La France soumet à la Commission européenne un vaste plan d’arrachage de la vigne

Le plan d’arrachage, estimé à 120 millions d’euros, doit permettre de supprimer 30.000 hectares de vignobles français.

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Prolonger l’arrachage des vignes pour tenter de sortir de la crise viticole. Le gouvernement français a soumis à la Commission européenne son plan d’arrachage de 120 millions d’euros, de quoi éliminer 30 000 des 800 000 hectares du vignoble français. Un dispositif financé par l’État, la région Nouvelle-Aquitaine et l’interprofession des vins de Bordeaux est déjà en place en Gironde. Arracher pour produire moins, car on boit de moins en moins de vin.

La bouteille de vin de table a quasiment disparu du quotidien. La consommation a chuté de 70 % en 60 ans. En France, on buvait en moyenne 120 litres de vin par an et par habitant dans les années 1960. C’est aujourd’hui 40 litres, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives. Et ça s’est accéléré ces trois dernières années, notamment pour le vin rouge : 15 % de ventes en moins en grande distribution, selon France Agrimer.

Les perspectives sont mauvaises car les jeunes se détournent du vin : moins d’un tiers des amateurs de vin ont moins de 40 ans, selon une étude réalisée pour le salon Vinexpo. Ils préfèrent les apéritifs aux longs dîners, d’où la hausse de la consommation de bière. Et quand il s’agit de vin, il s’agit de vin blanc, rosé ou rouge léger.

Autre facteur : la baisse des exportations. En baisse de 10 % l’an dernier par rapport à 2022, le marché ne s’est pas redressé depuis le Covid, notamment vers la Chine. D’autant qu’il se met à produire son propre vin et quand il importe, il commande en Espagne ou en Italie. La viticulture paie aussi parfois le prix de conflits qui échappent à son contrôle, comme les taxes imposées par Donald Trump en 2019 suite au conflit entre Airbus et Boeing. Des taxes de 25 %, suspendues encore un an et demi.

Dans ce contexte, l’arrachage est donc la seule solution et il est demandé par la profession même si c’est à contrecœur. Un vigneron préférerait évidemment ne pas en arriver là. Le plan soumis par l’Etat à Bruxelles est doté de 120 millions d’euros. La Commission européenne a un mois pour réagir, même si l’argent est français, pris sur le fonds d’urgence dit “Ukraine” car la PAC (politique agricole commune) ne prévoit pas de crédit pour l’arrachage.

Les volontaires recevront 4 000 euros par hectare définitivement arraché. De quoi couvrir le coût, mais rien d’autre. Les vignerons s’engagent à ne rien replanter. Toutes les régions viticoles sont éligibles, mais la crise est particulièrement prononcée à Bordeaux. Un dispositif d’arrachage local est déjà en place dans le Sud-Ouest et jusqu’en Vallée du Rhône dans des vignobles produisant principalement du vin rouge. La profession espère une validation de l’enveloppe par l’Europe et veut désormais travailler sur un plan d’arrachage temporaire pour replanter plus tard, s’adapter au marché et se réorienter vers d’autres cépages plus légers et moins touchés par la crise.

Elise

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