Le redressement des finances du Ghana, toujours en souffrance, est désormais suspendu par un jugement de la Cour suprême du pays. Elle a commencé à examiner la loi réprimant l’homosexualité votée en février. Si cette loi s’avère constitutionnelle, elle sera adoptée et le Ghana pourrait alors perdre le soutien de la Banque mondiale.
Les audiences prévues hier, mercredi 8 mai, devaient être retransmises en direct à la télévision. C’est dire à quel point ce débat passionne les Ghanéens à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en décembre.
Les juges ont finalement ajourné leurs travaux en demandant à l’un des plaignants, un journaliste qui contestait la loi, de réécrire sa copie, trop offensante et pas assez technique selon eux. Cette loi est très sévère : elle prévoit des peines allant jusqu’à cinq ans de prison à l’encontre des personnes LGBTQ, et également des peines de prison pour les proches qui ne dénonceraient pas ce choix sexuel.
La loi a été votée sans opposition des principaux partis, mais le président attend l’avis de la Cour suprême avant de la promulguer. Nana Akufo Ado redouble de prudence par crainte d’une réaction de la Banque mondiale.
Lire aussiGhana : la loi anti-LGBTQ au début d’une procédure judiciaire
Exigences de la Banque mondiale
Accra n’a toujours pas résolu sa crise de la dette et a donc besoin de toute urgence de la Banque mondiale. Cependant, cette loi anti-gay n’est pas compatible avec les normes exigées par le propriétaire. La Banque mondiale a déjà suspendu ses paiements à deux reprises après l’adoption de textes condamnant l’homosexualité en Ouganda. En 2014, le gouvernement a rapidement fait marche arrière. Mais en 2023, le président Museveni approuve la nouvelle loi pénalisant l’homosexualité et refuse de reculer sous la pression de la banque.
Plan B
La Banque mondiale pourrait annuler le prêt de 3,8 milliards de dollars accordé au Ghana. Le FMI pourrait suivre. Il prévoit un autre financement de trois milliards de dollars. Enfin, Accra craint la réaction de ses partenaires européens. L’Allemagne a déjà fait savoir qu’elle désapprouvait cette loi. Lorsque la loi a été adoptée, le ministre ghanéen des Finances a averti les parlementaires du risque, leur conseillant de rechercher des financements alternatifs auprès des pays arabes ou de la Chine. C’est précisément ce que craint la Banque mondiale
Lire aussiLe Ghana en défaut de paiement limité
La Banque mondiale face à un dilemme
Soit elle transige sur ses valeurs pour assurer sa mission d’assistance aux États en détresse, soit elle reste fidèle à ses principes, mais risque alors d’être contournée et dépassée par les puissances du Sud. La position qu’elle adoptera au Ghana sera suivie de près sur tout le continent africain, à l’heure où les États africains peinent à accéder aux financements ; à l’heure où les dirigeants comme les populations sont de plus en plus exaspérés par les conditions imposées par les bailleurs occidentaux, parfois en opposition directe avec leurs valeurs. Une majorité de pays africains, une trentaine, interdisent l’homosexualité. Certains, comme le Niger ou le Kenya, envisagent même de renforcer la répression anti-LGBTQ.
Lire aussiLa Banque mondiale s’inquiète du niveau d’endettement des pays en développement
Le redressement des finances du Ghana, toujours en souffrance, est désormais suspendu par un jugement de la Cour suprême du pays. Elle a commencé à examiner la loi réprimant l’homosexualité votée en février. Si cette loi s’avère constitutionnelle, elle sera adoptée et le Ghana pourrait alors perdre le soutien de la Banque mondiale.
Les audiences prévues hier, mercredi 8 mai, devaient être retransmises en direct à la télévision. C’est dire à quel point ce débat passionne les Ghanéens à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en décembre.
Les juges ont finalement ajourné leurs travaux en demandant à l’un des plaignants, un journaliste qui contestait la loi, de réécrire sa copie, trop offensante et pas assez technique selon eux. Cette loi est très sévère : elle prévoit des peines allant jusqu’à cinq ans de prison à l’encontre des personnes LGBTQ, et également des peines de prison pour les proches qui ne dénonceraient pas ce choix sexuel.
La loi a été votée sans opposition des principaux partis, mais le président attend l’avis de la Cour suprême avant de la promulguer. Nana Akufo Ado redouble de prudence par crainte d’une réaction de la Banque mondiale.
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Exigences de la Banque mondiale
Accra n’a toujours pas résolu sa crise de la dette et a donc besoin de toute urgence de la Banque mondiale. Cependant, cette loi anti-gay n’est pas compatible avec les normes exigées par le propriétaire. La Banque mondiale a déjà suspendu ses paiements à deux reprises après l’adoption de textes condamnant l’homosexualité en Ouganda. En 2014, le gouvernement a rapidement fait marche arrière. Mais en 2023, le président Museveni approuve la nouvelle loi pénalisant l’homosexualité et refuse de reculer sous la pression de la banque.
Plan B
La Banque mondiale pourrait annuler le prêt de 3,8 milliards de dollars accordé au Ghana. Le FMI pourrait suivre. Il prévoit un autre financement de trois milliards de dollars. Enfin, Accra craint la réaction de ses partenaires européens. L’Allemagne a déjà fait savoir qu’elle désapprouvait cette loi. Lorsque la loi a été adoptée, le ministre ghanéen des Finances a averti les parlementaires du risque, leur conseillant de rechercher des financements alternatifs auprès des pays arabes ou de la Chine. C’est précisément ce que craint la Banque mondiale
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La Banque mondiale face à un dilemme
Soit elle transige sur ses valeurs pour assurer sa mission d’assistance aux États en détresse, soit elle reste fidèle à ses principes, mais risque alors d’être contournée et dépassée par les puissances du Sud. La position qu’elle adoptera au Ghana sera suivie de près sur tout le continent africain, à l’heure où les États africains peinent à accéder aux financements ; à l’heure où les dirigeants comme les populations sont de plus en plus exaspérés par les conditions imposées par les bailleurs occidentaux, parfois en opposition directe avec leurs valeurs. Une majorité de pays africains, une trentaine, interdisent l’homosexualité. Certains, comme le Niger ou le Kenya, envisagent même de renforcer la répression anti-LGBTQ.
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