LLes acteurs politiques peinent à saisir les véritables enjeux. Ils ont tendance à se perdre dans les totems (ce que l’on n’a pas le droit de questionner) et les tabous (ce que l’on n’a pas le droit d’évoquer) que les deux mouvements radicaux, de droite et de gauche, tentent d’imposer sur l’ensemble de la scène politique. Le parti des totems et des tabous se nourrit de l’exacerbation des ressentiments et constitue un danger pour le pays. Si, au contraire, on part de quatre sujets essentiels aux Français – le pouvoir d’achat, le climat, l’éducation et l’immigration –, ce qui apparaît comme conflictuel peut devenir un terrain d’échange constructif permettant de rechercher un accord sur la nature du problème et sur les solutions. Cette méthode peut réunir une majorité confortable à condition de s’y engager franchement.
Le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure des Français. Le revenu disponible n’augmente quasiment pas depuis 2010 pour toutes les catégories sociales, tandis que la dette publique interdit toute fantaisie budgétaire. Le problème à résoudre est celui d’un écart entre le travail effectué et le revenu net du travail. On avancera en s’interrogeant sur les niveaux respectifs des minima sociaux – qui peuvent prendre la forme d’un revenu universel –, de l’assurance maladie et des retraites – qui devraient être remutualisées dans l’esprit du système à points – et enfin du niveau d’investissement pour l’avenir – jeunesse, éducation et recherche, domaines où, en comparaison des retraites, la France est mal placée en Europe.
Le changement climatique et la perte de biodiversité constituent un défi majeur. La difficulté réside dans le rythme de décarbonation de notre économie et dans une répartition équitable des efforts à fournir. Volontarisme coercitif et crispation conservatrice se renforcent mutuellement et freinent l’engagement de la société dans son ensemble. Les bons résultats de l’Europe et de la France prouvent que l’on peut avancer en prenant en compte les demandes des citoyens et les exigences écologiques.
Il faut privilégier les cibles prioritaires (transports et agriculture d’abord, bâtiments et énergie ensuite), en excluant tout retour en arrière, avec un rythme adapté à ce que les secteurs sont capables de réaliser, en abaissant les marches à franchir pour les plus modestes, et en se protégeant économiquement par une taxe carbone aux frontières européennes.
Des questions fortes
Le système éducatif français conjugue fortes inégalités et performances médiocres. L’objectif est de placer la construction des capacités personnelles au cœur de la formation initiale et continue pour permettre à chacun de trouver sa voie dans le monde et de contribuer au bien de la société. Il s’agit de s’attaquer à des poches d’inégalités, au-delà de l’éducation prioritaire. Dans cet esprit, tester des mesures qui ont réussi ailleurs, dans les manières d’enseigner mais aussi dans le recrutement des enseignants ou l’organisation de la carte scolaire, serait utile.
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