La Macronie majoritaire, Retailleau en tête d’affiche des LR… Les leçons du nouveau gouvernement Barnier

Le Premier ministre Michel Barnier a finalement remis son rapport samedi 21 septembre, après 16 jours d’attente. Pour la première fois depuis deux mois, la France sera dirigée par un gouvernement de plein exercice.

L’exécutif qui prendra ses fonctions entre dimanche et lundi est un mélange de différentes nuances de la droite, avec un clin d’œil à la gauche dans la personnalité de Didier Migaud, nommé à la Justice. Mais la force largement majoritaire au sein de ce gouvernement reste le camp d’Ensemble pour la République. Les différents partis du camp présidentiel sont présents en nombre, et placés dans des ministères de choix.

Sur les 39 ministres, ministres délégués et secrétaires d’Etat nommés ce week-end, 20 sont membres du parti de Macron, dont 12 directement issus des rangs du noyau dur, Ensemble pour la République (ex-Renaissance).

Cette force politique garde la main sur les ministères clés. Sébastien Lecornu est reconduit au ministère des Armées. Jean-Noël Barrot (Modem) récupère le portefeuille des Affaires étrangères, tandis que le député EPR Antoine Armand hérite de Bercy.

Bruno Retailleau à la pointe des Républicains

Michel Barnier a aussi puisé dans sa propre famille politique, Les Républicains. À commencer par le poste très stratégique de ministre de l’Intérieur. Ainsi, Gérald Darmanin cède la place à Bruno Retailleau, jusqu’ici président du groupe Les Républicains au Sénat. Un gain majeur pour le parti, qui ne compte plus que 41 sièges à l’Assemblée nationale depuis sa dissolution.

L’exécutif des Républicains est accompagné au sommet de l’exécutif par la numéro 2 du parti, Annie Genevard. Elle occupe désormais le poste très inconfortable de ministre de l’Agriculture, en pleine période de contestation des agriculteurs – une nomination immédiatement assortie d’un avertissement de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire.

Plus globalement, les LR obtiennent 3 ministres dits “à temps plein”, 2 postes de ministre délégué, et le plus grand nombre de secrétariats d’Etat, avec cinq portefeuilles. Laurent Wauquiez n’est pas présent dans ce gouvernement, comme il l’a lui-même annoncé jeudi, mais y place néanmoins quelques proches.

Un gouvernement si tôt menacé de censure

Michel Barnier prépare depuis deux semaines son équipe gouvernementale. Va-t-elle tenir aussi longtemps ? Plusieurs grands rendez-vous attendent le nouvel exécutif nommé, à commencer par le budget, dont le projet doit être déposé « au plus tard le premier mardi d’octobre », selon l’article 39 de la Constitution – avec une éventuelle prolongation au 9 octobre envisagée par Matignon.

Alors que les partis de gauche qui composent le Nouveau Front populaire avaient déjà annoncé leur intention de censurer le nouveau gouvernement, l’extrême droite avait dans un premier temps promis d’attendre. Mais ce samedi soir, les déclarations du camp de Jordan Bardella et Marine Le Pen laissent entrevoir une fin précoce pour l’équipe, déjà menacée de censure.

“Ce ‘nouveau’ gouvernement marque le retour du macronisme par une porte dérobée”, estime la présidente du RN, évoquant “un gouvernement qui n’a pas d’avenir”, sur X. De son côté, l’ancienne candidate à la présidentielle y voit un “gouvernement de transition”. Une référence à la censure, ou à l’attente d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale dans dix mois.

Un point d’accord entre le Rassemblement national et La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon ayant également appelé à “se débarrasser de ce gouvernement au plus vite”.

Article original publié sur BFMTV.com