L’opposition pro-européenne géorgienne, traditionnellement divisée, a fait un pas vers la formation d’un front commun lundi, alors même que le président du parlement a promulgué une loi sur “l’influence étrangère” qui, selon l’opposition, vise à museler.
La présidente du Parlement géorgien, Chavla Papouashvili, a promulgué dans la matinée ce texte qui a suscité dès début avril d’immenses manifestations dans la capitale Tbilissi et des critiques de la part des Occidentaux.
Inspirée d’une loi russe répressive, elle impose aux ONG et aux médias recevant au moins 20 % de leurs financements de l’étranger de s’enregistrer dans un délai de 60 jours comme « organisation servant les intérêts d’une puissance étrangère » et de se soumettre à un contrôle administratif accru.
L’Union européenne et les États-Unis ont averti que l’entrée en vigueur de cette législation éloignerait la Géorgie de son objectif constitutionnel d’adhésion à l’UE.
Le président du Parlement, membre du parti au pouvoir Rêve Géorgien, a encore rassuré lundi que le texte visait uniquement à “renforcer la solidité des systèmes sociaux, économiques et politiques géorgiens”.
Mais les ONG, les médias et les partis d’opposition sont convaincus que l’objectif est de les neutraliser, afin de saper les chances de l’opposition de remporter les élections législatives prévues fin octobre.
Le Rêve géorgien, tout en assurant vouloir atteindre l’objectif d’adhésion à l’Union européenne, a, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine, multiplié, selon ses détracteurs, les mesures écartant cette ancienne république soviétique de la voie européenne et le rapprochant de la Russie.
Juste avant l’adoption par le Parlement de la loi sur “l’influence étrangère”, le 28 mai, la présidente géorgienne pro-européenne, Salomé Zourabichvili, a appelé les partis d’opposition, habituellement divisés, à se rassembler autour d’une charte pour créer une “nouvelle réalité politique”. ».
– Appel à de vastes réformes –
La charte appelle à la formation d’un gouvernement multipartite de transition, pour engager de vastes réformes électorales, judiciaires et policières et annuler la loi sur “l’influence étrangère” ainsi que d’autres mesures jugées anti-européennes comme le rêve géorgien a été voté en dernières années. De nouvelles élections seraient alors organisées l’année prochaine.
Plusieurs partis ont “officiellement commencé à signer” la charte lundi, a indiqué à l’AFP la présidence.
Mme Zourabichvili a prononcé dans la soirée un discours devant les signataires : « Je pense que le choix est clair. C’est une question de survie, la survie de la voie européenne », leur a-t-elle dit.
Le site Internet de la présidence a publié des photos d’une vingtaine de parlementaires signant la charte.
Les débats sur la loi sur « l’influence étrangère » ont révélé de profondes divisions au sein de la population géorgienne. Si, à Tbilissi, les manifestations pro-européennes ont connu un grand succès, le fondateur du Rêve géorgien, l’oligarque Bidzina Ivanishvili, qui exerce en coulisses une grande influence sur la politique géorgienne, est vénéré dans certaines régions de ce pays.
Plusieurs sondages ont montré que la majorité de la population est favorable à l’adhésion à l’UE. La dernière, publiée en décembre par l’Institut national démocratique, pro-démocratie, indiquait que 79 % des Géorgiens soutenaient cet objectif.
Des ONG et des médias ont déjà annoncé leur intention de contester l’adoption de la loi devant la Cour constitutionnelle géorgienne – contrôlée par le Rêve géorgien – et la Cour européenne des droits de l’homme.
Plus de 200 ONG géorgiennes ont également annoncé qu’elles refuseraient de se conformer aux exigences d’enregistrement contenues dans ce texte législatif.
Des militants et journalistes géorgiens indépendants ont également accusé le gouvernement d’avoir orchestré une campagne de violence et d’intimidation contre les dirigeants d’ONG.
Le Premier ministre Irakli Kobakhidze, à l’origine de cette législation controversée, a accusé l’Occident de « chantage » et certains groupes de la société civile de tenter d’impliquer la Géorgie dans la guerre en Ukraine.
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