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La liste des 100 édifices religieux aidés dévoilée par la Fondation du Patrimoine


95 églises, trois temples, deux synagogues : c’est la liste, une première, que la Fondation du patrimoine rend publique ce vendredi, après une collecte lancée l’an dernier, qui a déjà incité 12 000 donateurs à verser 2,3 millions d’euros pour 100 édifices religieux. Pas de mosquée ? Pas de temple bouddhiste ? La liste est destinée aux villes et villages de moins de 10 000 habitants, qui n’en disposent traditionnellement pas. “100, c’est beaucoup”, souligne son président, Guillaume Poitrinal, “pour une collection qui n’était pas initialement affectée à un monument précis, comme pour la reconstruction de Notre-Dame”.

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A titre de comparaison, une quarantaine de millions d’euros ont été versés par 236 000 donateurs pour la cathédrale parisienne grâce à la souscription initiée par la même Fondation du patrimoine. 100 bâtiments aidés : c’est effectivement beaucoup.

5 000 églises en danger

Et c’est peu à la fois, au regard des 5 000 églises municipales – sur les quelque 50 000 que compte le pays – que la Fondation du patrimoine déclare en souffrance ou en danger.

Guillaume Poitrinal se veut cependant optimiste : « Maintenant que les 100 places ont été annoncées, la collecte bénéficiera d’un intérêt local, les gens voudront aider l’église qu’ils connaissent, grâce à la disposition fiscale – 75 % au lieu de 66 %. – qui court jusqu’au 31 décembre 2025, nous parviendrons, je l’espère, à récolter les quinze millions d’euros dont ces 100 établissements ont besoin. »

L’effet Notre-Dame

Si l’incendie de Notre-Dame a été une catastrophe, il a eu, reconnaissent Guillaume Poitrinal et le directeur adjoint de la Fondation, Bertrand de Feydeau, un effet salutaire. Un effet de choc, un effet d’aubaine qui a conduit au constat suivant : la cathédrale était l’arbre qui cachait la forêt du patrimoine religieux en France, et cette forêt était dans un état déplorable.

Non seulement les autres cathédrales, mais surtout les petites églises des communes rurales, sans le sou, qui en sont propriétaires depuis la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. « C’est notamment le cas des églises construites au XIXème siècle.e siècle, après la Révolution, dans un élan de renouvellement bâti, qui n’a pas bénéficié des classements au titre des monuments historiques établis en 1913 pour les édifices majeurs, car à l’époque, ils étaient considérés comme des édifices trop récents pour devoir être protégés », précise Bertrand. de Feydeau. LIRE AUSSI « Le spectre d’un lent dépérissement des églises en France existe »

Autres priorités pour les municipalités

C’est pourquoi aujourd’hui, près de 60 % des 40 000 édifices religieux, soit 24 000, ne sont ni classés ni inscrits à l’inventaire supplémentaire. Cela signifie qu’ils ne peuvent pas bénéficier des aides du ministère de la Culture et de la Direction générale du patrimoine et de l’architecture. A ce manque d’aide s’ajoute l’appauvrissement des communes ou des collectivités, qui ciblent d’autres priorités collectives, sociales, médicales, de transition énergétique, éventuellement culturelles au détriment du religieux. « Les refontes et les fusions de communes ont souvent conduit à ce qu’un seul conseil municipal doive prendre en charge plusieurs églises, poursuit Bertrand de Feydeau.

Par ailleurs, compte tenu de la richesse de notre patrimoine, relativement peu de bâtiments sont protégés en France – environ 40 000 – en comparaison également avec certains pays voisins comme l’Allemagne où ce chiffre s’élève à 400 000.

Un monument du village

Comme c’est souvent le cas en France, nous sommes d’accord sur le diagnostic. C’est inquiétant, voire alarmant. L’abandon financier des petites communautés coïncide avec un vieillissement architectural et une baisse de fréquentation de ces lieux de culte de moins en moins fréquentés. Pour autant, les Français ne sont pas près d’une contradiction.

“Même s’ils ne vont plus à la messe, qu’ils sont attachés à leur monument, à ce clocher qui crée une identité, qui établit une référence dans l’espace, les gens ne veulent pas qu’on fasse quoi que ce soit de leur église”, insiste Guillaume Poitrinal. Depuis 2015, un peu de musique sacrée arrive à Paris. Bien sûr oui, il y a Notre-Dame à reconstruire, mais il existe aussi une multitude de « petites Notre-Dame » en province. Ils sont fermés depuis des années, ils sont en danger, certains, désacralisés, commencent à être vendus pour recevoir une autre mission. Il suffit de se rendre sur le site de l’Observatoire du patrimoine religieux, qui suit cet inventaire, pour comprendre que la situation est grave.

Les discours de Macron

Il aura fallu attendre 2023 pour que l’Elysée envoie des signaux positifs sur ce patrimoine religieux. Les discours d’Emmanuel Macron en juin lors du millénaire au Mont-Saint-Michel, puis à Semur-en-Auxois en septembre, ont clairement incité la fondation à lancer cette souscription pour les villes et villages de moins de 10 000 habitants. Un geste qui doit être l’élan vertueux pour initier une dynamique, focaliser l’attention et lever des financements pour des projets concrets.

Les 981 bénévoles régionaux de la Fondation du Patrimoine ont fait part de besoins et de demandes urgentes, en lien direct avec la Drac des Monuments Historiques. De grandes associations compétentes, comme l’Observatoire du patrimoine religieux, des sites et villes remarquables de France ou la Fondation pour la sauvegarde de l’art français, ont participé au comité de pilotage créé spécifiquement pour cette collection. Car il y a aussi des œuvres d’art à sauvegarder en même temps, comme les fresques du XVee siècle à Notre-Dame d’Antigny à Vienne. De véritables curiosités architecturales ont également été choisies comme Notre-Dame de la Nativité à Guinas de Cachen près de Mont-de-Marsan, où la partie XIIIe siècle est flanqué d’une étonnante coupole en rotonde du XVIIIe siècleenéoclassique, surmontée d’un clocher et bordée d’ardoises.

Lieu de vie

Les critères de sélection ont retenu des projets mêlant souvent culte et culture : rouvrir l’église pour que la messe puisse y être à nouveau dite, tout en organisant également des concerts, des expositions, des conférences… « Il ne s’agit pas de remplacer le culte, mais de l’idéal de retrouver l’esprit d’antan, où l’église était un lieu de vie, d’agora, de palabre”, résume Guillaume Poitrinal. “Certaines églises possédaient un caquetoire, ce qui reflète bien leur usage”, précise Bertrand de Feydeau. Des associations locales comme la L’église Saint-Barthélemy de Gresse-en-Vercors (Isère) a donc été prioritaire.

Nous comprenons bien l’enjeu qui est souvent de redynamiser une zone rurale. Il existe un ministère compétent pour cela. Mais il reste encore près de 4 900 églises à sauver. Et le temps presse. Assez de ricanements, il est temps d’agir.

Pour découvrir la liste des 100 édifices religieux, cliquez ici


Anna

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