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la lettre émouvante d’une précédente victime du suspect


“PHilippine aurait pu être ma sœur. » Une précédente victime de Taha O., principal suspect du meurtre de Philippine, a exprimé son indignation dans une lettre auAFPque Le point a pu consulter. Dans ce message poignant, cette femme, qui souhaite garder l’anonymat, a notamment appelé au « lancement d’une commission d’enquête » sur la problématique des crimes sexuels à répétition.

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C’est la première fois qu’elle s’exprime depuis la tragique découverte du corps de Philippine, une étudiante de 19 ans à l’université Paris-Dauphine, retrouvée enterrée dans le bois de Boulogne, à l’ouest de Paris. Une information judiciaire a été ouverte pour viol et homicide, avec Taha O., un Marocain de 22 ans, désigné comme principal suspect.

La victime a aidé les enquêteurs à arrêter Taha O.

En 2019, Taha O., alors âgé de 17 ans et placé en centre d’accueil pour mineurs non accompagnés, commet un viol près du bois de Taverny, dans le Val-d’Oise. Ce jour-là, il croise une jeune femme de 23 ans qu’il traîne hors de vue avant de s’en prendre à elle. Avec un sang-froid inattendu, la victime lui a alors demandé de la rencontrer à son domicile en lui communiquant son numéro de téléphone. Suite à cet appel, Taha O. a révélé son identité et sa localisation aux enquêteurs, ce qui a conduit à son arrestation rapide.

Cette ruse de la jeune femme, qui avait impressionné la police, a conduit à une peine de sept ans de prison pour Taha O. Bénéficiant cependant des réductions de peine permises par la loi, il a été libéré au bout de cinq ans. . Le meurtre de Philippine, cinq ans plus tard, a été un véritable choc pour cette précédente victime.

L’échec du système pénitentiaire

« J’ai tout fait pour que ce qui m’est arrivé ne se reproduise pas », raconte-t-elle avec une profonde émotion. « J’ai porté plainte pour que le viol que j’ai subi soit nommé et reconnu, pour que mon agresseur soit reconnu coupable et moi la victime. J’ai tenu bon pendant les deux années d’enquête, d’instruction et de procès, en me disant que ma démarche protégerait d’autres femmes. »

Taha O. a été libéré en juin 2024, « à la fin de sa peine » selon le parquet de Paris. Peu de temps après, Philippine a été tuée, ce qui soulève de sérieuses questions : « Pourquoi le système pénitentiaire n’a-t-il pas réussi à empêcher que cela ne se reproduise ? Pourquoi n’avons-nous pas pu arrêter cette escalade de violence qui a conduit au meurtre d’une jeune femme ? », demande l’auteur de la lettre.

La question de l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) à laquelle était soumis le suspect a également suscité de vives réactions, notamment au sein de l’extrême droite. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, nous a exhorté à « faire évoluer notre arsenal juridique, pour protéger les Français ». La femme précise toutefois que le « dysfonctionnement » de l’OQTF ne doit pas « faire disparaître la question essentielle de la récidive ».

Elle conclut en insistant sur le fait que « notre fraternité, notre humanisme, ne peut s’arrêter aux portes de nos frontières », une déclaration qui répond aux mobilisations centrées principalement sur le sujet de l’OQTF.

Voici la lettre dans son intégralité :

« Je suis la première victime de Taha O. Je pense à Philippine et à sa famille et je suis immensément triste. J’aimerais les réconforter, la réconforter, mais je ne fais face qu’au vide insupportable laissé par sa mort.
J’ai tout fait pour que ce qui m’est arrivé ne se reproduise pas. J’ai porté plainte pour que le viol que j’ai subi soit nommé et reconnu, pour que mon agresseur soit reconnu coupable et moi la victime. J’ai tenu bon pendant les deux années d’enquête, d’instruction et de procès, en me disant que ma démarche protégerait d’autres femmes.
Justice a été rendue, mon agresseur a été condamné à la peine quasi maximale encourue pour ce type de délit commis par un mineur et a été incarcéré. Immédiatement après sa libération, il aurait récidivé et commis l’irréparable. Si tel est effectivement le cas, pourquoi ? Pourquoi le système pénitentiaire n’a-t-il pas réussi à empêcher cette récidive ? Pourquoi n’avons-nous pas pu arrêter cette escalade de violence qui a conduit au meurtre d’une jeune femme ?
La dangerosité de Taha O. était connue. Un homme qui viole une femme est dangereux. Qu’il soit inconnu de sa victime ou de son mari, qu’il soit étranger ou français, que le viol ait eu lieu dans une forêt ou dans un appartement conjugal. Le viol est un crime. Il est le radical de la violence, il porte en lui une négation de l’autre, de son droit à être et à exister.
Une obligation de quitter le territoire français (OQTF) avait été émise à l’encontre de mon agresseur.
Cela n’a pas été exécuté. Les raisons de ce dysfonctionnement doivent être clarifiées et ces défauts corrigés. Ces questions ne doivent cependant pas occulter la question essentielle de la prévention de la récidive. Même si cette OQTF avait été respectée, quels mécanismes de coopération internationale existent pour prévenir la récurrence des crimes sexistes et sexuels de la part de criminels expulsés ? Notre fraternité, notre humanisme, ne peuvent s’arrêter aux portes de nos frontières.
Je souhaite le lancement d’une commission d’enquête sur la prévention de la récidive dans les cas de délits sexuels et sexistes. Quelles mesures de prévention de la récidive sont prévues et effectivement mises en œuvre dans les centres de détention ? Quel est l’impact de la détention sur la réduction du risque de récidive ? Quels programmes d’aide à la réintégration sont prévus ? Il me semble essentiel que nous nous interrogeions collectivement sur l’efficacité des moyens mis en place et ceux à créer pour que ce qui s’est passé ne se reproduise plus.
Philippine aurait pu être ma sœur. Je ne peux pas être sa voix, je ne suis que la mienne. Les paroles que je prononce rejoignent celles de femmes qui ont lutté et luttent encore aujourd’hui contre les violences sexistes et sexuelles. »


Anna

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