La famille Peugeot a beau dĂ©tenir près de 80 % du capital et près de 89 % des droits de vote de sa holding cotĂ©e Peugeot Invest, elle n’y est pas tout Ă fait Ă l’aise. Vendredi 3 mai, le conseil d’administration de Peugeot Invest a inscrit Ă l’ordre du jour de la prochaine assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale (AG), du 24 mai – tout en demandant un vote contre – trois projets de rĂ©solutions (sur cinq) proposĂ©s par des minoritĂ©s mĂ©contentes.
Les sociĂ©tĂ©s de gestion françaises Moneta Asset Management et Sycomore AM, qui dĂ©tiennent ensemble 6,4% du capital de la holding, ont le sentiment que les Peugeot, rompus au volant, oublient qu’ils transportent des passagers dans leur vĂ©hicule d’investissement. Ces dirigeants se sont dĂ©clarĂ©s solidaires pour mener cette campagne, avec le soutien de Colette Neuville, la fondatrice de l’Association de dĂ©fense des actionnaires minoritaires.
« Nous sommes actionnaires de Peugeot Invest depuis plus de quinze ans », relate GrĂ©goire Uettwiller, gĂ©rant chez Moneta. Et d’expliquer avoir engagĂ© un dialogue avec l’entreprise depuis des mois. « En 2023, nous avons dĂ©couvert que – après avoir renommĂ© FFP en Peugeot Invest l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente – la famille avait dĂ©cidĂ© de prĂ©lever une redevance sur l’utilisation du nom Peugeot. C’est lĂ©gal, mais pour nous, c’est un signal dĂ©sastreux qui nous amène Ă analyser de près la gouvernance de l’entreprise. Nous dĂ©plorons un parti pris Ă l’égard des minoritĂ©s. »
Une pĂ©nalitĂ©”
« FFP a changĂ© de nom pour gagner en visibilitĂ© et en attractivitĂ©. La valeur de marque attachĂ©e au nom Peugeot est importante, notamment Ă l’international ; il permet Ă l’entreprise d’accĂ©der aux meilleurs partenaires d’investissementindique un porte-parole de Peugeot Invest. La marque reprĂ©sente Ă©galement un atout essentiel pour son actionnaire de contrĂ´le, les Etablissements Peugeot Frères, qui ont dĂ©ployĂ© d’importants moyens financiers et humains pour la prĂ©server. Il est donc logique que l’utilisation de cette marque soit payante. »
Cette royautĂ© inattendue est la goutte d’eau qui a fait dĂ©border le vase, mais la cause profonde de l’impatience des minoritĂ©s trouve sa source dans le fameux discount de holding. La Bourse, en effet, ne valorise jamais une « tirelire » au niveau de ses avoirs. C’est gĂ©nĂ©ralement 20 %, 30 %, voire 40 % de moins.
Au total, les 7% de Stellantis, les 5% de Spie et les autres parts de fonds de private equity dĂ©tenus par Peugeot Invest valent 5,9 milliards d’euros. Mais sa capitalisation boursière n’atteint que 2,7 milliards : un « malus » de 55 % qui s’est accru au fil du temps, malgrĂ© la diversification opĂ©rĂ©e en dehors du secteur automobile. « RĂ©duire la dĂ©cote ne semble pas ĂŞtre la prioritĂ© des familles, pas plus que respecter les règles de bonne gouvernance. C’est pourquoi nous devons en dĂ©battre Ă l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, la seule enceinte oĂą les minoritĂ©s ont le droit de s’exprimer”s’Ă©nerve Mmoi Neuville.
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