Categories: Actualités locales

« La France est un pays de football, tout comme elle est un pays de culture et de matchs criants ! »


LLe débat est sans fin parmi les passionnés de football. Est-ce que la France – vraiment ! – un pays de football ? Si l’on en croit la presse spécialisée et les débats animés à la télévision ou à la radio, la réponse semble claire : non. Cependant, dans Un peuple et son football (Editions du Détour), l’historien François da Rocha Carneiro s’efforce, preuves à l’appui, de démontrer le contraire. Non seulement les Français sont un peuple de football, mais ce sport constitue aussi une véritable culture.

La newsletter des débats et opinions

Tous les vendredis à 7h30

Recevez notre sélection d’articles tirés de notre rubrique Débats, pour comprendre les vrais enjeux du monde d’aujourd’hui et de notre société

MERCI !
Votre inscription a été prise en compte avec l’adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisation et notre politique de confidentialité.

Le point : Qu’est-ce qu’un pays de football ?

François da Rocha Carneiro : C’est un pays dans lequel le football occupe une place centrale, touchant non seulement un grand nombre de personnes, mais imprégnant également l’espace public. Cela se traduit par la présence de nombreux stades et terrains d’entraînement, mais aussi par des pratiques spontanées dans des lieux non dédiés, comme les places de villages ou les places d’églises, rappelant les premières images du football en France. Bref, c’est un pays où le football est partout.

Et alors, la France est-elle vraiment un pays de football ?

Bien sûr, la France est un pays de football, tout comme elle est un pays de politique, de culture et de cris ! On parle football en prenant un petit café le matin sur le zinc. On parle de football sur les réseaux sociaux. Le football en France a accueilli 8 millions de spectateurs dans les stades de Ligue 1 l’année dernière. De nombreuses religions aimeraient avoir ce niveau d’activité !

La France est un pays de football, car ce sport ne se pratique pas qu’au Parc des Princes ou à l’Orange Vélodrome. C’est aussi un incroyable maillage territorial. On découvre des terrains de football partout où l’on va, même dans les petits villages de 300 habitants. Il y a 2,22 millions de licenciés en France qui, chaque week-end, consacrent quelques heures à un match, en tant que comédien, parfois sur des « champs de pommes de terre ». Il y a aussi tout un écosystème qui tourne autour d’équipes amateurs, qu’il ne faut pas oublier, et un ensemble de personnels bénévoles ou légèrement rémunérés qui font tourner le magasin, parfois avec difficulté. C’est un pays de football !

Cette position est assez minoritaire… Pourquoi avoir voulu la défendre ?

Parce que c’est renier ces millions de personnes qui font vivre la France à travers le football. Parce que c’est croire que l’herbe est plus verte ailleurs. C’est fantasmer sur le football anglais ou espagnol, qui ne sera jamais le nôtre. Nous avons notre propre goût et notre propre culture du football. Est-ce que certaines personnes le trouvent unique ? D’accord. Mais voilà, nous sommes français et nous sommes, peut-être, un peu spéciaux.

Vous parlez du football comme d’un véritable fait social. En quoi est-il profondément ancré dans notre société ?

Cela fait partie d’histoires complexes et particulières. Rappelons par exemple son lien avec l’industrialisation. Le club de Sochaux, par exemple, premier club français ouvertement professionnel, est né de l’industrie automobile. Elle a été fondée en 1928 par le groupe Peugeot. Sochaux, c’était Peugeot !

On retrouve des similitudes avec Lens. Cette commune du Pas-de-Calais, située dans un ancien bassin minier. Ces mines ont joué un rôle fondamental dans la création et l’évolution du RC Lens. Bien qu’ils soient tous fermés, on parle encore aujourd’hui de Lens. Un peu pour le musée du Louvre-Lens, un peu en raison de la percée du Rassemblement national, et beaucoup pour son club de football !

La place du football comme culture fait également débat…

Le football est plus populaire que le cinéma ou la littérature, mais certains lui refusent le titre de culture, sans doute parce que cette pratique touche des catégories sociales beaucoup moins aisées. La position de Vincent Lindon, qui a appelé les joueurs à boycotter la Coupe du monde 2022 au Qatar, est illustrative d’un certain mépris de classe.

