième trimestre, selon la première estimation de l’Insee publiée ce mardi. La croissance entre avril et juin est ainsi supérieure à la prévision initiale de l’Institut (une hausse de 0,1% par rapport au premier trimestre). La France se situe ainsi dans la moyenne de la zone euro (0,3% de croissance au deuxième trimestre également), loin devant l’Allemagne (-0,1%) mais loin derrière l’Espagne (0,8%).

L’activité du premier trimestre ayant été revue à la hausse à 0,3 %, la croissance acquise par la France atteint 1 % du PIB à la fin du premier semestre. Cette nouvelle n’a pas manqué de réjouir le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui a déjà annoncé que La France surperforme avec une croissance supérieure aux prévisions du gouvernement “, à 1% du PIB pour l’année 2024, précisément. Notre politique économique donne de bons résultats, il faut la maintenir dans la durée. Changer de cap aujourd’hui serait une erreur politique. »a déclaré le ministre démissionnaire, dans une allusion à peine voilée au contexte politique incertain – après la dissolution de l’Assemblée, la France ne sait toujours pas quelles forces politiques seront au gouvernement en septembre.

Sauf cataclysme et malgré une confiance qui s’érode clairement dans le contexte, la croissance devrait néanmoins continuer à progresser au troisième trimestre. L’Insee prévoyait un rebond de l’activité début juillet grâce, entre autres, à un effet positif des Jeux olympiques. Effet olympique » L’impact sur la croissance est estimé à 0,3 point, et atteindrait 0,5% au prochain trimestre. L’Institut économique prévoit ensuite une contraction de 0,1% du PIB au quatrième trimestre.

Des signaux « plus ambivalents »

De son côté, Franck Riester, ministre délégué au Commerce extérieur, se réjouit de constater dans les chiffres que Le commerce extérieur a contribué à la croissance de notre PIB, grâce au dynamisme des exportations ». C’est en effet suffisamment rare pour être noté. Au deuxième trimestre comme au premier, le commerce extérieur a été le principal moteur de l’économie française. Il a contribué à hauteur de 0,2 point à la croissance au deuxième trimestre, selon le rapport de l’INSEE. Les exportations ont été notamment tirées par la livraison d’un nouveau navire (le gigantesque paquebot de croisière Utopie des mers à 1,5 milliard d’euros, livré il y a quelques semaines par les chantiers de Saint-Nazaire à une entreprise américaine) et, dans une moindre mesure, par des livraisons dans le secteur aéronautique.

La bonne tenue des exportations constitue un élément positif net pour l’économie française, mais d’autres moteurs de cette croissance sont plus ambivalents. »Au premier semestre, l’activité a ainsi été tirée par les dépenses publiques et l’investissement, qui sont restés dynamiques malgré le discours politique appelant à des économies sur le budget de l’Etat – deux plans de 10 milliards d’économies chacun ont été annoncés par Bruno Le Maire en début d’année. Loin de se tarir, les dépenses publiques ont conservé un rythme soutenu tant en termes d’investissement que de consommation, en hausse respectivement de 0,6% et 0,3% au deuxième trimestre, détaille l’Insee.

Au total, ces dépenses ont généré 0,3 point de PIB supplémentaire depuis le début de l’année. C’est évidemment une bonne nouvelle pour la croissance mais une nouvelle ambiguë du point de vue des finances publiques. On ne voit pas comment concilier ces dépenses croissantes avec une politique d’ajustement budgétaire. »note Mathieu Plane, alors que Bercy s’est engagé à réduire les dépenses publiques de plusieurs milliards afin d’atteindre son objectif de déficit public pour 2024, soit 5,1 % du PIB. Cette accélération est due effets de report de la consommation de crédit et il est également lié, pour les collectivités locales, au dynamisme des dépenses des collectivités locales, aux cycles électoraux » et, par conséquent, ne serait pas biaisé, justifie Bruno Le Maire.

Après avoir été dans le rouge les deux trimestres précédents, les investissements des entreprises sont revenus en territoire positif, avec une légère hausse de 0,1%. Ils ont accéléré dans les services, compensant la baisse continue des produits manufacturés. Là encore, Mathieu Plane voit là un signal mitigé : « Ce n’est même pas une secousse »il commente.

« Je ne vois pas comment la croissance peut repartir »

Plus qu’ambivalent, l’indicateur concernant la consommation des ménages et l’investissement est, lui, franchement inquiétant. Nous restons très déçus car la demande intérieure reste très faible depuis trois trimestres consécutifs. »“Sur l’ensemble du trimestre, ce pilier de la croissance française (autour de 50%) est resté stable : les achats alimentaires ont reculé, tandis que les consommations de gaz et d’électricité, notamment dues aux intempéries du printemps, ont augmenté, tout comme celles de services”, déplore Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade.

C’est un peu une douche froide. Les ménages continuent de se serrer la ceinture en matière de consommation de biens, en particulier – ce qui est un peu inquiétant – produits alimentaires »Maxime Darmet l’explique à l’AFP. Nous nous attendons à une reprise de la consommation en 2024 car le pouvoir d’achat augmente cette année et le niveau d’épargne est élevé. Cependant, nous constatons que les ménages restent prudents »ajoute Mathieu Plane. Peut-être attendent-ils de voir le résultat politique de la séquence post-dissolution, mais si la consommation des ménages ne prend pas le dessus à moyen terme, je ne vois pas comment la croissance pourra reprendre. »il s’inquiète.

D’autant que la tendance semble se dégrader, en juin, la consommation des ménages a reculé de 0,5%. Autres témoins de cette morosité, les investissements des ménages sont également à la peine au deuxième trimestre (-0,5%, également), en raison notamment d’un recul de l’immobilier neuf, alors que les taux d’intérêt restent élevés malgré la réduction engagée en juin par la Banque centrale européenne (BCE). Pire, cela ne devrait pas s’améliorer à court terme puisque le nombre de permis de construire a continué de baisser le mois dernier en France, atteignant un plus bas historique depuis au moins 2015, selon les données publiées mardi par le ministère de la Transition écologique.

Juliette

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