LLa bravoure du général de Gaulle sert la lâcheté de la France insoumise. Lequel, constamment aux côtés des dictatures, prétend s’inscrire dans une tradition diplomatique fondée sur l’indépendance. Nostalgie du régime castriste à Cuba ; admiration pour Hugo Chavez ; la complaisance envers la Chine ; sympathie inappropriée pour Vladimir Poutine ; aujourd’hui, l’équivalence établie entre l’invasion de l’Ukraine et l’opération de représailles menée par Israël. C’est la liste glorieuse et réjouissante des actes commis au nom de l’indépendance de la France.
Les manifestations d’indépendance du général de Gaulle
Une leçon mal apprise est une leçon mal répétée. Il en est ainsi de la doctrine du général de Gaulle. L’homme du 18 juin a joué sur les dissensions entre l’URSS, les Etats-Unis et l’Angleterre afin d’obtenir le plus de liberté possible pour une France libre. Lorsque Roosevelt lui a dit non, il a téléphoné à Staline. Devenu président, il a utilisé des méthodes comparables pour sauvegarder son autonomie pendant la guerre froide.
Allié des Américains, il discute avec la Russie soviétique, reconnaît la Chine de Mao, critique parfois la politique expansionniste d’Israël et provoque Washington depuis l’hôtel de ville de Montréal où il déclare : « Vive le Québec libre ! » Le multilatéralisme du général, c’était le réalisme, c’est-à-dire une politique de puissance déterminée en fonction d’un contexte donné auquel il était impossible de sortir.
La France n’étant pas assez forte pour rivaliser avec les Soviétiques et les Américains, elle devait s’occuper des deux afin de ne dépendre de personne. Il faut cependant relativiser les manifestations d’indépendance de De Gaulle. Bien qu’il ait quitté le commandement intégré de l’OTAN, il en est resté membre. De même, ses critiques à l’égard d’Israël n’allaient certainement pas jusqu’à remettre en question le droit du pays à vivre en sécurité. En 1941, la France Libre établit une représentation diplomatique permanente à Tel-Aviv.
Plus tard, Claude Guy rapporte dans A l’écoute de De Gaulle cette phrase date de 1947 : « Dans l’affaire de Palestine (…) il faut aider les Juifs, et nous ferions bien de nous dépêcher, car l’antisémitisme, sous sa forme virulente, va vite réapparaître. » Si le général se souciait de l’indépendance de la patrie, il ne se distinguait pas comme un tiers-mondiste. La France était européenne, une civilisation admirée et défendue par le général, il n’était pas question de la placer dans un autre camp.
L’antiaméricanisme, cheval de bataille de La France insoumise
La politique étrangère de La France insoumise suit une boussole dont la fonction est altérée en se contentant d’un anti-américanisme total et primaire. Cette manie la pousse à sympathiser avec des régimes qui ne toléreraient pas leur esprit de contestation plus d’une heure. D’où une politique illisible : rejeter le Ve République en la désignant comme monarchie présidentielle, tout en défendant les chefs d’État où la terreur, l’emprisonnement et l’assassinat sont les principaux moyens de gouvernement.
La gauche n’a jamais manifesté un goût immodéré pour la liberté, mais est-il indispensable de s’enamourer de tous les canailles de la planète tant qu’ils maudissent l’Occident ? Si Jean-Luc Mélenchon était élu président de la République, la France rejoindrait-elle cet étrange camp que l’on appelle, imparfaitement et avec nuances, le « Sud global », à savoir une fédération de pays qui souffrent sous le contrôle d’États policiers déterminés à se débarrasser de la démocratie libérale ? Poser la question, c’est y répondre. Et détourner la souffrance des peuples, des Palestiniens par exemple, pour attiser des passions nauséabondes n’aide pas un homme qui prétend diriger le pays de la Révolution française.
L’Occident est une idée qui comporte sa part d’hypocrisie. Cela dit, cela s’est aussi traduit dans les faits : l’égalité entre les hommes et les femmes, la protection des minorités, la lutte contre l’homophobie, le racisme, etc. Rejoindre le camp des dictatures ne restera pas impuni, cela impliquera une alliance avec des personnalités morbides et, pour ainsi dire, des pays médiévaux. C’est pourquoi, du point de vue de la liberté, de l’altérité et de la diplomatie, La France insoumise est désormais un parti réactionnaire.