D’un côté, il y aurait une culture propre, immaculée et intelligente, qui sache regarder le monde. De l’autre, une culture marchande, pervertie, polluante et incapable d’être le porte-parole d’une juste cause… Arrêtons de jeter l’opprobre sur le seul football. Combien de films sont aujourd’hui financés par le Doha Film Institute, présidé par la propre sœur de l’émir du Qatar ?

Vous adoptez une lecture classe du football…

Il s’agit moins d’une lecture en classe que d’un regard sur l’argent que gagnent les footballeurs. On leur reproche souvent de gagner trop cher, mais n’oublions pas que sur les 2,2 millions de licenciés, tous ne sont pas Kylian Mbappé. Les salaires élevés du football, gagnés par une ultra-minorité de joueurs, sont l’arbre qui cache la forêt : ils résultent d’un entraînement exigeant et de nombreux sacrifices.

Seul un adolescent sur mille en centre de formation devient professionnel et la majorité évolue dans des divisions inférieures, loin des grands clubs et des contrats de sponsoring. Et les acteurs les mieux payés restent avant tout des salariés : soumis aux aléas du monde du travail, parfois marqué par des relations conflictuelles avec leurs employeurs.

Le regard que certains portent sur l’argent des footballeurs me semble aussi lié à l’origine des joueurs. De Raymond Kopa à Kylian Mbappé, de nombreux joueurs sont issus de l’immigration. Leurs origines étrangères semblent parfois influencer la sévérité des jugements sur leurs salaires.

Comment promouvoir davantage le sport en France, où certaines disciplines souffrent du même regard que le football ?

A l’occasion de la clôture des Jeux Olympiques, certains médaillés français ont été nommés à l’Ordre national du mérite ou à la Légion d’honneur. Pourquoi ne pas envisager d’étendre cette idée à un ordre sportif plus large ? Cela permettrait, comme les arts et les lettres, d’accorder une reconnaissance particulière aux sportifs.

Il est temps aussi de penser à la panthéonisation d’un athlète en France. Qu’il s’agisse d’un footballeur ou d’un représentant d’une autre discipline, plusieurs pays ont déjà honoré de cette manière des sportifs. Par exemple, à Lisbonne, le footballeur Eusebio repose au Panthéon aux côtés de la fadiste Amalia Rodrigues.


Anna

À chaque coup de stylo, créez des histoires captivantes. Découvrez des vérités cachées à la fois. 📝 🔍

Recent Posts

le témoignage de la veuve de Loïc Résibois, militant pour le droit de mourir dignement

Il voulait pouvoir choisir sa fin de vie. Caroline Résibois, la veuve de Loïc Résibois, décédé à l'âge de 47…

2 minutes ago

Top 14 – Perpignan – Clermont : Etienne Fourcade forfait dernière minute, Barnabé Massa débute à Aimé-Giral

Touché à la pommette, Étienne Fourcade est forfait à la dernière minute pour le déplacement à Perpignan. Il est remplacé…

3 minutes ago

Après la mort de Hassan Nasrallah, l’avenir du Liban se joue à Téhéran

Un tremblement de terre. Un choc. Une nuit d’horreur en voyant la banlieue sud de Beyrouth bombardée par l’armée israélienne.…

4 minutes ago

un habitant de Beyrouth témoigne des conséquences des frappes israéliennes

« Ce qui se passe au Liban est absolument atroce, il y a un silence total autour de nous. C'est…

13 minutes ago

Les onze du Gym | Lentille

Objectif - Nice Voici le onze de départ aligné par Franck Haise ce samedi, lors du déplacement à Lens. Le…

14 minutes ago

Environnement. Une micro-forêt urbaine plantée dans une résidence près de Rouen

Par Fabien Massin Publié le 28 septembre 2024 à 17h20 Voir mon actualité Suivre 76actu Implant une nouvelle forêt en…

15 minutes ago